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voyons pas pourquoi les évêques démissionnaires abandonneroient leurs principes dans un moment où ces principes sont si favorables à une conciliation générale, et où l'on n'a rien à exiger d'eux. Les évêques non-démissionnaires, qui ont constamment professé un respect profond pour le Saint-Siége et un éloignement très-prononcé pour toute espèce de schisme, n'ont aucun intérêt à attirer à eux des évêques qui, en suivant une autre conduite, ont agi aussi d'après leur conscience, et ont cru faire le bien de l'Eglise. La divergence de leurs opinions n'empêche pas que chacun n'ait suivi des motifs fort respectables. Au surplus, cette divergence va cesser. Le souverain Pontife, le corps épiscopal, le Roi n'ont tous qu'un intérêt et qu'un but, celui de la concorde et de l'union. Les prétentions réciproques disparoîtront devant ce but important, et la paix de l'Eglise et des consciences sera assurée.

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Nous n'avons point parlé des évêques des pays réunis. Il y avoit 24 siéges en tout. Dix titulaires étoient morts; savoir le prince Maximilien d'Autriche, archevêque de Cologne; C. F. de Nellis, évêque d'Anvers; F. M. de Lobkowitz, évêque de Gand; Ant. Brenart, évêque de Bruges; A. L. de Lichtervelde, évêque de Namur; J. C. V. Giovio, archevêque d'Avignon; L. J. C. de la Baume, évêque de Cavaillon; N. J. B. de Monfaucon, archevêque de Monstier en Tarentaise; C. J. de Brichanteaux, évêque de SaintJean de Maurienne, et M. Conseil, évêque de Chambéry. Un, G. F. de Salm, évêque de Tournay, avoit été transféré à Prague, en 1794. Les treize autres titulaires donnèrent tous leur démission. C'étoient le cardinal de Frankenberg, archevêque de Malines;

F. C. J. d'Erthal, archevêque de Mayence, et eu même temps évêque de Worms; Clément Winceslas, prince de Saxe, électeur de Trèves; C. A. d'Alberg, évêque d'Ypres; S. B. R. Van Velde de Melroi, évêque de Ruremonde; N. de Walderdoff, évêque de Spire; F. X. de Neveu, évêque de Bâle; J. M. Paget, évê-. que de Genève; C. E. de Valpergue, évêque de Nice; J. de Béni, évêque de Carpentras; E. A. de Beaumont, évêque de Vaison, et F. A. M. C. de Beaurieux, évêque de Liége. On dit que ce dernier prélat fut le seul qui montra d'abord quelque éloignement pour la démission; mais il est certain qu'il l'a donnée depuis. Ainsi nul évêque étranger ne l'a refusée.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. On a publié ici la pièce suivante: «Lorsque Sa Sainteté, par une disposition admirable de la Providence divine, rentra dans les domaines pontificaux, deux sentimens opposés agitoient son cœur paternel. Elle éprouvoit le plus vif contentement en se rendant au milieu de ses bons et fidèles sujets, qui avoient pleuré sur son éloignement, et qui, malgré tous les désagrémens et les dangers de la persécution, s'étoient maintenus dans leur fidélité, et faisoient pour cette raison sa joie et sa couronne. Cependant la satisfaction que S. S. en éprouvoit étoit amèrement altérée par la triste idée que plusieurs de ses fils, se ployant les uns par perversité, les autres par foiblesse, au systême réprouvé du délire qui vient de cesser, s'étoient rendus désobéissans ank instructions et aux avis du chef visible de l'Eglise, et infidèles à leur devoir envers leur légitime souverain. La justice exigeoit que ces fautes fussent punies; mais la pié élevant plus haut sa puissante voix, suspendit, pour

les raisons ci-dessus énoncées, la rigueur des peines afflic tives qu'elles avoient méritées, même celle de l'arrestation, et décida le saint Père à se contenter de paroître simplement désapprouver la conduite de ceux qui avoient été égarés, bornant les mesures à prendre, et sur lesquelles elle insiste par rapport aux ecclésiastiques coupables de la même désobéissance et de la même infidélité, à l'exercice des salutaires remèdes prescrits par les lois canoniques, Ce tendre père trouve dans son coeur même la défense de ses fils coupables. S. S. considéra, dès le principe, qu'à la réserve de quelques-uns qui le devinrent par une formelle dépravation de sentimens, les autres furent entraînés à l'erreur, ou par de conseils coupables, ou par la menace de malheurs qui les ruineroient, ou par l'horrible perspective de la misère; et ces considérations, qui tempéroient en quelque partie son affliction, le déterminèrent à leur faire éprouver, après une courte, mais nécessaire mortification filiale, les traits plus particuliers et plus manifestes de sa paternelle indulgence.

Sa Sainteté cependant ne pouvant plus résister aux impulsions de son coeur compatissant, pardonne généreusement par le présent indult, qui aura son effet tant à Rome que dans tous ses Etats, à tous ses sujets, et leur remet toute peine corporelle quelconque qu'ils auroient encourue à titre d'infidélité et de désobéissance, dans le temps du gouvernement usurpateur qui vient de cesser. Le S. P. entend de rendre cette grâce et ce bienfait communs à ceux qui, d'une manière bien plus funeste, so sont, par une conduite repréhensible, distingués et beaucoup plus compromis que les autres, se réservant seulement à leur égard, ces mesures nécessaires dans tout gouvernement bien ordonné, pour assurer la tranquillité publique, et même pour leur propre sûreté personnelle.

Quant ensuite aux charges et aux emplois, S. S. conciliant les devoirs de la justice avec ceux de l'équité, tandis qu'elle veut absolument qu'on ait toujours une préférence spéciale pour ses bons et fidèles sujets, et sur

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tout pour ceux qui ont tout sacrifié à la seule fin de se maintenir fermes dans les vrais principes de la religion, et dans leurs justes devoirs envers le souverain, n'entend pas exclure de sa clémence ceux qui, bien qu'ils aient fait quelque manquement à cet égard, n'ont pas récidivé, parce que les emplois qu'ils remplissoient n'étoient pas de ceux qui étoient expressément défendus, et parce qu'ils les ont exercés honnêtement, le degré de leur faute est moindre. S. S. se réserve de faire passer aux chefs des départemens respectifs les instructions nécessaires à cet égard.

S. S. a la confiance que chacun de ceux dont il s'agit dans la présente notification, voudra, indépendamment de ce qu'il doit faire pour tranquilliser sa conscience, s'il ne l'a pas encore fait, correspondre à cet acte signalé d'une souveraine indulgence, par un repentir sincère et par une conduite exemplaire sous tous les rapports religieux et civils; que si quelqu'un d'eux se laissoit aller à une nouvelle faute du même genre, ou d'une espèce analogue, il doit être convaincu par lui-même que les bienfaisans effets de ce pardon gracieux cesseroient pour lui; que ses égaremens passés viendroient même se réunir à sa charge avec les nouveaux, et qu'il ne pourroit pas échapper à la sévérité du châtiment qu'il méri teroit.

Donné à Rome pour la secrétairerie d'Etat, le 27 juillet 1814.

Signé, B. cardinal PACCA, camerlingue de la sainte Eglise, et pro-secrétaire d'Etat, en l'absence du cardinal Consalvi.

-S. S. a ordonné aux acquéreurs d'églises ou de couvens, de restituer ces édifices, qui doivent être rendus à leur destination primitive. On les indemnisera lorsque les finances de l'Etat le permettront.

PARIS. S. E. Mr. le cardinal Consalvi s'est mis en route pour Vienne le 19 août. S. Em. se rend au congrès, comme uous l'avions annoncé. Mr. Mazio l'accompagne.

Le 2 septembre prochain, on célébrera, dans l'é» glise des Carmes de la rue de Vaugirard, un service pour les évêques, prêtres et autres victimes, massacrées en ce lieu, à pareille époque, il y a 22 ans. On sait que cette église a été achetée et réparée par Mme. de Soyecourt, religieuse carmelite, qui y a réuni plusieurs de ses com. pagnes, et qui y pratique avec elles les règles de leur respectable institut. Cette vertuense dame a eu aussi sa part des dernières persécutions. Elle fut exilée à Guise, il y a trois ans, à l'occasion du bref adressé au cardinal Maury. Rendue à son oratoire, elle y a rétabli les offices de l'Eglise. On ne doute pas que l'époque mémorable qu'elle se propose de célébrer, n'attire beaucoup de personnes pieuses, qui viendront prier sur le lieu même où de généreux confesseurs ont versé leur sang. Un ecclésiastique distingué par ses talens, M. l'abbé Duval, prononcera un discours analogue à l'objet de la cérémonie.

- On dit que M. l'abbé des Gallois de la Tour, qui avoit été désigné, avant la révolution, pour remplir le siége épiscopal qu'on se proposoit d'ériger à Moulins et qui est récemment arrivé d'Angleterre, est chargé par le Roi d'aller à Trieste, pour y prendre et ramener en France les dépouilles mortelles de MMmes. Adélaïde et Victoire de France, tantes de S. M. On sait que ces Princesses, ayant quitté la France en février 1791, se retirèrent à Rome, d'où elles se rendirent à Naples en 1796. Elles habitèrent le château de Caserte jusqu'au 23 décembre 1798, que les progrès des François dans le midi de l'Italie les forcèrent de quitter ce séjour. Elles errèrent quelque temps, et firent demander à l'amiral russe Outschacoff d'être reçues sur sa flotte. Mais elles ne purent être arrivées à temps. Elles s'embarquèrent, à Bari, sur une misérable tartane, et passèrent, le 5 mars, sur une frégate dépêchée par l'amiral russe pour les recevoir. Elles séjournèrent quelque temps à Corfou, où ой on leur rendit de grands honneurs. Le 15 mai, elles en partirent pour Trieste, où il leur fallut encore faire qua

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