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rut le 28 Mars 440, après avoir siégé près de

huit ans.

Voyez les lettres du Saint, le pontifical d'Anastase, avec les notes de Bianchini, etc.

S. GONTRAN, ROI DE BOUrgogne.

GONTRAN, né l'an 525, étoit fils de Clotaire I, et petit-fils de Clovis I et de sainte Clotilde. Il fut couronné, en 561, roi d'Orléans et de Bourgogne. Si, par une suite de la barbarie de ces temps grossiers, il commit quelques crimes, il les effaça depuis par les larmes d'une sincère pénitence. Il fut obligé de prendre les armes contre ses deux frères (a), et contre les Lombards. L'usage qu'il fit des victoires remportées par ses troupes que commandoit le brave Mommol, prouva qu'il n'avoit que des inclinations pacifiques. Après la mort de ses frères, il se déclara ouvertement le protecteur de leurs enfans, qui furent exposés plus d'une fois au danger de perdre la vie. Toute son ambition se bornoit à rendre ses sujets heureux, et c'étoit pour cela qu'il puisoit dans la religion les vrais principes du gouvernement. Il étoit bien éloigné de penser comme ces hommes profanes qui s'imaginent que les lois de la politique ne peuvent s'allier avec les maximes de l'évangile; il pensoit au contraire qu'un état n'est jamais plus florissant que quand la religion est le mobile de la conduite de ceux qui gouvernent aussi son règne fut-il accompagné d'une prospérité constante dans la paix et dans la guerre.

Le vertueux prince eut toujours beaucoup de vénération pour les évêques, qu'il regardoit comme ses pères, qu'il honoroit et consultoit comme ses

(a) Charibert, roi de Paris., et Sigebert, roi d'Austrasie.

maîtres. Il fonda avec une maguificence vraiment royale un grand nombre d'églises et de monastères. Son immense charité pour les malheureux éclata sur-tout dans un temps de peste et de famine. Non content d'avoir donné les ordres les plus précis pour que les malades ne manquassent de rien, il tâchoit par ses prières et ses jeûnes de fléchir la colère céleste. Nuit et jour il s'offroit à Dieu comme une victime prête à recevoir les coups de sa justice, afin d'obtenir la cessation d'un fléau qu'il jugeoit être le châtiment de ses péchés.

Son amour pour la justice le portoit à punir le crime avec sévérité, sur-tout dans ses officiers. Il fit de sages règlemens pour réprimer la licence effrénée des gens de guerre. On ne peut dire avec quelle facilité il pardonnoit les injures qui lui étoient personnelles. Deux assassins subornés par Frédégonde, ayant voulu lui ôter la vie, il se contenta d'en emprisonner un; il épargna l'autre, parce qu'il s'étoit réfugié dans l'église. Ce bon prince mourut le 28 Mars 593, dans la soixante-huitième année de son âge, et la trente-deuxième de son règne. Il fut enterré dans l'église de Saint-Marcel, qu'il avoit fondée à Châlons-sur-Saône. Saint Grégoire de Tours dit qu'il fut témoin oculaire de plusieurs miracles opérés par l'intercession du saint roi. Les Calvinistes profanèrent ses sacrés ossemens dans le seizième siècle; il ne reste plus que son crâne, qui est renfermé dans une châsse d'argent. Saint Gontran est nommé dans le martyrologe romain.

Voyez saint Grégoire de Tours, Frédégaire, et Baillet.

S. JONAS, S. BARACHISE OU BRICHIESUS, ET LEURS COMPAGNONS, MARTYRS.

Tiré de leurs actes sincères, écrits en chaldaïque, et publiés en original par M. Etienne Assémani. Act. Martyr. Orient.

t. I, p. 211. Ces actes sont l'ouvrage d'un témoin oculaire, nommé Isaïe, qui étoit d'une famille considérable d'Arménie, et qui servoit en qualité d'officier dans les troupes du roi Sapor. Métaphraste a donné aussi les actes de nos saints martyrs, mais il s'y trouve beaucoup d'interpolations.

L'AN 327.

Il s'éleva une cruelle persécution contre les Chrétiens de Perse, dans la dix-huitième année du règne de Sapor (a). Ce n'étoit par-tout que ruisseaux de sang, que ruines d'églises et de monastères. Jonas et Barachise, tous deux frères, de la ville de Beth - Asa, ayant appris que plusieurs fidèles devoient être exécutés à Hubaham, y coururent aussitôt, dans le dessein de les servir et de les encourager. Neuf d'entre eux reçurent la couronne du martyre (b).

Immédiatement après l'exécution de ces neuf Chrétiens, Jonas et Barachise, qui les avoient exhortés à mourir plutôt que de renoncer à leur foi, furent arrêtés et conduits devant le juge. Celui-ci leur fit les plus vives instances pour les porter à obéir au roi des rois, c'est-à-dire, au roi de Perse, et à adorer le soleil, la lune, le feu et l'eau. «Il est plus juste, répondirent les Saints, » d'obéir au roi immortel du ciel et de la terre, » qu'à un prince sujet à la mort. » Les mages, irrités d'entendre donner à leur roi le titre de mortel, furent d'avis qu'on séparât les deux confesseurs. Ils firent donc renfermer Barachise dans

(a) Ruinart et Tillemont prétendent que Sapor ne persécuta point les Chrétiens avant la quarantième année de son règne; mais M. Assémani prouve, Praf. gen. et Append. p. 214, par les actes de nos saints martyrs, et par d'autres monumens, qu'il y eut une persécution dans la dix-huitième année du règne de ce prince.

(b) Leurs noms étoient Zébinas, Lazare, Maruthas, Narsès, Elie, Maharès, Habibus, Sabas. Scembaïtas.

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une prison étroite et obscure; pour Jonas, ils le retinrent avec eux, dans l'espérance qu'ils lui persuaderoient enfin de sacrifier; mais tous leurs efforts furent inutiles. Alors le prince des mages ordonna qu'on couchât le martyr sur le ventre, qu'on lui mît un pieu sur le nombril`, et qu'on le frappât rudement avec des verges et des bâtons pleins de nœuds, ce qui fut exécuté sur-le-champ. Jonas ne cessa de prier pendant tout le temps de son supplice. << Dieu de notre père Abraham » s'écrioit-il, je vous rends grâces: faites, je vous » en conjure, que je puisse vous offrir un holo» causte agréable à vos yeux. Je n'ai demandé » qu'une chose au Seigneur, je la chercherai » uniquement (1). Je renonce au culte du soleil, » de la lune, du feu et de l'eau. Je crois au Père » au Fils, au Saint-Esprit, et ne reconnois point » d'autre divinité. » On le jeta ensuite dans un étang glacé, après lui avoir attaché une corde au pied.

Barachise ayant été conduit sur le soir devant les mages, on lui dit que son frère avoit sacrifié. « Il n'en est rien, répondit-il; je le connois trop » pour le juger capable de rendre les honneurs » divins à de viles créatures, » Il s'étendit ensuite » sur la puissance infinie du vrai Dieu, et la peignit avec tant de force et d'éloquence, que les mages eux mêmes en furent étonnés. « Ne » permettons pas, se disoient-ils l'un à l'autre, » qu'il parle en public; il seroit à craindre que ses » discours ne gagnassent ceux de notre religion.» Il fut donc résolu entre eux que Barachise ne seroit plus interrogé que la nuit. Ils ordonnèrent en même temps qu'on lui appliquât sur chaque bras des lames de fer toutes rouges. « Par la fortune (1) Ps. XXVI, 4. Tome III.

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» du roi, lui dirent-ils, si vous faites tomber une » de ces lames, vous renoncez à la foi des Chrétiens. Je ne crains point votre feu, répliqua » tranquillement le martyr ; je ne seconerai point >> les instrumens de mon supplice. Je vous prie > seulement de me faire souffrir sans délai toutes » les tortures que vous me préparez. On est plein » de conrage quand on combat pour Dieu. » Cette constance irrita les mages de plus en plus. Ils ordonnèrent aux bourreaux de verser du plomb fondu dans les marines et dans les yeux du Saint. On le ramena ensuite en prison, où il fut pendu par un pied.

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Le lendemain on tira Jonas de l'étang. Lorsqu'il fut devant les mages, ils lui dirent: « Comment » vous trouvez-vous ? Sans doute que la nuit der>nière vous a été très-douloureuse. Non, répon» dit Jonas; depuis que je suis au monde, je n'ai jamais goûté de délices aussi pures que cette >> nuit. Le souvenir des souffrances de Jésus-Christ » a été pour moi une source de consolation ine!» fable. LES MAGES. Votre compagnon a renoncé. » JONAS. Oui, je sais qu'il a renoncé depuis long>> temps au démon et à ses anges. LES MAGES. Pre» nez garde de périr. Jonas. Si vous êtes sages, » comme vous vous en flattez, dites-moi s'il ne » vaut pas mieux semer le blé, que de le laisser > en tas dans un grenier, sous prétexte de le pré» server des pluies et des orages? Or, cette vie >> est comme une semence que l'on jette sur la » terre; elle produira dans le monde à venir, où » Jésus-Christ la renouvellera dans une gloire >> immortelle. LES MAGES. Vos livres ont trompé » bien du monde. JONAS. Il est vrai qu'ils ont dé» taché un grand nombre de personnes des plaisirs » terrestres.... Lorsqu'un Chrétien, au milieu des

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