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Ce fut à la prière de Sérapion que saint Athanase écrivit la plupart de ses livres contre les Ariens ; et cet illustre défenseur de la consubstantialité du Verbe avoit une telle idée de ce Saint, qu'il le chargeoit de la révision de ses ouvrages résolu de s'en tenir aux corrections et additions qu'il y voudroit faire.

la

Saint Sérapion mourut en exil dans le quatrième siècle. Durant sa vie, on lui entendoit souvent ré péter ces paroles : « L'esprit est éclairé par » science (qui s'acquiert dans la prière et dans la méditation); les passions de l'ame sont guéries » par la charité; la pénitence soumet les appétits déréglés de la chair. Saint Sérapion est nommé en ce jour dans le martyrologe romain.

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Voyez ses écrits, et ceux de saint Athanase, passim ; saint Jérôme, Catal. c. 99; Socrate, Hist. l. 4, c. 23; Sozomène; Hist. 1.4, c. 9; Photius, cod. 85; Tillemont, t. VIII; Ceillier, t. VI, p. 36.

S. ENDÉE OU S. ENNA, ABBÉ en Irlande.

CE Saint étoit fils d'un riche seigneur d'Ergall dans l'Ulster. Touché des pieuses exhortations de sainte Faine sa sœur, qui étoit abbesse de Kill-Aine, sur les frontières du comté de Méath, il quitta le monde pour embrasser la vie religieuse. Îl vécut quelque temps dans le monastère de Rosnal, sous la conduite de l'abbé Mansénus; il retourna ensuite dans son pays, et fonda un grand monastère dans l'île d'Aran ou d'Arn. On y vit accourir plusieurs personnes recommandables par leur vertu : c'est pour cela que l'île d'Arn a été appelé l'ile des Saints. Saint Endée mourut vers le commencement du sixième siècle. La principale église de l'île d'Arn est appelée de son nom Kill-Enda. On

voit son tombeau dans le cimetière d'une autre église de la même île.

Voyez Colgan, sous le 21 Mars.

S. BASILE D'ANCYRE, PRÊTRE ET MARTYR. Tiré de ses actes, publiés par Henschénius et par D. Ruinart. Voyez Tillemont, t. VII, p. 375.

L'AN 362.

BASILE étoit prêtre de l'église d'Ancyre, métropole de la Galatie, dans le temps qu'elle avoit pour évêque Marcel, qui fut exilé par Constance en 336, à cause de son attachement à la foi de Nicée (a). Il menoit une vie sainte et irréprocha→

(a) Marcel composa un traité contre l'arianisme, qu'Eusèbe de Césarée et tous les Ariens condamnèrent comme renfermant les erreurs de Sabellius; mais c'étoit une calomnie de leur part on sait que ces hérétiques accusoient les pasteurs orthodoxes de sabellianisme. On ne peut tirer aucun avantage de ce que saint Hilaire, saint Basile, saint Chrysostôme, Sulpice Sévère, ont imputé cette hérésie à Marcel ; ils avoient été trompés par les clameurs des Ariens. Le pape Jule, auquel l'évoque d'Ancyre en avoit appelé, le reconnut pour catholique, et déclara, en 341, que la doctrine contenue dans son livre contre les Ariens étoit conforme à celle de l'église. Le concile de Sardique, tenu en 347, fit la même déclaration comme nous l'apprenons de saint Hilaire, fragm. 3, p. 1508, 1311, et de saint Athanase, Apol. contra Arianos, p. 165. Ce fut d'après une nouvelle calomnie des Ariens, que saint Hilaire crut que saint Athanase avoit à la fin abandonné et condamné Marcel. Qu'on lise les ouvrages du second, et l'on sera forcé de convenir qu'il ne cessa jamais de défendre l'innocence de l'évêque d'Ancyre. Ce point a été démontré par Montfaucon, t. II, Collect. Patr. Cependant Marcel ayant été informé sur la fin de sa vie, c'est-à-dire, en 372, que saint Basile avoit donné à saint Athanase des soupçons sur sa catholicité, il lui envoya une profession de foi, dans laquelle il condamnoit expressément le sabellianisme. Cet acte a été publié par Montfaucon, loc. cit. Si cette profession de foi eût été connue du P. Pétau, et des autres savans qui ont pensé comme lui, ils auroient sans doute justifié Marcel de l'accusation de sabellianisme, et auroient donné un sens favorable aux

ble, se montrant digne disciple des grands hommes qui l'avoient formé à la pratique des vertus chrétiennes. Son assiduité à prêcher la parole de Dieu, produisoit de merveilleux fruits parmi les fidèles d'Ancyre. Un Arien qui portoit son nom, ayant voulu dogmatiser dans cette ville, il fit entendre sa voix avec le zèle et l'intrépidité d'un prophète : il ne cessoit de crier au peuple d'éviter les pidges qu'on lui tendoit, et de rester inviolablement attaché à la doctrine catholique. Les Ariens, qui le regardoient comme le plus dangereux ennemi de leur secte, lui défendirent, en 360, de tenir des assemblées; mais il n'eut aucun égard à cette injuste défense, et continua tonjours de combattre l'erreur, même en présence de l'empereur Constance.

Pendant que Julien l'Apostat travailloit à réta blir l'idolâtric sur les ruines du christianisme, Basile couroit par toute la ville, afin d'exhorter les fidèles à combattre courageusement pour la cause de Dieu, et à ne point se souiller par les cérémonies abominables des païens. Ceux - ci, outrés de sa sainte hardiesse, se jetèrent sur lui, et le conduisirent devant le proconsul Saturnin. Ils l'accusèrent d'avoir renversé les autels, d'avoir détourné le peuple du culte des dieux, et d'avoir tenu des discours indécens contre l'empereur et sa religion. Alors Saturnin lui demanda s'il ne regardoit pas comme véritable la religion établie par le prince: « La croyez-vous telle vous-même, » répondit le Saint? Car enfin un homme raisonnable peut-il se persuader que des statues

expressions ambiguës qui peuvent se trouver dans son livre contre les Ariens. Nous n'avons plus ce livre, qui avoit été composé dans le dessein de réfuter un ouvrage du Sophiste Astérius, surnommé l'Avocat des Ariens.

> muettes soient des dieux? » Le proconsul, irrité de cette réponse, le fit étendre sur le chevalet, et lui dit, tandis qu'on le tourmentoit : « Connois> sez-vous à présent jusqu'où va le pouvoir de » l'empereur, par le châtiment qu'il fait subir à > ceux qui lui désobéissent? L'expérience vous » l'apprendra. Obéissez au prince, sacrifiez aux » dieux. » Le martyr ayant persisté à dire qu'il ne sacrifieroit jamais, le proconsul l'envoya en prison, et informa l'empereur de tout ce qui s'étoit passé. 1

Julien approuva la conduite que Saturnin avoit tenue il fit partir en même temps Elpidius et Pégase, pour qu'ils examinassent l'affaire sur les lieux. Ces deux commissaires étoient des apostats. En passant à Nicomédie, ils prirent avec eux Asclépius, prêtre d'Esculape, qui d'ailleurs étoit un fort méchant homme. Ils arrivèrent tous trois à Ancyre.

Cependant Basile ne cessoit de glorifier Dieu dans sa prison. Pégase alla l'y trouver, dans l'espérance de le gagner à force de promesses; mais il revint bientôt chez le proconsul, avec la confusion de s'être entendu reprocher généreusement son apostasie. Les commissaires ayant demandé qu'on fit comparoître le Saint devant eux, Saturnin l'envoya chercher. Lorsqu'il fut arrivé, on l'étendit de nouveau sur le chevalet, et on l'y tourmenta avec encore plus de cruauté que la première fois ; il fut ensuite chargé de chaînes pesantes, et reconduit en prison.

Sur ces entrefaites, Julien partit de Constantinople pour aller à Antioche, dans le dessein de se préparer à la guerre de Perse. Etant à Chalcédoine, il prit la route de Pessinonte, ville de Ga latie, afin de sacrifier à Cybèle, qui y avoit un

temple fameux : il y fit décapiter un Chrétien qui n'avoit pas voulu renoncer à sa religion. Lorsqu'il fut arrivé à Ancyre, on lui présenta Basile. A peine le vit-il en sa présence, qu'il lui dit, en affectant l'air d'un homme ému de compassion : « Basile, a j'ai quelque connoissance de vos mystères; je puis vous assurer que celui en qui vous mettez > votre confiance est mort sous le gouverneur » Pilate, et qu'on ne le compte plus parmi les vi> vans. Je ne suis point dans l'erreur, répondit » Basile : c'est vous, Seigneur, qui y êtes, vous › qui avez renoncé Jésus-Christ, dans le temps > même qu'il vous donnoit l'empire; mais je vous › déclare qu'il vous l'âtera dans peu avec la vie. > Il renversera votre trône, comme vous avez › renversé ses autels; et parce que vous avez violé » cette loi sainte que vous avez tant de fois an› noncée au peuple (b), et que vous l'avez foulée › aux pieds, votre corps sera aussi foulé aux pieds, » et restera sans sépulture. Je voulois te sauver, › reprit Julien; mais puisque tu rejettes mes con» scils, et que tu oses même m'outrager, je te > traiterai comme tu le mérites: ainsi j'ordonne » qu'on lève chaque jour sept morceaux deta peau, » jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. » Il commit en même temps à cette exécution le comte Frumentin, capitaine de ses gardes.

Basile, après avoir souffert les premières incisions avec une patience admirable, demanda à parler à l'empereur. Frumentin, croyant qu'il vouloit enfin se rendre et sacrifier, alla lui-même informer Julien de la demande du Saint. L'empereur le fit venir dans le temple d'Esculape, où il le pressa de sacrifier avec les autres : mais Basile répondit qu'il n'adoreroit jamais des idoles sourdes (6) Julien avoit exercé dans l'église l'office de lecteur.

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