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Tel que dans nos jardins un Palmier fourcilleux,
A nos Ormes touffus mêlant fa tête altiere,
Etale les beautés de fa tige étrangere:
Son cafque étinceloit des feux les plus brillans,
Qu'étaloient à l'envi l'or & les diamans,
Dons chers & précieux, dont fa fiere maîtreffe
Honora fon courage ou plutôt fa tendresse.

Dans le même Poëme, au même Chant.
D'Aumale,en l'écoutant,pleure & frémit de rage.
Cet ordre qu'il détefte, il va l'exécuter:
Semblable au fier Lion qu'un Maure a su dompter
Qui, docile à fon maître, à tout autre terrible,
A la main qu'il connoit foumet fa tête horrible,
Le suit d'un air affreux, le flatte en rugissant,
Et femble menacer même en obéiffant.

Tout le monde fent que le mérite des comparaisons ne peut confifter que dans leur exactitude & dans leur nobleffe.

La Similitude n'eft au fond qu'une comparaifon, & une comparaifon n'est qu'une figure. Cependant les Rhéteurs, en plaçant la Similitude parmi les lieux Oratoires, lui donnent une fignification plus étendue que celle d'une fimple comparaifon: ils entendent que l'Orateur, en s'occupant da fujet qu'il veut traiter, doit examiner tous les rapports dont il peut être fufceptible. Cette réflexion s'appli

que auffi à la Section fuivante, car les rapports peuvent être d'oppofition com-me de reffemblance.

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LA diffimilitude ou différence n'eft rien

autre chofe qu'une certaine contrariété qui le rencontre entre deux objets comparés, foit que l'on compare ensemble deux objets actuellement différens, foit que l'on compare l'état préfent d'un feul objet avec fon état paffé.

EXEMPLES.

Dans l'Oraifon funébre de la Reine d'Angleterre, par M. Boffuet:

Les Prêtres & les Religieux, zélés & » infatigables Pafteurs de ce troupeau affligé, qui vivoient en Angleterre, pau» vres, errans, traveftis, defquels auffi le » monde n'étoit pas digne, venoient reprendre avec joie les marques glorieuafes de leur profeffion dans la Chapelle » de la Reine : & l'Eglife défolée, qui > autrefois pouvoit à peine gémir librement & pleurer fa gloire paffée, fai

foit retentir hautement les Cantiques » de Sion dans une terre étrangere. Ainfi la pieufe Reine confoloit la captivité » des Fideles, & relevoit leur espérance.

Racine dans le premier Cheur de la Tragédie d'Efther.

Déplorable Sion! Qu'as-tu fait de ta gloire ?
Tout l'Univers admiroit ta fplendeur.
Tu n'es plus que pouffiere, & de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la trifte mémoire:
Sion, jusques aux Cieux élevée autrefois;
Jufqu'aux Enfers maintenant abaissée,
Puiffai-je demeurer fans voix,

Si dans mes chants ta douleur retracée,
Jufqu'au dernier foupir n'occupe ma pensée:

Le Prophete Jérémie peint d'une maniere également forte & touchante l'affreufe défolation de cette Jérufalem, autrefois fi brillante.

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» Comment cette Ville, autrefois fi >pleine de peuple, eft-elle maintenant si folitaire? Celle qui étoit fi grande entre les Nations eft devenue comme » veuve; la Reine des Provinces a été affujettie au tribut.

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Elle ne ceffe point de pleurer pendant la nuit, & fes joues font trempée:

>> de fes larmes. De tous ceux qui l'ai>> moient, il n'y en a pas un qui la confole: tous fes amis Font traitée avec perfidie, & font devenus fes ennemis.

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>> Comment le Seigneura-t-il couvert de ténébres dans fa fureur la fille de Sion? » Comment a-t-il fait tomber du ciel en. » terre la fille d'Ifrael qui étoit fi éclatan> te, & ne s'eft-il pas fouvenu au jour de fa colere de celle où il avoit mis fon marchepied?

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» Les chemins qui conduifenrà Sion font » dans les pleurs, parce qu'il n'y a plus perfonne qui vienne à fes folemnités » toutes les portes font défolées ; fes Prê» tres ne font que gémir: fes Vierges font dans la douleur, & elle eft plongée dans l'amertume.

Ses ennemis la dominent, ceux qui » la haïffoient font dans la profpérité, parce que le Seigneur l'a affligée à caufe de fes iniquités : fes petits enfans ont » été emmenés captifs devant l'ennemi, qui les chaffoit.

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Tout ce que la fille de Sion avoit de beau lui a été enlevé fes Princes. font devenus comme des Béliers qui. » ne trouvent point de pâturage, & ils ont marché, deftitués de force, de

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vant l'ennemi, qui les pourfuivoit. » Jérufalem, en ces jours de fon afflic »tion, s'eft fouvenue de fes prévarica» tions & de tout ce qu'elle avoit eu dans » les fiécles paffés de plus defirable: elie » s'en eft fouvenue lorfque fon Peuple "tomboit fous la main ennemie, fans » qu'il y eût perfonne pour le fecourir : » les ennemis l'ont vûe, & ils fe font » mocqué de fes jours de repos.

» Jérufalem a commis un grand péché, » c'eft pourquoi elle eft devenue errante »& vagabonde : tous ceux qui l'hono»roient l'ont méprifée, parce qu'ils ont » vu fon ignominie; & elle a tourné fon vilage en arriere en gémissant.

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Tout fon Peuple eft dans les gémiffe» mens, & cherche du pain: ils ont donné tout ce qu'ils avoient de plus précieux pour trouver de quoi foutenir leur vie. Voyez, Seigneur, & confidé» rez l'aviliffement où je fuis réduite...

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» Mes entrailles font émues, mon cœur » eft renversé dans moi-même, parce que » je porte la peine de ma révolte : l'épée »tue mes enfans au-dehors, & je ne vois au-dedans qu'une image de la mort...

Confidérez, Seigneur, quel eft le Peu

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