PERIODES A QUATRE MEMBRES. M. Boffuet, Oraifon funebre de Madame la Ducheffe d'Orléans. << Tant que nous fommes détenus dans » cette demeure mortelle, nous vivons » affujettis aux changemens, parce que, » fi vous me permettez de parler ainfi, » c'eft la loi du Pays que nous habitons; » & nous ne poflédons aucun bien » même dans l'ordre de la grace, que » nous ne puissions perdre un moment après par la mutabilité naturelle de » nos defirs. M. Fléchier, Oraifon funebre du Vicomté de Turenne. « Si le Héros dont je fais l'éloge n'a• voit fu que combattre & que vaincre, fans que fa valeur & que fa prudence » fuffent animées d'un efprit de foi & » de charité, content de le mettre au rang des Scipions & des Fabius, je "laifferois à la vanité le foin de louer » la vanité, & je ne parlerois de fa gloire » que pour déplorer fon malheur, " Extrait du Monologue de Polyeucte dans la prifon. Monde! n'efpere pas qu'après toi je foupire; Que leurs coups font moins attendust MITHRIDATE à Monime. Pirate, Ah! pour tenter encor de nouvelles conquêtes Qui, fur le trône affis, n'enviaffent peut-être Monime, dans la même Tragédie de, Mithridate, apostrophe tendrement Xipharès. Quoi, Prince! quand tout plein de ton amour extrême, Pour favoir mon fecret, tu me preffois toi-même, JOAD, Tragédie d'Athalie. Grand Dieu! fi tu prévois qu'indigne de fa race, Joas. Tout le fecret de la Période confifte dans certaines particules qui en font comme les ligamens & les cartilages, qui en lient les divers membres, & qui en fufpendent le fens jufqu'à ce que le tour périodique foit entierement achevé. Ces particules font, par exemple : quoique, néanmoins ; d'autant plus, que, plus, moins; non-feulement, mais encore; fi, c. Il n'eft pas inutile à des perfonnes peu exercées de fe faire une forte de lieux communs de ces particules, dont l'ufage n'eft pas abfolument effentiel aux Périodes, niais en facilite la compofition; il n'appartient qu'aux Maîtres de l'art de favoir s'en paffer, & de faire rouler ce globe périodique, fans laisser appercevoir les refforts fecrets qui le mettent en mouvement. T SECTION III. Du Nombre. OUTES les graces, toutes les béautés de la Période font renfermées dans le nombre, qui n'eft rien autre chose qu'une certaine harmonie douce & majestueuse, qui charme l'oreille, & qui réfulte du choix choix judicieux & de l'heureux arrangement des termes. Les expreffions les plus pompeufes, les plus énergiques, ne font pas toujours les plus propres à être afforties, & à former un tour de phrase agréable; cet affortiment demande du génie, du goût, une oreille févere & délicate. Ayez pour la cadence une oreille févere. On a dû remarquer cette cadence nombreuse dans tous les exemples qui viennent d'être rapportés. L'harmonie doit fur-tout répandre fes graces fur la fin de la Période, afin de laiffer à l'oreille une impreffion agréable; & fur le commencement, afin d'exciter l'attention de l'auditeur. Le milieu doit être bien enchaîné bien fuivi, fans longueurs, fans équivoques, fans parenthefes qui promenent Pefprit de l'auditeur dans des efpaces excentriques, & fans aucun embarras qui gêne & qui fatigue l'attention. Il faut fur-tout éviter avec foin les chocs de voyelles, qui, fe brifant les unes contre les autres, forment une cacophonie défagréable. En général, le style de la période doit être pur, clair, orné, doux, harmonieux; H |