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PERIODES A QUATRE MEMBRES.

M. Boffuet, Oraifon funebre de Madame la Ducheffe d'Orléans.

<< Tant que nous fommes détenus dans » cette demeure mortelle, nous vivons » affujettis aux changemens, parce que, » fi vous me permettez de parler ainfi, » c'eft la loi du Pays que nous habitons; » & nous ne poflédons aucun bien » même dans l'ordre de la grace, que » nous ne puissions perdre un moment après par la mutabilité naturelle de » nos defirs.

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M. Fléchier, Oraifon funebre du Vicomté de Turenne.

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« Si le Héros dont je fais l'éloge n'a• voit fu que combattre & que vaincre, fans que fa valeur & que fa prudence » fuffent animées d'un efprit de foi & » de charité, content de le mettre au rang des Scipions & des Fabius, je "laifferois à la vanité le foin de louer » la vanité, & je ne parlerois de fa gloire » que pour déplorer fon malheur,

"

Extrait du Monologue de Polyeucte dans la prifon.

Monde! n'efpere pas qu'après toi je foupire;
Tu m'étales en vain tes charmes impuissans;
Tu me montres en vain, dans tout ce vafte Empire,
Les ennemis de Dieu pompeux & floriflans:
Il étale à fon tour des revers équitables
Par qui les Grands font confondus;
Et les glaives qu'il tient pendus
Sur les plus fortunés, coupables,
Sont d'autant plus inévitables

Que leurs

coups font moins attendust

MITHRIDATE à Monime.

Pirate,

Ah! pour tenter encor de nouvelles conquêtes
Quand je ne verrois pas des routes toutes prêtes,
Quand le fort ennemi m'auroit jetté plus bas,
Vaincu, perfécuté, fans fecours, fans Etats,
Errant de mers en mers, & moins Roi que
Confervant pour tous biens le nom de Mithridate,
Apprenez que fuivi d'un nom fi glorieux,
Par-tout de l'Univers j'attacherois les yeux,
Et qu'il n'eft point de Rois, s'ils font dignes de
l'être,

Qui, fur le trône affis, n'enviaffent peut-être
Au-deffus de leur gloire un naufrage élevé,
Que Rome & quarante ans ont à peine achevé.

Monime, dans la même Tragédie de, Mithridate, apostrophe tendrement Xipharès.

Quoi, Prince! quand tout plein de ton amour extrême,

Pour favoir mon fecret, tu me preffois toi-même,
Mes refus trop cruels vingt fois te l'ont caché
Je t'ai même puni de l'avoir arraché;
Et quand de toi peut-être un pere fe défie,
Que dis-je ? quand peut-être il y va.de ta vie,
Jé parle, & trop
facile à me laiffer tromper,
Je lui marque le cœur où fa main doit frapper.

JOAD, Tragédie d'Athalie.

Grand Dieu! fi tu prévois qu'indigne de fa race,
11 doive de David abandonner la trace,
Qu'il foit comme le fruit, en naiffant arraché,
Ou qu'un fouffle ennemi dans fa fleur a féché?
Mais fi ce même enfant à tes ordres docile,
Doit être à tes deffeins un inftrument utile,
Fais qu'au jufte héritier le Sceptre foit remis;
Livre en mes foibles mains fes puiffans ennemis ;
Confons dans fes confeils une Reine cruelle.
Daigne, daigne, mon Dieu, fur Mathan & fyr elle
Répandre cet efprit d'imprudence & d'erreur,
De la chute des Rois funefte avant-coureur.

Joas.

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Tout le fecret de la Période confifte dans certaines particules qui en font comme les ligamens & les cartilages, qui en lient les divers membres, & qui en fufpendent le fens jufqu'à ce que le tour périodique foit entierement achevé. Ces particules font, par exemple : quoique, néanmoins ; d'autant plus, que, plus, moins; non-feulement, mais encore; fi,

c. Il n'eft pas inutile à des perfonnes peu exercées de fe faire une forte de lieux communs de ces particules, dont l'ufage n'eft pas abfolument effentiel aux Périodes, niais en facilite la compofition; il n'appartient qu'aux Maîtres de l'art de favoir s'en paffer, & de faire rouler ce globe périodique, fans laisser appercevoir les refforts fecrets qui le

mettent en mouvement.

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SECTION III.

Du Nombre.

OUTES les graces, toutes les béautés de la Période font renfermées dans le nombre, qui n'eft rien autre chose qu'une certaine harmonie douce & majestueuse, qui charme l'oreille, & qui réfulte du

choix

choix judicieux & de l'heureux arrangement des termes. Les expreffions les plus pompeufes, les plus énergiques, ne font pas toujours les plus propres à être afforties, & à former un tour de phrase agréable; cet affortiment demande du génie, du goût, une oreille févere & délicate.

Ayez pour la cadence une oreille févere.

On a dû remarquer cette cadence nombreuse dans tous les exemples qui viennent d'être rapportés.

L'harmonie doit fur-tout répandre fes graces fur la fin de la Période, afin de laiffer à l'oreille une impreffion agréable; & fur le commencement, afin d'exciter l'attention de l'auditeur.

Le milieu doit être bien enchaîné bien fuivi, fans longueurs, fans équivoques, fans parenthefes qui promenent Pefprit de l'auditeur dans des efpaces excentriques, & fans aucun embarras qui gêne & qui fatigue l'attention.

Il faut fur-tout éviter avec foin les chocs de voyelles, qui, fe brifant les unes contre les autres, forment une cacophonie défagréable.

En général, le style de la période doit être pur, clair, orné, doux, harmonieux;

H

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