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Saint. Lorsqu'en 925 le monastère fut réduit en cendres, par suite des ravages des Hongrois, ce culte fut interrompu pendant quelque temps, jusqu'à ce que S. Conrad, évêque de Constance, le rétablit vers l'an 934. Cette abbaye acquit beaucoup d'éclat au onzième siècle, et saint Fintan fut canonisé par le Saint-Siége, avec Meinrad, Othmar (8), Weibrath (Wiborada) et d'autres. Vers le même temps on composa un office particulier en son honneur, que l'on récite encore aujourd'hui, et depuis sa fête fut solennellement célébrée tant à Rheinau que dans les abbayes de Schaffhouse, Zwiefalten, Reichenau, Zurzach et SaintGall. Son nom se trouve dans plusieurs martyrologes.

On croit que la vie de saint Fintan fut écrite par un auteur contemporain. (V. Mabillon, Goldast. Le Cointe etc.) Après lui, plusieurs savans ont célébré sa mémoire, entre autres l'abbé Roman Effinger, et le père Déodat Müller, tous deux Bénédictins de Rheinau. La dernière biographie du Saint a pareillement pour auteur un religieux de cette maison; elle est intitulée : Der heilige Fintan, ein Muster der christlichen Vollkommenheit etc. 1793. Cet ouvrage est écrit avec beaucoup de soin, mais le style en est diffus et affecté. Nous l'avons généralement suivi pour notre esquisse.

(8) Nous n'avons pas cependant de preuve authentique de la canonisation de S. Othmar par le Saint-Siége.

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+ S. MERCURE, MARTYR DE CÉSARÉE EN CAPPADOCE.

Vers l'an 259.

Le nom de ce Saint est célèbre dans les annales de l'Eglise de Cappadoce. Il était fils d'un officier d'armée, qui était de la Scythie, province de l'empire romain. A l'exemple de son père, il suivit la profession des armes, s'éleva, par sa valeur, jusqu'au commandement des troupes, et y acquit de la réputation. Accusé de christianisme devant l'Empereur Dèce, il reçut à Césarée, en Cappadoce, une couronne bien plus glorieuse que celle qu'il aurait pu remporter par les exploits les plus éclatans. Quelques-uns mettent sa mort à l'an 250 ou 251, du vivant de Dèce; mais Baillet (1) doute s'il n'aurait pas plutôt souffert sous l'Empereur Valérien, vers l'an 259.

Les Grecs honorent sa mémoire le 25 Novembre, quoiqu'on voie son nom au 24 dans quelques-uns de leurs ménologes. Sa fête était chez eux fort célèbre, avant qu'on n'y eût connaissance de sainte Catherine; et on lui avait destiné le principal office du jour; mais il n'y tient plus que le second rang, depuis le neuvième ou le dixième siècle.

Les Grecs rapportent des choses fort extraordinaires de ce marlyr : nous nous contenterons d'en rapporter une seule, parce qu'elle a beaucoup contribué à l'éclat de son culte dans tout l'Orient. C'est une vision que l'on attribue à saint Basile-le-Grand, lorsqu'il n'était encore que prêtre. Si l'on en croit Jean Malela d'Antioche, qui vivait à la fin

(1) Vies des Saints, sous le 25 Novembre.

du sixième siècle, et la chronique pascale (2), qui est l'ouvrage de plusieurs auteurs anciens, S. Basile vit en songe les cieux ouverts, la nuit même que mourut l'Empereur Julien l'Apostat. Jésus-Christ lui parut assis sur un trône, et saint Mercure debout auprès de lui, vêtu d'une cuirasse. Il lui sembla entendre Jésus-Christ qui commandait à saint Mercure d'aller tuer Julien, l'ennemi des chrétiens. A cet ordre, Mercure disparut de devant ses yeux; et peu de temps après il le vit paraître de nouveau, s'écriant que Julien était tué selon les ordres qu'il en avait reçus (3). Ce fait, quoique accompagné de deux circonstances fausses, qui sont que Basile aurait été évêque alors et que Julien aurait été tué la nuit, est déjà très-suspect par le silence de S. Basile lui-même et celui de S. Grégoire de Nazianze. Les Russes honorent aussi un S. Mercure, à qui ils attribuent une défaite des Tartares (4).

L'Église latine a connu et honoré pendant long-temps des martyrs du nom de Mercure; mais nous ne savons pas si celui de Cappadoce a été de ce nombre; il ne fut introduit dans le martyrologe romain que plus tard, quoiqu'il ne laissât pas d'être connu en Occident long-temps auparavant. L'église de Mayence célèbre sa mémoire le 25 Novembre, et il se trouve dans son proprium une leçon particulière pour lui, dans laquelle, on ne sait pour quel motif il est ajouté foi à la tradition de la vision de S. Basile.

Voyez Baillet, sous le 25 Novembre. L'histoire de S. Mercure, telle que la racontent les Grecs, est entremêlée de beaucoup de fables.

(2) Voyez Pagi, ad ann. 363, § 4, et Chronicon pascale, an. 363, édition de Ducange.

(3) Voyez Hermant, Vie de S. Basile, II, 224; Baronius, ad an. 363, § 56; Tillemont, Hist. des Empereurs, IV, 549-700; le Bollandiste Baertius, t. II Junii, p. 914.

(4) Bolland. die 14 Junii, p. 914.

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26 Novembre.

S. PIERRE, ÉVÊQUE D'ALEXANDRIE, MARTYR.

Tiré d'Eusèbe, de Théodoret, etc. Voyez Tillemont, t. V; Ceillier, t. IV, p. 17; Orsi, t. IV,

L'AN 311.

1. 10.

EUSEBE (1) appelle saint Pierre d'Alexandrie l'excellent docteur de la religion chrétienne, le principal et le divin ornement des évêques ; il nous apprend qu'il se rendit admirable par sa vertu, par l'étendue de son savoir, et par une profonde connaissance des saintes Ecritures.

Pierre fut placé sur le siége d'Alexandrie, après la mort de Théonas, arrivée en 300; il gouverna son église avec une éminente sainteté, et montra autant de courage que de prudence pendant la violente persécution de Dioclétien et de ses successeurs. Plus le danger était grand, plus il faisait paraître de ferveur et de zèle pour les saintes rigueurs de la pénitence. Ainsi la persécution qui effraya plusieurs évêques et plusieurs ministres inférieurs de l'Eglise, ne diminua rien de son attention à veiller sur son troupeau; elle ne fit que rendre sa charité plus active et plus généreuse. Il priait sans cesse et pour lui et pour les âmes confiées à ses soins. Il exhortait les fidèles à mourir tous les jours à leurs passions, afin de se disposer à mourir pour Jésus-Christ. Par ses paroles et ses exemples, il consolait et fortifiait les confesseurs ; il fut le père de plusieurs martyrs, qui scellèrent leur foi par l'effusion de leur sang. Sa sollicitude embrassait toutes les églises de l'Egypte,

(1) Hist. 1. 9, c. 10.

de la Thébaïde (2) et de la Lybie, qui étaient sous sa juridiction.

Mais malgré le zèle et les soins du saint évêque d'Alexandrie, il se trouva des chrétiens dans lesquels l'amour du monde prévalut, et qui trahirent lâchement leur religion, pour échapper aux tourmens et à la mort. Quelques-uns combattirent d'abord avec courage, et souffrirent de cruelles tortures; mais ils cédèrent à la fin. D'autres, qui avaient enduré les rigueurs de la prison, se laissèrent effrayer à la vue des supplices, et reculèrent honteusement. Ceux-ci se présentèrent eux-mêmes à l'ennemi, et cédèrent ensuite la victoire. Ceux-là, pour pallier leur apostasie, envoyèrent des païens sacrifier en leur nom, ou prirent des billets des magistrats, portant qu'ils avaient sacrifié, quoiqu'ils ne l'eussent pas fait. La plupart de ceux qui étaient tombés, rentrèrent depuis en eux-mêmes; le saint évêque, dans son épître canonique (3), distingua les différentes espèces d'apostasie, et imposa une pénitence pour chacune.

Mais de tous les apostats, aucun ne scandalisa plus l'Eglise, que Mélèce de Lycopolis, dans la Thébaïde. Quoiqu'il se fût déjà rendu coupable de divers crimes, on ne pensa pour lors qu'à son apostasie. Saint Pierre crut devoir assembler un concile. Mélèce y ayant été convaincu d'avoir apostasié et d'avoir commis d'autres crimes, fut déposé. Le coupable, loin de se soumettre avec humilité, et de chercher à rentrer en grâce par un repentir sincère, se mit à la tête d'un parti de mécontens, propres à seconder ses vues. Pour justifier sa révolte, et pour en imposer au public, il affecta un grand zèle pour la discipline; il publia diverses calomnies contre l'évêque d'Alexandrie

(2) Ou Haute-Égypte.

(3) Ap. Beverigde inter canones ecclesiæ Græcæ. Item Labbe, Conc. t. I.

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