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DES MARTYRS

ET DES AUTRES

PRINCIPAUX SAINTS.

16 Mars.

S. JULIEN DE CILICIE, MARTYR.

Tiré de son panégyrique, par saint Chrysostôme, t. II, p. 671, edit. Ben. Voyez Tillemont, t. V, p. 573,

JULIEN

ULIEN naquit à Anazarbe en Cilicie, d'un père qui étoit sénateur de la même ville. Il fut élevé dans l'étude des saintes lettres, et associé au nombre des ministres de l'église. I tomba, durant la persécution de Dioclétien, entre les mains d'un juge qui ressembloit moins à un homme qu'à une bête féroce. Ce juge voyant que la constance de Julien étoit à l'épreuve des plus cruels tourmens, essaya de la vaincre par un long martyre. On le lui amenoit tous les jours devant son tribunal, et, pour le gagner, il employoit successivement les promesses, les menaces et les supplices. Il le fit traîner, durant une année entière, par toutes les villes de la Cilicie, pensant le couvrir parde confusion: mais il travailloit, sans le savoir, à augmenter le triomphe du Saint, et il lui four-. nissoit encore l'occasion d'affermir les Chrétiens dans leur foi par son exemple et par ses discours.

Le détail de tout ce que souffrit Julien fait frémir d'horreur : les bourreaux déchiroient sa chair, découvroient ses os, au point qu'on lui voyoit les entrailles ; le fouettoient, et lui appliquoient le fer Tome III.

A

et le feu; mais ces différentes tortures n'ébranlèrent point son courage. Le juge s'avoua vaincu en le condamnant à mort; il voulut toutefois donner une nouvelle preuve de sa férocité. Comme il étoit alors à Eges, ville maritime de la Cilicie, il ordonna que le Saint fût jeté dans la mer, après avoir été cousu dans un sac avec des scorpions, des serpens et des vipères. Nous apprenons d'Eusèbe, que saint Ulpien souffrit à Tyr un pareil martyre, ayant été jeté dans la mer enfermé dans un sac de cuir avec un chien et un aspic. C'étoit là le supplice que les lois romaines avoient décerné contre les parricides; mais il paroissoit si horrible, qu'on évitoit de le faire subir même à ces scélérats..

La mer rendit aux hommes le corps du saint martyr. Les fidèles le portèrent à Alexandrie, puis à Antioche. Ce fut dans cette dernière ville que saint Chrysostôme prononça le panégyrique de saint Julien devant son tombeau: il y dit qu'on obtenoit, par la vertu des reliques de ce Saint, la guérison des maladies du corps et de celles de l'ame.

Les martyrs aimoient mieux faire le sacrifice de leurs biens, de leurs amis, de leur vie même, que de manquer de fidélité à Dieu. Ils étoient tous animés de l'esprit du grand apôtre, et chacun d'eux disoit à son exemple: Qui me séparera de l'amour de Jésus-Christ? Couronne, richesses, plaisirs, vos charmes ne sont point capables de me soustraire à l'obéissance que je dois à mon Dieu; et vous, supplices, prisons, chevalets, et toi, mort, sous quelque forme que tu puisses t'offrir à mes yeux, vous ne sauriez ébranler ma constance. Rien, encore une fois, ne me séparera de l'amour de Jésus-Christ. Telle devroit être

la disposition de tout Chrétien. Nous protestons souvent à Dieu que nous voulons lui être fidèles mais notre cœur est-il d'accord avec nos protestations? Et si nous avions à opter entre transgresser la loi de Dieu, et perdre quelques avantages temporels, quelle conduite tien drions-nous ? ou plutôt, nos infidélités continuelles n'annoncent-elles pas que nous trahirions lâchement notre devoir ?

S. FINIAN, SURNOMMÉ LOBHAR,
OU LE LÉPREUX.

CE Saint. qui florissoit vers le milieu du sixième siècle, étoit de la famille des rois de Munster, et fut disciple de saint Brendan. Il souffrit avec une patience héroïque les douleurs d'une cruelle maladie, d'où lui vint le surnom de Lobhar ou de Lépreux. Il fonda les monastères d'Innis-fallen (*), d'Ardfinnan, et de Cluain-more-Madoc. Il fut enterré dans le dernier. Colgan place sa mort au 2 Février; mais il dit qu'on faisoit sa fête le 16 Mars dans les monastères dont il avoit été le fondateur.

Voyez Ussérius, Antiquit. c. 17; Colgan, sous le 17 Mars, et l'Histoire naturelle et civile du comté de Kerry, par M. Smith, imprimée en 1755, p. 127. Le chevalier Jacques Ware parle de deux vies Mss. de saint Finian.

S.te EUSÉBIE, VULGAIREMENT S.te YSOIE ABBESSE DE HAMAIGE, AU DIOCÈSE D'ARRAS.

CETTE Sainte naquit en 637, sur la fin du règne de Dagobert I. Elle étoit fille d'un seigneur fran

(*) Dans l'île de ce nom, au comté de Kerry. Le second monastère, appelé Ardfinnan, du nom du Saint, étoit dans le comté

çais des Pays-Bas, nommé Adalbaud, et de sainte Rictrude, qui devint abbesse de Marchiennes (a) après la mort de son mari. Elle fut élevée sous les yeux de la B. Gertrude sa grand'mère, qui gouvernoit le monastère de Hamay ou Hamaige (b). On la choisit, en 649, pour succéder à l'abbesse Gertrude. Comme elle étoit encore fort jeune, sa mère la fit venir à Marchiennes pour la former dans le grand art de commander aux autres. Etant ensuite retournée à Hamaige où Dieu vouloit qu'elle le servît, elle gouverna sa communauté avec une sagesse beaucoup au-dessus de son âge; elle y donna toujours l'exemple d'une humilité profonde, d'une douceur inaltérable, d'une abstinence rigoureuse, d'une inviolable pureté de corps et d'esprit, d'une fidélité parfaite à l'accomplissement de tous les points de sa règle. Sa bienheureuse mort arriva le 16 Mars, vers l'an' 660. Sainte Eusébie est nommée en ce jour dans les martyrologes de France, des Pays-Bas et des Bénédictins.

Voyez dans Bollandus la vie de la Sainte, écrite par un anonyme, environ deux cents ans après sa mort. Cet auteur travailla d'après d'anciens mémoires qu'on avoit sauvés de la fureur des Normands. Voyez aussi la vie de sainte Rictrude, par Hucbaud, moine de Saint-Amand.

de Tipperary; le troisième étoit dans le comté de Leinster. On gardoit autrefois au monastère d'Innis-fallen une chronique, connue sous le nom d'Annales d'Innis-fallen. Ces annales contenoient un essai d'histoire universelle jusqu'à l'an 430. On y ajouta une histoire d'Irlande assez détaillée, qui alloit jusqu'à l'an 1215. On y fit depuis une autre addition, qui finissoit à l'an 1320. Ussérius et Ware citent souvent cès annales. On en voit une copie imparfaite parmi les Mss. de la bibliothèque du collége de la Trinité à Dublin. Nicholson dit dans son histoire des bibliothèques d'irlande, que le feu duc de Chandos en avoit une copie où rien ne manquoit.

(a) Sur la Scarpe, entre la Flandre et le Hainaut, dans le diocèse d'Arras.

(b) Ce n'est plus qu'un prieuré dépendant de l'abbaye de Marchiennes, qui appartient aujourd'hui aux Bénédictins.

S. GRÉGOIRE D'ARMÉNIE,
RECLUS A PLUVIERS EN BEAUCE.

GREGOIRE, né en Arménie, distribua son bien aux pauvres, et se retira dans un monastère près de la ville de Nicopolis (a): il y vécut dans la pratique des plus sublimes vertus. Comme il étoit trèsversé dans la connoissance des saintes lettres, il fut élevé au sacerdoce par l'évêque de Nicopolis, dont il devint ensuite le successeur. La dignité d'évêque ne changea rien dans sa manière de vivre: il sut allier les exercices de l'état monastique aux fonctions du ministère. Son humilité l'ayant porté à se démettre de l'épiscopat, il passa en Occident avec deux religieux grecs. Après avoir erré longtemps en Italie et en France, il s'arrêta enfin à Pluviers en Beauce, au diocèse d'Orléans. Il se fit à trois quarts de lieue de cette ville une petite loge, où il pratiqua, durant l'espace de sept ans, les austérités les plus extraordinaires. Il ne vivoit que de racines crues, et de lentilles détrempées dans de l'eau et germées au soleil, auxquelles il joignoit un peu de pain d'orge. Il étoit plusieurs jours de la semaine sans prendre aucune sorte de nourriture. S'il recevoit les provisions que des personnes charitables lui apportoient, il ne s'en servoit que pour nourrir les pauvres d'alentour. Il mourut le 16 Mars, vers le commencement du onzième siècle.

Voyez dans Bollandus la vie du Saint, écrite par un anonyme qui avoit été témoin d'une partie de sa vie en France, et qui avoit été instruit de l'autre par ceux qui l'avoient fréquenté. Voyez aussi le P. le Quien, Or. Chr.t. I, p. 428.

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(a) Ancien siége épiscopal de la première Arménie, et au trefois suffragant de Sébaste,

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