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båtit en 1099. Il administrait lui-même le sacrement de Pénitence, et on remarque qu'il était fort sévère, surtout à l'égard de ceux qui tombaient dans l'impureté. Au reste, il avait beaucoup de charité, et on le vit souvent assister à la mort les criminels condamnés au dernier supplice.

L'assemblée de Rockingham, tenue au mois de Mars de l'année 1095, montra que les Saints ne sont point à l'abri des surprises. Osmond entra dans le parti de ceux qui par complaisance s'étaient déclarés contre saint Anselme (3); mais bientôt après il ouvrit les yeux, et pénétré d'un sincère repentir, il voulut recevoir l'absolution de saint Anselme lui-même. Il lui fut toujours depuis constamment attaché.

Son zèle pour la gloire de Dieu le porta à embellir plusieurs églises, et à faire diverses fondations. Il forma une riche bibliothèque pour l'usage des chanoines de sa cathédrale. Il ne mettait à la tête des paroisses que des pasteurs éclairés et vertueux, et il avait toujours auprès de sa personne des ecclésiastiques et des moines recommandables par leurs lumières et leur sainteté.

Guillaume-le-Conquérant avait conféré à des Normands les premières dignités de l'église d'Angleterre. Ceux-ci introduisirent leurs rites dans l'office divin, ce qui occasionna de la confusion en plusieurs endroits. Pour obvier à cet inconvénient, le saint évêque composa pour son église un missel, un bréviaire et un rituel. Il fixa les cérémonies où il y avait eu jusqu'alors beaucoup de variété, les copistes des livres qui les contenaient s'étant permis d'y faire des changemens à leur volonté. Par-là l'uniformité fut établie dans la célébration de l'office divin. Au reste, toutes les églises s'accordaient dans l'essentiel, et à l'exemple des pre

(3) Eadmer, Hist. Novor. l. 1, p. 4, et l. 2, p. 45; Concil. t. X, p. 494.

miers apôtres du pays, on faisait l'office en latín, ce qui s'observa jusqu'au règne d'Edouard VI (4). D'autres évêques anglais firent aussi des livres liturgiques, qui différaient en quelque chose de ceux de Sarum ou de Salisbury : mais les premiers eurent une telle approbation, que la plupart des diocèses d'Angleterre les adoptèrent (5) et les suivirent jusqu'au règne de la Reine Marie. Plusieurs ecclésiastiques obtinrent alors du cardinal Polus des permissions particulières pour dire le bréviaire romain, qui fut enfin reçu universellement (6). Saint Osmond composa encore une vie de saint Aldhelm. Il avait un tel amour pour les lettres, qu'il ne dédaignait pas, quoiqu'évêque, de copier et de relier des livres.

En travaillant au salut des âmes, il n'oubliait point sa propre sanctification. Mort au monde, il en fuyait tous les

(4) V. Johnson, Præf. sur les canons anglais, p. 17.

(5) Ceci se prouve par l'article 2 des Constitutions publiées en 1416, par Henri Chichley, archevêque de Cantorbéry. On lit aussi dans Hydgen, ad an. 1077, « que saint Osmond rédigea un ordinal,

qui fut pres31 que universellement reçu en Angleterre, en Irlande et dans le pays » de Galles. Cet ordinal, dit Johnson, t. II, ad an. 1416, était un » livre qui réduisait à une forme certaine toutes les différences, et qui » fixait ce qui avait été douteux jusqu'alors. » Le même auteur observe que c'est improprement qu'on a quelquefois appelé ce livre une nouvelle liturgie, l'introduction d'une nouvelle liturgie étant au-dessus du pouvoir d'un évêque. Saint Osmond fixa les rites qui étaient incertains, et suppléa à ce qui manquait aux rubriques propres à diriger dans la célébration de l'office divin. Il ajouta aussi dans son ordinal quelques prières particulières telles que celles qu'un évêque pouvait prescrire pour son diocèse. Ce droit fut depuis réservé au Pape pour conserver une plus grande uniformité.

Il y a dans la bibliothèque de l'abbaye de Jumièges en Normandie, un missel manuscrit de l'église des Anglo-Saxons. On voit, en examinant ce missel, qu'il a été pris de l'ancien romain.

(6) Légation. Card. Poli in Angliá Ms. in Bibl. Colleg. Angl. Duacens. 5 vol. in-fol.

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vices, et pratiquait la mortification des sens. Il mourut après une longue maladie dont il fit un saint usage, le 4 Décembre 1099. On l'enterra dans son église. On transféra depuis son corps dans la nouvelle cathédrale; et en 1457, on l'y déposa dans la chapelle de Notre-Dame. La belle châsse où il était renfermé fut pillée sous le règne de Henri VIII. On laissa ses ossemens dans la même chapelle, et ils y sont encore. Ils sont couverts d'une pierre de marbre, dont l'inscription ne marque que l'année de la mort du saint évêque. Il fut canonisé par Calixte III, en 1458.

Voyez Guillaume de Malmesbury, de Pont Angl. 1. 2, fol 142; Godwin, de Præsulibus Angliæ cum annot. per D. Richardum, t. 1, p. 337; Brompton, Chron. p. 976; Knygthon, 1. 2, p. 1351; Wavercienses Annales inter Hist. Angl. 5, Oxoniæ, an. 1099; Pierre de Blois, ep. 133, not. p. 737; Siméon de Durham, saint Anselme, 1. 3, ep. 30; Tanner Bibl. Brit. p. 515, Chron S. Crucis Edinburg. ap. Wharton in Angliá Sacrá, t. I, p. 156; Alford, Annal. an. 1091; l'Hist. Lit. de la France, t. VIII, p. 573.

+ S. ANNON, ARCHEVÊQUE DE COLOGNE.

L'AN 1075.

ANNON OU HANNO, issu d'une famille noble, avait embrassé, dans sa jeunesse, la carrière des armes. Mais son oncle, pieux chanoine de Bamberg, lui ayant fait sentir la vanité des biens et des honneurs de la terre, il renonça à son premier état, et prit la résolution de ne plus se vouer qu'aux choses du ciel, et d'embrasser la vie monastique.

L'Empereur Henri III, qui avait entendu parler des vertus et des connaissances de Annon le fit venir à sa cour, et le nomma quelque temps après prévôt de Goslar. Plus tard, le siége archiepiscopal de Cologne étant devenu va

cant, il lui conféra cette dignité, en 1056. Dans son humilité et sa piété, Annon n'ignorait pas quel grand fardeau il s'imposait, et il ne put s'empêcher de verser d'abondantes larmes, pendant la cérémonie de son sacre. Il chercha constamment au pied des autels cette assistance divine et cette consolation qui furent sa force et son soutien dans les temps difficiles où il vécut. Il secourait les pauvres par de fréquentes aumônes. Par ses jeûnes réitérés et austėres, par les ferventes prières auxquelles il se livrait nuit et jour, il donna à tous l'exemple d'une conduite chrétienne. Il n'était pas rare de le voir obéir sévèrement à un abbé de couvent, et exécuter ce qui lui avait été commandé. Voulant rétablir la discipline déchue, il fonda plusieurs couvens, tels que celui de Siegberg, sur la Sieg, celui de Saalfeld, sur la Saale, et celui de Grafschaft, en Westphalie, où il fit régner le véritable esprit de ces saintes institutions. Il érigea aussi à Cologne deux magnifiques abbayes, celles de Saint-George et de Saint-Adgrade. Des admonitions et des instructions fréquentes et pleines de chaleur étaient destinées à faire de ses fidèles de véritables disciples de Jésus-Christ.

Outre ces soins nombreux, plus d'une charge importante réclamait encore son attention. Pendant quelque temps l'éducation du jeune Empereur Henri IV, ainsi qu'une grande partie de l'administration de l'empire lui furent confiés (1). Mais ce fut avec un profond chagrin qu'il remar

(1) On connaît l'événement qui se passa près de l'île de Saint-Suitbert, aujourd'hui Kaiserswerth, où le jeune Roi Henri IV fut enlevé à sa mère, tandis qu'elle se rendait à Nimègue. L'archevêque avait fait descendre jusqu'à cette île un bâteau remarquable pour son travail et ses ornemens. On excita la curiosité de Henri à voir ce beau bâteau, qui était amarré sur le rivage. Mais à peine y fut-il entré que les bateliers firent force de rames pour s'éloigner, Les auteurs attribuent cette action de

qua que la barrière qu'il avait opposée, par ses exhortations et ses menaces, aux entreprises du Roi, était renversée, d'une main criminelle, par d'autres; que les désordres les plus révoltans se répandaient de plus en plus dans l'empire, et que le droit humain comme le droit divin étaient foulés aux pieds. C'était en général une époque orageuse. L'Eglise était partagée entre deux Papes; la division régnait dans les campagnes et dans les villes; la corruption s'était glissée même parmi les serviteurs du sanctuaire. Annon fit un voyage en Italie, pour y porter remède au mal; il fit tous ses efforts en Allemagne, pour prévenir la décadence de l'ordre et de la discipline, et se chargea de nouveau, quoiqu'à regret, et pour céder aux prières des princes, avec d'autres personnes de bonne volonté, de l'administration de l'empire, qu'on leur avait arrachée. Dès lors il fut mis un frein à la licence, et le droit et la justice régnèrent de nouveau. S'il s'élevait une dispute, le pacifique archevêque apparaissait toujours comme médiateur et réconciliateur; et quand il ne parvenait pas à empêcher des dissensions ou de sanglans démêlés, du moins il s'abstenait toujours d'y prendre part. Enfin, accablé par le chagrin que lui faisaient éprouver l'ordre et le droit foulés aux

Annon à divers motifs. Les uns disent que lui et les princes la commirent par ambition; les autres soutiennent qu'on voulait arracher par là le gouvernement des mains de l'Impératrice Agnès, soigner avec énergie les intérêts négligés de l'Allemagne, et donner au jeune prince une édu cation sévère. Il est probable que ce but aurait été atteint, si Adelbert, archevêque de Brème, homme excessivement ambitieux, ne se fût emparé du gouvernement. Car presque tous les auteurs contemporains s'accordent à dire qu'Annon, qui était un homme d'un caractère austère, ne travaillait qu'à modérer les passions de Henri et à accroitre la pros périté de l'empire. Voyez Lambertus Aschaff.; les lettres du B. Pierre Damien ; Baronius, Annal., an. 1062. Sur Adelbert de Brème lisez Adam de Brême, lib. 3, Aventinus, Annal.

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