Images de page
PDF
ePub

L'a tiré par leur main de l'oubli du tombeau,
Et de David éteint rallumé le flambeau.

Il feroit inutile de donner plus d'exemples de cette figure. Elle eft d'un ufage univerfel; on peut dire que c'est le trope

par excellence.

La Métaphore, comme tout autre fi. gure, doit être naturelle; elle eft vicieufe, fi elle eft tirée de trop loin, fi fa fignification propre ne fe préfente d'abord à l'efprit: elle doit auffi avoir une certaine nobleffe, & n'être jamais tirée d'aucun objet bas ou dégoûtant; il faut encore qu'elle foit foutenue, qu'e'le rempliffe une idée, qu'elle ne faute pas brufquement d'une image à une autre, comme dans ce vers!

Prends la foulé, Louis, & va comme un Lion.

M. Rollin, dans fon Traité des Etudes à l'article des figures, & le Pere Bouhours, dans le Livre de la maniere de bien penfer, ont dit tous deux de trèsbonnes chofes fur les Métaphores. On peut les confulter,

Le Pere Bouhours montre, par un exemple fenfible, en quoi consiste la Mé:

taphore, & en quoi elle differe de la comparaison.

» Quand Homere dit qu'Achille va comme un lion, c'eft une comparai»fon, mais quand il dit du même Héros, ce lion s'élançoit, c'est une Métaphore. Dans la comparaifon le Héros > reflemble au lion, dans la Métaphore » le Héros eft un lion.

D

De l'Allégorie.

L'Allégorie n'eft que la Métaphore foutenue & continuée. La métaphore ne porte que fur un mot & ne préfente qu'une image; l'Allégorie étend, développe la métaphore & accumule les images relatives au même objet & dépendantes de la même métaphore. C'eft proprement la métaphore oratoire & poëtique : car la métaphore fimple appartient à la converfation la plus familiere ; elle eft partout dans la Langue, elle eft à l'ufage de l'ignorant & de l'homme du peuple qui l'emploie fans la connoître, comme du plus habile Rhéteur & de l'Orateur le plus éloquent, qui ont le plus réfléchi fur fa nature: mais l'allégorie demande de l'art, & un enchaînement heureux d'idées & d'images afforties.

EXEMPLES.

M. Mafcaron.

> C'eft alors que les impies Salmonées ofent imiter le tonnerre de Dieu, & » répondre par les foudres de la terre aux foudres du ciel.

M. Fléchier

» Jamais il ne s'éleva fur fon front se» rein aucun de ces nuages que forment » le dégoût & la défiance.

Dans un autre endroit.

Ses vertus le firent connoître au Pu >>blic & produifirent cette premiere fleur » de réputation qui répand une odeur plus agréable que les parfums, fur tout le refte d'une belle vie.

La Fontaine, dans fon Elégie fur la difgrace de M. Fouquet, exprime par une allégorie bien noble la dangereufe confiance que la faveur inspire.

Lorfque fur cette Mer on vogue à pleines voiles,
Qu'on croit avoir pour foi les vents & les étoiles.
Il eft bien mal aifé de régler fes defirs;
Le plus fage s'endort fur la foi des zéphits.

CESAR à Brutus, en parlant de Rome. Ce Coloffe effrayant dont le monde eft foulé, En preffant l'Univers est lui-même ébranlé, Il panche vers fa chute, & contre la tempête, Il demande mon bras pour foutenir la tête.

M. de Marmontel a peint, par une allégorie éloquente,les avantages que fon génie a tirés du commerce utile de Meffieurs de Voltaire & de Vauvenargue.

Tendre arbriffeau planté fur la rive féconde
Où ces fleuves mêloient les tréfors de leur onde,
Mon efprit pénétré de leurs fucs nourriffans
Sentoit développer fes rejettons naiffans.

Dans la Tragédie de Brutus, Arons dit en parlant des nouveaux Républicains de Rome.

Ces Lions que leur Maître avoit rendu plus doux Vont réprendre leur rage & s'élancer fur nous; Etouffons dans leur fang la femence féconde Des maux de l'Italie & des troubles du Monde:

Cette figure eft fort agréable quand. elle est bien placée, bien foutenue, & qu'elle n'eft pas trop obfcure; car pourlors c'eft plutôt un enigme qu'une figure.

De l'Hyperbole.

L'Hyperbole eft une figure menteuse qui abuse de la crédulité des auditeurs en leur exagérant les chofes avec excès foit en bien, foit en mal, foit en aug ́mentant, foit en diminuant.

Comme cette figure eft extrêmement hardie, elle a fouvent befoin de quelque lénitif qui modifie ce qu'elle a d'incroyable & d'exceffif. Ces lénitifs font, par exemple ; Il semble que, pour ainfi dire, s'il eft permis de parler ainfi, &c.

Le ton enjoué de Voiture, & les ménagemens qu'il prend dans fes hyperboles, les font recevoir avec plaifir.

EXEM FLES.

Dans fa Lettre à M. le Cardinal de la Valette.

כל

» Au fortir de table, le bruit des vio»lons fit monter tout le monde en haut, » où l'on trouva une chambre fi bien » éclairée, qu'il fembloit que le jour qui » n'étoit plus fur la terre, s'y fût retiré >> tout entier.

20

Plus bas.

Le bal continuoit avec beaucoup de

« PrécédentContinuer »