CHAPITRE III. Des Périodes. LA Période eft un petit difcours compofé de parties tellement liées les unes aux autres, que le fens demeure toujours fufpendu jufqu'à la fin en voici un exemple dans M. Boffuet. Quand Dieu laiffe fortir du puits » de l'abîme la fumée qui obfcurcit le » Soleil, felon l'expreffion de l'Apo»calyse, c'est-à-dire, l'erreur & l'héPrélie ; quand, pour punir les fçan පා dales, ou pour réveiller les Peuples & » les Pasteurs, il permet à l'efprit de » féduction de tromper les ames hautaines, & de répandre par-tout un chagrin fuperbe, une indocile curiofité, & un efprit de révolte, il détermine dans fa fageffe profonde les li» mites qu'il veut donner aux malheureux progrès de l'erreur, & aux foutfrances de fon Eglifer En voici un autre exemple dans Alzire; c'est Zamore qui parle. Après l'honneur de vaincre, il n'eft rien fous les De plus grand en effet qu'un trépas glorieux ;; SECTION PREMIERE.. Des Parties de la Periode,... Les parties qui compofent la Période: font de deux fortes,, le. Membre & la Section Le Membre eft une propofition qui renferme en elle-même un certain fens mais un fens imparfait, fufpendu, & dé pendant des autres parties de la Période EXEMPLES. « Si fermer les yeux aux preuves écla » tantes du Chriftianifme, est une extra» Vagance monftrueufe. Voici un Membre complet, & qui renferme un fens bien marqué; & cependant l'efprit ni l'oreille ne font point en core fatisfais : on ne voit pas même encore fur quoi porte ce raifonnement, ni où il doit aboutir. Il faut néceffairement, fl'on veut former un fens parfait, ajou ter le Membre qui fuit. « C'est encore un plus grand renverfement de raifon d'être perfuadé de » cette doctrine, & de vivre comme í. >> l'on ne doutoit pas qu'elle ne fût fauffe. Voilà la Période achevée ; voilà le fens parfait. La Section eft une partie du Membre, qui renferme auffi en elle méme un certain feas, & qui, par cette railon, feroit un Membre fi elle étoit feule,, mais qui étant affociée à diverfes autres parties qui aboutiffent immédiatement au même. point, concourt unanimement avec elless à former ce qu'on appelle le Membre.. EXEMPLE.. Tiré des Poëfies de Mademoiselle Deshon lieres. PREMIERE SECTION. Vous de qui les prudens confeils. Vous hélas ! dont les maux aux miens furent pa -reils :: III. SECTION. Vous qui favez d'un cœur jusqu'où va la tendreffe, IV. SECTION. Et qui vites ravir à la clarté du jour Une de ces quatre Sections fuffiroit feule pour faire un Membre, comme on le voit évidemment; cependant routes les quatre n'en forment qu'un, parce qu'elles aboutiffent toutes enfemble au même point, qui eft le Membre fuivant. Sage Célimédon, regardez ma foibleffe En homme qui connoît le pouvoir de l'amour. Voici encore deux autres exemples; l'un eft de Rouffeau, Ode quatrieme, tirée du Pfeaume 57. Premier Membre. PREMIERE SECTIO No Si la Loi du Seigneur vous touche, SECTION. Si le menfonge vous fait peur ; III. SECTION. Si la pitié dans votre cœur Regne auffi-bien qu'en votre bouche; Second Membre. Parlez, fils des hommes: Pourquoi Piéfide aux jugemens que vous portez sur moi! L'autre eft de Corneille, dans fa Tragédie de Sertorius : c'eft celui que nous avons déja cité à l'article de l'imitation. II. SECTION. Qu'en affujettillant vous avez l'art de plaire: |