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protestent avec chaleur de leur admiration, de leur estime et de leur amour, tant à cause de toute sa conduite en général, que par l'inébranlable fermeté avec laquelle il avait arrêté les impatientes sollicitations des chrétiens tombés, et s'était opposé à la présomption de quelques prêtres, qui de leur autorité privée les avaient reçus dans la communion de l'Eglise (6).

Saint Cyprien reçut aussi, peu de temps après, du clergé romain deux lettres pleines de douceur fraternelle et de dignité apostolique. Dans une lettre subséquente adressée au saint prélat, on lit entre autres : « Qu'il soit loin de l'E

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glise romaine de perdre ses droits par une lâche indul» gence, et de détruire la dignité de la foi en brisant les » liens de la sévérité. » Après avoir justifié par la force des circonstances la rigueur dont il usait dans ce moment, il ajoute: «Ranimons-nous, veillons sur nous, armons-nous

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réciproquement par la prière! Prions pour ceux qui » sont tombés, afin qu'ils se relèvent; pour ceux qui sont » debout, afin qu'ils ne se laissent pas entraîner à tomber ! » Prions pour que les tombés, apercevant l'énormité de » leur transgression, acquièrent la conviction qu'il ne leur » convient pas de solliciter un remède précipité. Qu'ils frappent à la porte, mais qu'ils ne la forcent pas ! Heu» reux s'ils savent donner de la modestie à leur prière, » de la pudeur à leurs sollicitations; s'ils savent pratiquer une humilité nécessaire et une patience active! Si le Seigneur est miséricordieux, en revanche il est sévère. » Il est écrit: Je vous ai remis tout ce que vous me de» viez, parce que vous m'en avez prie (7); mais il est » écrit aussi : Quiconque me renoncera devant les hom

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mes, je le renoncerai aussi moi-même devant mon Père,

qui est dans les cieux et devant ses saints anges (8). » Dieu a fait le ciel, mais il a fait aussi l'enfer (9).

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Enfin la liberté fut rendue à nos saints confesseurs. Mais quelques-uns eurent le malheur de se laisser séduire par les discours artificieux de Novat, le principal auteur du schisme formé par Novatien contre le saint Pape Corneille. Maxime, Nicostrate, Urbain, Sidoine et Macaire devinrent schismatiques. Moyse, qui resta constamment attaché à l'unité, fut arrêté de nouveau, et souffrit le martyre vers l'an 251. Il est nommé le 25 Novembre, dans le martyrologe romain.

Les confesseurs tombés dans le schisme ouvrirent enfin les yeux, d'après les lettres qu'ils reçurent de S. Denys d'Alexandrie et de saint Cyprien le dernier leur adressa son livre de l'Unité de l'Eglise, pour achever de les éclairer. Ils reconnurent leur faute, et obtinrent le pardon qu'ils sollicitaient, avec l'abolition de tout le passé. Le Pape Corneille convoqua son clergé, ainsi que cinq évêques présens à Rome, et l'on délibéra dans un concile sur leur demande en réadmission. On introduisit ensuite les confesseurs, qui étaient le prêtre Maxime, Urbain, Sidoine et Macaire, avec plusieurs autres qui s'étaient joints à eux; ils abjurèrent solennellement leur erreur, et demandèrent humblement leur pardon et l'oubli du passé.

Corneille fit part au peuple du retour des confesseurs, et aussitôt on vit accourir un grand nombre de frères en présence desquels les premiers s'exprimèrent en ces termes : « Nous savons que Corneille a été élu par Dieu et » par Jésus-Christ évêque de la sainte Eglise catholique.

(8) Matth. X, 33; Marc. VIII, 38, et IX. Luc. 26. (9) Epist. XXXI; Stolberg, loc. cit. 90 et 91.

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» Nous confessons notre erreur. On nous a trompés. Nous › avons été égarés par des paroles captieuses et perfides. Quoique nous parussions être en communion avec un » homme séparé de l'Eglise et répandant l'erreur, notre › cœur ne cessa jamais d'appartenir sincèrement à l'Eglise. › Car nous ne l'ignorons pas il n'y a qu'un Dieu, qu'un Rédempteur, que nous avons confessé, et qu'un EspritSaint, et qu'il ne peut y avoir qu'un évêque dans l'Eglise catholique.

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Tous les assistans furent touchés jusqu'aux larmes, ils rendirent grâces à Dieu et embrassèrent les confesseurs, comme s'ils n'eussent fait que sortir de leur prison dans ce moment là. Maxime reprit par ordre du Pape sa place parmi les prêtres, et la réception de tous les autres fut accompagnée des cris d'allégresse de tous les chrétiens (10).

Le Pape S. Corneille rapporte lui-même tout ceci dans une lettre qu'il chargea l'acolyte Nicéphore de porter à Carthage à saint Cyprien et à l'Eglise d'Afrique, pour leur apprendre cet heureux événement (11).

Les quatre confesseurs que nous avons nommés plus haut annoncèrent de leur côté à S. Cyprien, qu'ils étaient rentrés dans la communion de Corneille et de tout le clergé romain (12).

Le saint prélat exprime la joie que lui fit éprouver cette nouvelle dans une lettre adressée au Pape Corneille, et dans une autre lettre très-affectueuse aux confesseurs. On y lit entre autres : « Lors même qu'il semble y avoir de l'ivraie » dans l'Eglise, il ne faut pas que notre foi ni notre cha» rité en soient affectées au point de s'ébranler. Faisons

(10) Stolberg, loc. cit. 115 et 116.

(11) Epist. Cornelii ad Cyprian. XLVI. (12) Epist. L.

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nos efforts pour devenir du froment pur. L'Apôtre dit :

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» Dans une grande maison il n'y a pas seulement des vases d'or et d'argent, mais aussi de bois et d'argile; uns servent à un usage honorable, les autres à une fin » honteuse. Appliquons tous nos soins, mes très-chers frères, à devenir des vases d'or ou d'argent! Il n'appar» tient de casser les vases de terre qu'au maître qui a » reçu une verge de fer. Que nul n'ose ce qui ne fut donné » qu'au Fils par le Père, ni ne s'imagine pouvoir s'emparer du van dans l'aire pour purifier le grain, ou séparer » selon les lumières de son intelligence humaine l'ivraie du froment. Cet orgueilleux entêtement et cette crimi» nelle audace n'appartiennent qu'à un zèle insensé. C'est » pourquoi, portant nos regards sur les voies du Seigneur, » et considérant la clémence et la miséricorde de Dieu nous aussi, après avoir tout mûrement pesé, nous avons » observé entre nous la mesure qui convient (13). » Leur conversion fut un grand sujet de joie pour S. Cyprien et le saint Pape Corneille. On croit que Maxime remporta la couronne du martyre, et que c'est de lui que parle le martyrologe romain sous le 19 Novembre. Quant à Urbain, Sidoine et Macaire, on ne sait ce qu'ils devinrent après leur réunion à l'Eglise.

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Voyez leurs lettres, avec celles de S. Cyprien et de S. Corneille, in Op. S. Cypr., et Tillemont, t. III et IV de ses mémoires pour l'histoire ecclésiastique; Stolberg, Gesch. der Rel. Jesus IX, 86 sqq.

(13) Stolberg, loc. cit. 117 et 118.

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+ S. FINTAN, RELIGIEUX DE L'ORDRE DE S. BENOÎT,

ET HERMITE.

L'AN 878.

CE Saint, de même que les deux autres du même nom dont nous avons déjà parlé, était Irlandais de naissance, de la province de Leinster. Né d'une famille noble en 800 (1), il passa ses premières années dans l'innocence, sous les yeux de ses pieux parens. Quand il eut atteint l'âge de l'adolescence, et qu'il se fut fortifié dans la foi et préparé à supporter les maux de la vie, des malheurs de divers genres ne tardèrent pas à l'atteindre. Il avait une sœur du même âge et aussi pieuse que lui; elle tomba dans la captivité des Normands, qui ravagèrent si souvent l'Angleterre et l'Irlande. Les parens affligés excitèrent par leurs larmes le généreux jeune homme à entreprendre quelque action héroïque : Fintan partit accompagné d'un interprète, pénétra, avec une rançon considérable, dans les hordes sauvages des ennemis, qui l'arrêtèrent et le transportèrent chargé de fers dans le vaisseau le plus proche, où il passa misérablement un jour et une nuit, sans recevoir aucune nourriture. Dieu cependant toucha le cœur de ses ennemis, qui renvoyèrent le jeune homme avec sa

sœur.

Peu de temps après, les Normands firent de nouvelles incursions en Irlande, et notre Saint n'échappa à la mort

(1) L'exactitude de cette date résulte d'anciennes inscriptions, d'après lesquelles ce fut à l'âge de 51 ans que le Saint prit l'habit au monastère de Rheinau, en Suisse. Nous avons déjà parlé des deux autres Fintan, sous le 17 Février et le 21 Octobre.

T. XVIII.

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