Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

>ple que vous avez traité de cette forte. Eft-il donc poffible que les meres ≫ foient réduites à manger le fruit de leurs entrailles, à manger de petits en>> fans qu'elles emmaillotoient? Eft-il » poffible que les Prêtres & les Prophetes foient tués dans le Sanctuaire même du » Seigneur ?

» Les enfans & les vieillards font éten» dus morts fur la terre le long des rues ; » mes vierges & mes jeunes hommes font

tombés fous l'épée: vous les avez tués > au jour de votre fureur ; vous les avez » égorgés fans en épargner aucun.

Vous avez fait venir des gens comme en un jour folemnel, pour m'épouvan→ »ter de toutes parts; il ne s'eft trouvé perfonne qui pût s'échapper, & qui fût excepté dans ce jour de la fureur du » Seigneur.

[ocr errors]
[ocr errors]

Difcours de Satan à Belzebuth, dans le Paradis perdu de Milton.

>> Es-tu ce Chérubin qui protégeois les » autres à l'ombre de tes ailes? Es-tu cet Ange dont l'éclat éblouiffoit les Cieux? » Mais que tu lui reffembles peu! N'a

gueres, une ligue mutuelle, une union » de pensées & de deffeins, la même efpérance & les mêmes périls t'ont joint

» avec moi dans une entreprise glorieu»fe. Hélas! la mifere nous unit aujour» d'hui: tu vois dans quel abîme & de » quelle hauteur nous fommes tom»bés. La foudre a rompu nos légions. » Cruelles armes dont la force nous étoit >> inconnue !

Dans la Tragédie de la mort de Céfar Antoine fe jette à genoux auprès du corps fanglant de ce Héros, & s'écrie, en s'adreffant aux Romains:

Du plus grand des Romains voilà ce qui vous refte.
Voilà ce Dieu vengeur, idolâtré par vous;
Que fes affaffins même adoroient à genoux,
Qui toujours votre appui dans la paix, dans la
guerre,

Une heure auparavant faifoit trembler la terre,
Qui dévoit enchaîner Babylone à fon char:
Amis, en cet état connoiffez-vous Céfar?

Dans la même Tragédie, Brutus pleure fur la décadence de la Liberté Romaine. Quelle baffeffe, ô Ciel! & quelle ignominie! Voilà donc les foutiens de ma trifte Patrie! Voilà vos fucceffeurs, Horace, Décius,

Ettoi, vengeur des loix, toi mon fang, toi Brutusa Quels reftes, juftes Dieux, de la grandeur Ro

maine!

Chacun baise en tremblant la main qui nous en

chaîne !

Céfar nous a ravi jufques à nos vertus,
Et je cherche ici Rome, & ne la trouve plus.

Dans la Tragédie d'Alzire, Zamore
compare ainfi la clémence d'Alvarez avec
la barbarie de Gufman & des Efpagnols:
Mon pere! Ah! fi jamais ta nation cruelle
Avoit de tes vertus montré quelque étincelle ;
Crois moi, cet Univers aujourd'hui défolé,
Au-devant de leur joug fans peine auroit volé;
Mais, autant que ton ame eft bienfaisante & pure,
Autant leur cruauté fait frémir la nature.

Mithridate avoue fa défaite au Gouverneur de Nymphée, en fe fervant, avec beaucoup de nobleffe, de la diffimilitude.

MITHRIDATE à Arbate.

Enfin, après un an, tu me revois, Arbate! "Non plus comme autrefois cet heureuxMithridate, Qui de Rome toujours balançant le deftin, Tenois entr'elle & moi l'Univers incertain. Je fuis vaincu..

Cette plainte fi touchante de Marianne fur fon fort appartient à la diffimilitude, par la comparaifon de fes efpérances pallées avec les malheurs préfens,

Voilà donc, jufte Dieu! quelle eft ma destinée.
La fplendeur de mon fang,la pourpre où je fuisnée;
Enfince qui fembloit promettre à mes beaux jours
D'un bonheur affuré l'inaltérable cours :
Tout cela n'a donc fait que verfer fur ma vie
Le funefte poifon dont elle fut remplie.

O naiffance! ô jeuneffe ! & toi, trifte beauté!
Dont l'éclat dangereux enfla ma vanité,
Flatteufe illufion dont je fus occupée,

Vaine ombre de bonheur, que vous m'avez trompée !

Sur ce trône coupable un éternel ennui,

M'a creufé le tombeau que l'on m'ouvre aujourd'hui.

Dans les eaux du Jourdain j'ai vu périr mon Frere;
Mon Epoux à mes yeux a maffacré mon Pere;
Par ce cruel Epoux condamnée à périr,
Ma vertu me reftoit, on ofe la fléirir.

Clytemnestre, en parlant d'Iphigénie qui doit être facrifiée.

Et moi, qui l'amenai triomphante, adorée,
Je m'en retournerai feule & défefperée;
Je verrai les chemins encor tout parfumés
Des fleurs, dont fur les pas on les avoit femés.

Madame Deshoulieres en divers endroits de fes Poèfies, fe plaint de la dé

cadence des fentimens parmi les jeunes

gens.

De leurs déréglemens hiftoriens fideles,
Avec un front d'airain ils feront mille fois
Un odieux détail des plus affreux endroits.
On diroit à les voir traiter de bagatelles

Les horreurs les plus criminelles,

Que ce n'eft point pour eux que font faites les loix,
Tant ils ont de mépris pour elles !
Daignent ils nous rendre visite:
Les plus ombrageux des époux
N'en fauroient devenir jaloux.
Ce n'eft point pour notre mérite,

Leurs yeux n'en trouvent point en nous :
Ce n'eft que pour parler de leur gain, de leur perte,
Se dire, que d'un vin qui les charmera tous
On a fait une heureuse & fure découverte,

Se montrer quelques billets doux,
Et fe donner des rendez-vous.

[ocr errors]

Si par hafard quelqu'un d'entr'eux s'avise D'avoir des fentimens tendres, respectueux, Tout le refte s'en formalife:

Il n'eft, pour l'arracher à ce penchant heureux, Affront qu'on ne lui faffe,horreurs qu'on ne lui dife Et l'on fait tant qu'enfin il n'ose être amoureux. Où font ces cœurs galans? où font ces ames fieres? Les Nemours, les Montmorencis

« PrécédentContinuer »