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de pécheurs revenir sincèrement à Dieu, et de renouveler la face du christianisme par-tout où il exerçait son zèle. Pour rendre les conversions solides, il exhortait les pénitens à éviter toutes les occasions du péché, à s'affermir dans la pratique des bonnes œuvres, et à faire fructifier les semences de piété que la grâce avait fait germer dans leurs âmes. L'onction avecla quelle il expliquait les maximes les plus austères de l'Evangile les faisait paraître aimables, même aux Mahométans. Il prêcha près de vingt ans dans la Crète, et rétablit l'ordre dans toutes les églises de cette île. Il passa ensuite en Europe, et annonça l'Evangile dans le Péloponèse, l'Achaïe, l'Epire et les autres contrées de la Grèce. Il mourut dans un monastère du Péloponése, en 998. Son nom se trouve en ce jour dans les calendriers grecs et latins.

Voyez sa vie authentique, que Baronius a donnée en abrégé dans ses Annales, tome X; D. Martène l'a publiée en entier, Ampliss. Collect. Scrip., t. VI, p. 838.

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S. SILVESTRE GOZZOLINI, ABBÉ D'OSIMO, INSTITUTEUR

DES SILVESTRINS.

L'AN 1267.

SAINT SILVESTRE naquit en 1177 à Osimo ou Osmo, environ à quatorze milles de Lorette. Il étudia le droit et la théologie à Bologne et à Padoue. Devenu chanoine d'Osimo, il ne connut plus d'autre occupation que la prière, les lectures pieuses, et l'instruction du prochain. Le zèle avec lequel il s'élevait contre le vice, lui suscita des ennemis. Son propre évêque, qu'il avait averti de quelques négligences, devint son persécuteur : ces épreuves ne servirent qu'à purifier son cœur, et le disposèrent à recevoir

de nouvelles grâces. La vue du cadavre d'un homme qu'on avait admiré pour sa beauté, acheva de le détacher du monde. Il partit secrètement d'Osimo, et se retira dans un désert situé à trente milles de cette ville. Il avait alors quarante ans. Quelques personnes pieuses s'étant retirées auprès de lui, il bâtit, en 1231, le monastère de MonteFano, à deux milles de Fabriano, dans la Marche d'Ancône. Il prescrivit à ses disciples la règle de saint Benoît dans toute sa pureté. Ce ne fut qu'en 1248, que le Pape Innocent IV approuva le nouvel institut. L'ordre des Silvestrins se propagea en peu de temps, et il avait vingtcinq maisons en Italie, lorsqu'il perdit son bienheureux père. Saint Silvestre mourut le 26 Novembre 1267, à l'âge de 90 ans. Ses enfans furent les héritiers de son amour pour la pénitence et la prière. Il s'opéra plusieurs miracles à son tombeau. On lit son nom en ce jour dans le martyrologe romain.

Voyez sa vie par Fabrini, quatrième général de l'ordre des Sylvestrins, dans le Breve Chron. della congr. de monachi Silvestrini, et Hélyot, Hist. des ordres relig. t. VI, pag. 170.

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+ S. OTHMAR, ABBÉ DE SAINT-GALL EN SUISSE.

L'AN 759.

APRÈS la mort de saint Gall, ses disciples demeurèrent réunis dans la cellule qu'il avait bâtie, continuèrent comme auparavant le service divin, formèrent à la vertu les pieux pélerins qui venaient visiter le tombeau du saint abbé, et suivirent en tout la règle de saint Colomban, réunissant la prière avec le travail des mains et la lecture avec l'enseignement. L'un d'entre eux était préposé à toute la com

munauté et portait le nom de sacristain ou de curé (pastor); leur habitation fut appelée du nom de leur bienheureux maître, cellule de Saint-Gall. Saint Magnus fut le premier successeur de saint Gall; mais il n'y resta pas long-temps, et partit pour aller prêcher l'Evangile aux Souabes : il eut pour successeur le diacre Etienne et le prêtre Magulfe (1), sous lesquels le bruit des miracles de saint Gall se répandit dans presque toute l'Allemagne. Les dons y affluaient de toutes parts, du Brisgau (2), de la Souabe (3) et même ceux de Godefroi (4), duc des Allemans. Malgré ces abondantes ressources l'institution ne put s'accroître considérablement, parce que la Thurgovie était trop souvent affligée du fléau de la guerre.

Lorsqu'après le meurtre du Roi Dagobert II, la Thurgovie et l'Austrasie refusèrent de reconnaître le maire du palais, Ebroïn, comme régent, celui-ci, au rapport de Walafride Strabon, entra en 680 avec une armée dans ce pays, ravagea tout sur son passage, massacra les hommes et emmena les femmes et les enfans en servitude. Un grand nombre, pour échapper à la fureur d'Ebroïn, pénétrèrent dans la solitude; les ennemis les y suivirent et arrivèrent jusqu'à la cellule de Saint-Gall, où ils dépouillèrent les religieux; ils découvrirent une fosse où les Ar

(1) Ce dernier est mentionné dans plusieurs actes sous le nom de Magulfus, presbyter et pastor S. Galluni.

(2) En 670, Ebon donna à cette communauté beaucoup de terres, des vignobles et même des serfs à Bötzingen, Laufen, Bottingen et une partie de l'église de Röteln. Voir Ildefonse d'Arx, Geschichte von saint Gallen, I, 21.

(3) Aloin donna en 680 à la cellule de Saint-Gall plusieurs terres situées à Otterschwang ( Aihorinswanc) et à Greisbeuren sur la Schuss (Gundlihespuria). Ibid.

(4) Goldast, Rerum Allem, script. tome I.

boniens avaient réfugié ce qu'ils avaient de précieux, ils ouvrirent le tombeau du saint abbé et en jetèrent le corps.

Boso, successeur de Jean sur le siége épiscopal de Constance, informé de ces tristes événemens, se rendit en hâte à la cellule, enterra de nouveau le corps du Saint et fournit aux religieux délaissés quelques objets d'habillemens.

En 709, année où Pépin d'Héristall était en guerre avec les fils de Godefroi d'Allemanie, les Francs visitèrent de nouveau la cellule de Saint-Gall et en emmenèrent tous les habitans comme esclaves.

Victor, comte de Rhétie, se disposait à y faire une troisième incursion; poussé par une piété mal entendue, il voulait enlever le corps de saint Gall, afin d'attirer par là les pèlerins dans son pays; mais des mesures convenables, prises à temps, firent échouer son projet.

Notre Saint, qui était un des disciples de saint Gall, commença vers cette époque, à se faire connaître davantage.

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S. Othmar ou Audomar était du pays des Allemans que l'on a depuis appelé la Souabe. Il avait un frère aîné, qui le mena dès son enfance à Coire, ville principale d'une partie de la Rhétie, et le mit au service du comte Victor (5). Comme il avait beaucoup de dispositions pour les sciences, le comte lui permit de s'appliquer à les étudier. Ce fut peut-être à cette époque qu'il s'attacha à S. Gall, à moins qu'on ne l'ait appelé son disciple, parce que dans la suite il lui succéda comme supérieur de sa communauté. Ayant les mœurs fort réglées et toutes les inclinations portées à la vertu, il fit des progrès étonnans dans la voie de la perfection, et fut bientôt jugé digne du sacerdoce.

(5) D'Arx présume que celui-ci n'est pas le même que le comte Victor qui voulait enlever les reliques de S. Gall.

Le comte Victor, qui tenait fort à cœur de posséder un homme si précieux et si vertueux, lui fit donner en 720 la cure de Saint-Florin à Ramunsch ou Remosch, au pays des Grisons; il y édifia son église autant par son instruction que par son exemple, et on y vit mûrir en peu de temps des fruits magnifiques de vertu, et d'autant plus durables, qu'ils avaient été cultivés avec pureté, désintéressement et charité.

Le mérite d'un pasteur aussi éclairé ne pouvait rester long-temps ignoré. Un gentilhomme du voisinage, nommé Waltram (6), ou Gaudran, qui avait hérité la grande solitude située entre les diocèses de Coire et de Constance, que l'on appelait Thurgovie et où se trouvait l'hermitage de Saint-Gall, entendit parler avec beaucoup d'éloge du serviteur de Dieu. Dans le dessein, maintenant que les incursions avaient cessé, de faire un meilleur usage des quêtes et aumônes des fidèles, qui se faisaient au tombeau de saint Gall, et de fonder au lieu de cet hermitage un monastère plus régulier, il eut la pensée d'attirer le prêtre Othmar, persuadé qu'il serait très-propre à faire réussir son entreprise. Le comte Victor y donna les mains, Othmar y consentit également, dans la vue de parvenir à une plus grande perfection.

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Waltram, pour mieux affermir l'ouvrage de piété qu'il entreprenait, alla trouver Charles-Martel, et lui céda la propriété de l'Hermitage, en le priant d'en donner l'administration au prêtre Othmar. Charles agréa cette propo

(6) Waltram porte dans les actes le titre de tribunus (juge criminel). La contrée de Hefenhofen porta encore long-temps après lui le nom de Waltramshuntar, Centena Waltrami. Voyez Ildefonse d'Arx, loc. cit. p. 23. Rotmonten doit avoir appartenu à ce comte, puisqu'il a échangé son nom contre celui de Waltramsberg. En 779, sa fille Waldrade fit don à Saint-Gall de quelques terres de Romïshorn.

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