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les temps orageux. Daniël consentit enfin aux instances. que lui fit l'Empereur Léon, de laisser couvrir d'un toit le haut de sa colonne. Des herbes sauvages et des racines insipides faisaient sa nourriture ordinaire : il jeûnait souvent plusieurs jours de suites sans rien manger. Dieu lui accorda le don de prophétie et celui des miracles. Les malades venaient en foule à sa colonne, et il les guérissait en leur imposant les mains, ou en les oignant avec l'huile des Saints, ce qui doit s'entendre de l'huile qu'on brûlait devant les reliques des Saints. Les instructions qu'il faisait à ceux qui le visitaient, opérèrent la conversion de plusieurs pécheurs. Ses paroles toutes de feu pénétraient les cœurs les plus endurcis; on ne pouvait résister à l'exemple de sa pénitence, et on s'empressait d'entrer dans la voie étroite de l'Évangile. Quelques personnes firent faire son image en argent, et la placèrent dans l'église de SaintMichel, peu éloignée de sa colonne.

Il prédit à Zénon que Dieu le délivrerait d'un grand danger, qu'il succéderait à Léon, son beau-père, qu'il serait quelque temps dépouillé de l'empire, mais qu'il le recouvrerait. Léon étant mort au mois de Janvier 474, Zénon fut proclamé Empereur. Il s'abandonna bientôt à toutes sortes de vices, comme si la dignité impériale l'eût autorisé à compter pour rien ce qui était condamné par les lois et par la vertu. Pendant les incursions des Huns dans la Thrace et des Arabes dans l'Orient, il acheva d'écraser ses sujets par les exactions les plus tyranniques. Ses brouilleries avec Vérine, sa belle-mère, le firent abandonner, et il se vit obligé de s'enfuir dans l'Isaurie où il était né, en 475, la seconde année de son règne.

Basilisque, frère de Vérine, s'empara du trône impérial. Il se conduisit lui-même en tyran, et prit hautement la protection des eutychiens. Non content d'avoir rétabli Timothée, surnommé Elure, Pierre le Foulon, et les prin

cipaux chefs de l'eutychianisme, il écrivit à tous les évêques une lettre circulaire, dans laquelle il ordonnait d'anathématiser et de brûler les actes du concile de Calcedoine, avec la lettre de saint Léon. Les évêques et les clercs devaient être déposés, s'ils refusaient de souscrire sa lettre, et s'ils osaient faire mention du concile de Calcédoine. La peine du bannissement était prononcée contre les moines et les laïcs qui se trouveraient dans le même cas.

Le Pape Simplicius condamna hautement la conduite de Basilisque (3). Il choisit pour légat Acace, patriarche de Constantinople, en lui enjoignant de s'opposer au rétablissement de Timothée à Alexandrie, et de maintenir, malgré la défense de l'Empereur, le respect dû aux décisions du concile de Calcedoine. Acace refusa de souscrire la lettre de Basilisque; il se revêtit d'un habit de deuil, et couvrit d'un voile noir la chaire et l'autel de son église. Il instruisit en même temps saint Daniël Stylite de ce qui s'était passé. Basilisque, de son côté, porta des plaintes au Saint contre le patriarche qu'il accusait de sédition. Daniël répondit que Dieu dépouillerait de la puissance souveraine le persécuteur de son Eglise, et il ajouta à cette menace plusieurs reproches sur l'impiété du prince. L'envoyé ne voulut point être porteur d'une telle réponse; il pria le Saint d'écrire à Basilisque, afin de lui remettre la lettre cachetée. Le patriarche, tant en son nom qu'en celui de plusieurs évêques qu'il avait assemblés, envoya deux fois conjurer Daniël avec les plus vives instances, de venir au secours de l'Eglise. Le Saint consentit, après beaucoup de résistance, à descendre de sa colonne, et vint à Constantinople. Le patriarche et les évêques l'y reçurent avec de grandes démonstrations de joie. Basilisque, effrayé

(3) Conc. t. IV, p. 1070; Simplic. ep. 4.

de la disposition où il voyait les esprits, se retira à Hebdomon, près de la ville. Le Saint l'y suivit : mais comme les plaies qu'il avait aux jambes et aux pieds l'empêchaient de marcher, on fut obligé de le porter, et un humble pénitent reçut en cette occasion l'honneur que le monde accordait aux consuls. Les gardes du palais refusèrent l'entrée à Daniël. Le Saint, secouant alors la poussière de ses pieds, retourna dans la ville. Basilisque, saisi de frayeur, alla lui-même trouver Daniël, il se jeta à ses pieds, demanda pardon, et promit d'annuler ses édits. Le Saint lui annonça que les coups de la colère divine allaient tomber sur lui; puis il dit à ceux qui étaient présens : « Cette hu» milité apparente n'est qu'un artifice pour cacher des projets de cruauté. Vous verrez bientôt éclater la puissance de Dieu qui renverse les grandeurs humaines. » Après avoir ainsi prédit la chute de Basilisque, et opéré divers miracles, il retourna sur sa colonne, où il continua de vivre.

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Cependant Timothée-Elure fut rétabli sur le siége d'Alexandrie, et Pierre le Foulon sur celui d'Antioche. L'eutychianisme soutenu et encouragé gagnait de toutes parts. Mais Zénon ayant rassemblé une armée en Isaurie, revint bientôt pour chasser l'usurpateur. Basilisque effrayé se retira dans l'église, mit sa couronne sur l'autel, et chercha un asyle dans le baptistère, avec sa femme et son fils. Zénon les relégua tous trois dans un château de la Cappadoce, et les y fit périr. L'Empereur n'eut pas plus tôt été rétabli sur le trône, qu'il alla visita Daniël. Notre Saint, qui était alors fort âgé, prédit sa mort. Il voulut qu'on mit par écrit les instructions qu'il laissait à ses disciples; il leur recommandait sur-tout de pratiquer l'humilité, l'obéissance, l'hospitalité, la mortification; d'aimer la pauvreté; de vivre dans la paix et dans l'union; de faire tous les jours de nouveaux progrès dans la charité; d'éviter les

piéges de l'hérésie; d'obéir à l'Eglise, la Mère commune des fidèles. Trois jours avant sa mort, il offrit le saint sacrifice à minuit, et eut une vision où les anges le consolèrent. Le patriarche Euphémius, qui l'assista dans ses derniers momens, le vit mourir sur sa colonne vers l'an 490, le 11 de Décembre, jour auquel il est nommé dans les calendriers des Grecs et des Latins.

Voyez sa vie, écrite avec exactitude dans le sixième siècle, et qui est cité par Jean Damascène. Il y a quelques altérations dans la même vie donnée par Métaphraste et Surius. Voyez aussi Théodore Lecteur, Evagre, Théophane, et Falconius, in Ephemerides Græco-Moschas, p. 43.

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SIDE DE NIVELLES,

L'AN 1231.

L'ANCIENNE abbaye de la Ramée fut fondée avant l'année 1200, dans un endroit nommé Kerkum ou Kerkem, dans la mayerie de Cumptich, près de Tirlemont : mais comme le nombre des religieuses augmentait de jour en jour, et qu'elles se trouvaient dans un lieu incommode, en ce qu'il manquait d'eau, elles firent bâtir un autre couvent, dans la paroisse de Jauchelette, dans un local qui leur avait été donné par Helwide, abbesse de Nivelles, et • Gerard, seigneur de Jauchelette, qui moururent l'un et l'autre vers l'année 1216.

C'est dans ce monastère que l'on célébrait, avec beaucoup de solennité, la mémoire de sainte Ide, née à Nivelles. Elle avait passé seize ans et neuf mois dans le cloître, et elle mourut en 1231, ayant atteint sa trente-deuxième année. Plusieurs auteurs s'étendent longuement sur les vertus de cette sainte vierge, qui servit son céleste Époux avec

une si éclatante pureté et un si grand esprit de pénitence, que la Sainte-Vierge et l'enfant Jésus daignèrent lui apparaître.

La bienheureuse Ide, native de Zout-Leeuw (Léau ), vécut aussi dans une grande sainteté dans la même maison et vers la même époque.

Voyez Molani Nat. SS. Belgii, p. 270; Raissii Auct. ad Nat. SS. Belgii, p. 374, et Wichmans, Brabantia Mariana, pp. 190-192.

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☛ LÊ B. THIERRI DE MUNSTER (1), récollet.

L'AN 1515.

THIERRI naquit à Munster, capitale de la Westphalie. Après avoir passé sa jeunesse dans la pratique des vertus et dans l'étude des sciences, il entra chez les pères Augustins, et y prononça ses vœux; mais quelque temps après, voulant imiter l'exemple de saint Antoine de Padoue, il quitta cet ordre, pour servir Dieu avec plus de perfection et dans une pauvreté plus rigoureuse, et se rendit au couvent des pères Récollets de la province de Basse-Allemagne. Ses grandes vertus, la sainteté de sa conduite, et les effets merveilleux qu'il opéra dans beaucoup d'âmes prouvèrent bientôt qu'il ne fallait pas attribuer ce changement à une légèreté de caractère, mais bien au grand zèle qui. l'animait pour la conversion des pécheurs.

Dans un temps d'ignorance il se montra véritable apôtre de la foi et zélé précepteur de la jeunesse dans la doctrine chrétienne. Par ses touchans sermons, il éclaira presque tous les Pays-Bas, tira du gouffre de leur corruption

(1) Ou d'Osnabruck, selon quelques auteurs, à cause de son lignage paternel.

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