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Je taifois tout pour lui, j'efpérois de lui rendre
Une jeune beauté, qu'à l'âge le plus tendre
Le cruel Noradin fit esclave avec moi,
Lorsque les ennemis de notre augufte foi,
Baignant de notre fang la Syrie enivrée,
Surprirent Lufignan vaincu dans Céfarée.
Du férail des Sultans fauvé par des Chrétiens,
Remis depuis trois ans dans mes premiers liens;
Renvoyé dans Paris fur ma feule parole;
Seigneur, je me flattois.... espérance frivole!
De ramener Zaïre à cette heureuse Cour,
Où Louis des vertus a fixé le séjour.

Déja même la Reine à mon zele propice,
Lui tendoit de fon Trône une main protectrice,
Enfin lorfqu'elle touche au moment fouhaité
Qui la tiroit du fein de fa captivité,

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On la retient: que dis-je...!....... Ah! Zaïre, elle-même

Qubliant les Chrétiens pour ce Soudan qui l'aime...
N'y penfons plus..., Seigneur, un refus plus cruel
Vient m'accabler encor d'un déplaifir mortel;
Des Chrétiens malheureux l'espérance effitrahie.
Et plus bas :

Noradin m'éleva près de cette Zaïre,

Qui depuis... pardonnez fi mon cœur en soupire
Qui depuis égarée en ce funefte lieu,

Pour un Maître barbare abandonna fon Dieu.

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Dans la Tragédie d'Orefte, Electre n'ofant avouer à Clytemneftre que l'un des deux étrangers arrêtés par l'ordre d'Egifte, eft Orefte, s'embarraffe dans la vivacité des tranfports avec lefquels elle conjure fa Mere de fauver ces étrangers.

Vous voyez que

les Dieux ont refpecté leur vie, Ils les ont arrachés à la mer en furie;

Le Ciel vous les confie: & vous répondez d'eux; L'un d'eux.... fi vous saviez.... tous deux font malheureux.

Endimion à Diane, lorfque cette Déeffe qu'il aime, lui avoue l'amour qu'elle a pour lui.

Déeffe, eft-il donc vrai! Quelle ardeur!.... Quel hommage!....

Tout mon cœur. De mon trouble entendez le

langage.

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E

Rien n'étoit en effet plus éloquent que ce trouble.

L'embarras de Zaïre, lorfqu'elle est reconnue pour Fille de Lufignan, & qu'Orofmane, qui ne fait rien de cet important fecret, vient la preffer de lui donner la main, eft exprimé par des interruptions accumulées avec goût.

ZAIRE.

Seigneur, fi vous m'aimiez; fi je vous étois chere;

OROSMAN E.

Si vous l'êtes? Ah Dieu!

ZAIRE.

Souffrez que l'on differe...

Permettez que ces noeuds par vos mains affemblés... OROS MANE.

Que dites-vous, & Ciel! Eft-ce vous qui parlez, Zaïre?

Zaïre?

ZAIRE.

Je ne puis foutenir sa colere.

OROSMANE.

ZAIRE.

Il m'eft affreux, Seigneur, de vous déplaire, Excufez ma douleur... non, j'oublie à la fois Et tout ce que je fuis & tout ce que je dois, Je ne puis fontenir cet afpect qui me tue, Je ne puis.... ah! souffrez que loin de votre vue Seigneur, j'aille cacher mes larmes, mes ennuis, Mes vœux, mon défespoir, & l'horreur où je fuis.

Mérope interrogeant un jeune homme qui eft fon fils, fans qu'elle le fache, s'attendrit au récit de fes avantures, & laiffe échapper des pleurs; Euriclès lui

dit :

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Eh! Madame, d'où vient que vous versez des

larmes ?

MEROPE,

Te le dirai-je? hélas ! tandis qu'il m'a parlé,
Sa voix m'attendriffoit,tout mon cœur s'eft troublé.
Cresfonte.... Ciel!... j'ai cru... que j'en rougis
de honte !

Oui, j'ai cru démêler quelques traits de Cresfonte.
Jeux cruels du hazard, en qui me montrez-vous
Une fi fauffe image, & des rapports fi doux
Affreux reffouvenir ! quel vain fonge m'abuse?
MEROPE lui demande enfuite:

En Elide.

En quel lieu le Ciel vous fit-il naître ?

EGYSTHE.

MEROP E.

Qu'entends je! en Elide! ah! peut être..

L'Elide.... répondez.... Narbas vous eft connu ;
Le nom d'Egyfte au moins, jufqu'à vous est venu.
Quel étoit votre état, votre rang, votre pere?

Que tout ce défordre exprime bien les mouvemens que la nature excitoit alors dans l'ame de cette tendre mere!

L'interruption eft auffi d'ufage dans la Comédie.

Madame PERNELLE, dans l'Impofteur. Mille caquets divers s'y font en moins de rien,

Et comme l'autre jour un Docteur dit fort bien;
C'eft véritablement la Tour de Babylone,

Car chacun y babille, & tout du long de l'aune;
Et pour conter l'hiftoire où ce point l'engagea....
Voilà-t-il pas, Monfieur, qui ricane déja ?
Allez chercher vos fous qui vous donnent à rire?
Et fans...... Adieu, ma Bru, je ne veux plus rien

dire.

GERONTE

Arifte, dans le Méchant.

Tenez, voilà Cléon, il pourra vous apprendre, S'il veut, des procedés que je ne puis comprendre. C'eft de mon amitié faire bien

peu de cas..... Je fors.... car je dirois ce que je ne veux pas.

MENECHMEà Araminthe, dans Regnard.

En vérité, Madame, il faut que je vous dise.....
Que je fuis fort furpris... & que dans ma surprise...
Je trouve furprenant.... je ne m'attendois pas
A voir ce que je vois.... car enfin vos appas,
Quoiqu'un peu.... dérangés.... pourroient bien me
confondre,

Si d'ailleurs... Par ma foi, je ne fais que répondre

De Pobfécration.

L'Obfécration eft une figure par la→ quelle on demande une grace avec un empreffement plein d'ardeur.

L'art confifte à présenter à ceux qu'on

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