A donc mis entre nous d'impuiffantes barrieres! Cher Amant! fi mes pleurs, mon trouble, mes remords Peuvent percer ta tombe & paffer chez les Morts; Tragédie d'Hérode & de Mariamne. Tu meurs, & je refpire encore! Mânes facrés, chere ombre, épouse que j'adore! Refte pâle & fanglant de l'objet le plus beau, Je te fuivrai du moins dans la nuit du tombeau ! Quoi! vous me retenez! Quoi! Citoyens perfides, Vous arrachez ce fer à mes mains parricides !. Ma chere Mariamne, arme-toi, punis-moi ! Dieux! vous rendrez Oreste aux larmes de fa fœur, Dans un autre endroit de la même Tragédie, Eleare apoftrophe ainfi le fer qu'elle avoit trouvé fur le tombeau d'Agamemnon. Glaive affreux, fer fanglant, qu'un outrage nou veau. Expofoit en triomphe à ce facré tombeau, POLYEUCTE, à Pauline.. Le déplorable état où je vous abandonae,, Eft bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et l'on peut au Ciel fentir quelques douleurs,. Eile a trop Racine, Tragédie d'Andromaque.. Non, nous n'efpérons plus de vous revoir encor, Dans l'Idoménée de M. de Crébillon;. Erixene, fille de Mérion, Prince rébelle, tâche en vain de combattre fa tendreffe pour le fils du Roi de Crete: elle s'excite à la vengeance par la contemplation des lieux où elle avoit vu périr fon. pere qu'elle apoftrophe avec beau coup de vivacité & de nobleffe. Non, mon pere, ton fang lâchement répandu Et le cruel Vainqueur qui furprend ma tendreffe Apoftrophe de Rousseau à l'Amour. Venez, cher tyran de mon ame, Venez ; je vous fuirois en vain ; Et je vous reconnois à ces traits pleins de flamme Que vous allumez dans mon sein. Monologue de Rodogune dans la Tragédie de Corneille, qui porte le nom de cette Princeffe des Parthes. Sentimens étouffés de colere & de haine, Telle que je le vis, quand tout percé de coups, Plus la haute naiffance approche des couronnes, Le confentiras-tu cet effort de ma flamme, Fier encor le nom aux murs de ce Palais ? Je fais quelles feront tes douleurs & tes craintes ; Je vois déja tes maux, j'entens déja tes plaintes; Mais pardonne aux devoirs qu'exige enfin un Roi A qui tu dois le jour qu'il a perdu pour moi. Ce Prince que Rodogune apoftrophe dans ces huit derniers Vers, eft Antiochus fils de Démétrius Nicanor, Roi de Syrie, qu'elle avoit vu maffacrer entre fes bras par Cléopatre fa Rivale, premiere épouse de Démétrius & mere d'Antiochus & de Séleucus fon frere. L'Apoftrophe, comme on voit, eft un mouvement violent & imprévu qui frappe, qui faifit, qui étonne, & qui convient très-bien aux paffions ardentes & tumultueuses, toujours impatientes d'éclater tout-à-coup par un impétueux transport. Cette figure doit cependant être amenée avec art: on doit y difpofer l'auditeur par des mouvemens plus doux ; puis quand on l'a attiré infenfiblement, on l'enleve tout-à-coup avec violence, & fans lui |