objet de toutes fes complaifances, & n'exhale fa mourante tendrelle pour ce fils infortuné, que par ce fentiment héroïque, peut-être féroce, mais fublime. Approche, trifte objet d'horreur & de tend effe: Approche, cher appui qu'espéroit ma vie:lleffe! Viens embraffer ton pere, il t'a dû condamner; Mais, s'il n'étoit Brutus, il t'alloit pardonner, : Un Sénateur vient le confoler de la part du Sénat, dont les entrailles plus paternelles que celles de Brutus étoient émues de compaffion. Ce Républicain farouche lui répond fierement; Vous connoiffez Brutus, & l'ofez consoler! Quel mélange horrible de grandeur & de cruauté! Cette parole de Zénobie, au soupçonneux Rhadamifte fon époux, eft pleine d'une noble & délicate fierté: Je connc is la fureur de tes foupçons jaloux, Mais j'ai trop de vertu pour craindre mon époux. Heureuse fécurité que la vertu feule peut donner! Teleft encore le fentiment exprimé par cette réponse admirable de Pauline à PoTieucte, qui lui dit, au fujet de Sévere; Quoi! vous me foupçonnez déja de quelque om brage? PAULINE. Je ferois à tous trois un trop fenfible outrage. Dans cet exemple la délicatesse est jointe à la fublimité. OROSMANE, à Néreftan. Chrétien, je fuis content de ton noble courage; Quelle noble hardieffe dans ce difcours de Monime à Mithridate, qui, par un détour artificieux, lui avoit arraché l'aveu de fon amour fecret pour Xipharés. Je n'ai point oublié quelle reconnoiffance Seigneur, m'a dû ranger fous votre obéiffance: Quelque rang ou jadis foient montés mes ayeux, Leur gloire de fi loin n'éblouit point mes yeux. Je longe avec respect de combien je suis née A cette obéiffance où j'étois attachée; mai, Que le lit d'un Epoux qui m'a fait cet outrage, Et Et qui me préparant un éternel engi Afdrubal, Ambaffadeur de Carthage, plaidoit dans le Sénat Romain la caufe de fa Nation vaincue; i commençoit à fléchir les Sénateurs, lorfqu'un d'eux, l'interrompant avec colere, lui demanda par quels Dieux, après tant de fermens violés, feroit jurée l'obfervation d'un nouveau Traité? Par ces mêmes Dieux, répondit Afdrubal, qui puniffent fi féverement les infracteurs des Traités. Cette éloquence du cœur, cette expreffion fi noble d'un repentir fincere, appartient au fublime de fentiment. Les fentimens que Henri le Grand fait paroître à l'afpe& du fage Mornai, lorsque, honteux de fa foibleffe, il s'arrache des bras de la charmante d'Eftrées pour rentrer dans ceux de la gloire, font d'une générofité parfaite. Enfin, dans ces jardins où fa vertu languit, Le fage, en l'abordant, garde un morne filence Se font entendre au Prince, & s'expliquent affeza Viens; le cœur de ton Prince eft digne encor de toi: Je t'ai vu: c'en eft fait, & tu me rends à moi. Et bientôt vers Paris répandant la terreur, cœur, L'Amour à votre gloire ajoute un nouveau luftre; Qui l'ignore eft heureux,quile dompte eftillufire. |