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» souffrances, brûle du feu de cet ainour puisé » dans le souvenir de la passion de son Sauveur, »il oublie les richesses, les honneurs et tous les

biens de cette vie passagère; il ne soupire » qu'après la vue du véritable roi, dont l'empire » est éternel, et dont la puissance embrasse tous » les siècles. »

:

Lorsque le martyr eut cessé de parler, on lui coupa les doigts des mains et des pieds, aussi bien que la langue; on lui arracha encore la peau de la tête, après quoi on le mit dans un vase rempli de poix bouillante mais la poix s'échappa tout à coup du vase, sans avoir endommagé le serviteur de Dieu. On l'étendit ensuite sous une presse de bois, où on le serra avec la dernière barbarie. Enfin son corps fut scié par morceaux, et jeté dans une citerne desséchée que l'on fit garder, de peur les Chrétiens n'enlevassent les reliques du

que

Saint.

Les juges reprirent Barachise, et l'exhortèrent à avoir pitié de son corps. Sa réponse fut que Dieu, qui avoit formé son corps, le ressusciteroit, et que les mages avec leur roi seroient un jour cités au tribunal de ce même Dieu. « Finissons, dit un » des juges, nos délais sont injurieux au roi. On » ne gagne rien avec cette espèce d'hommes, ni » par les discours, ni par les tourmens. » Il fut donc décidé entre eux que Barachise seroit battu avec des joncs dont la pointe étoit très-aiguë; qu'après cela, son corps seroit couvert d'éclats de roseau que l'on feroit entrer dans la chair avec des cordes étroitement serrées; que quand il auroit été percé de toutes parts, et que son corps offriroit l'image d'un porc-épic, on le rouleroit par terre. Les mages ne s'en tinrent pas à cette horrible torture, ils firent aussi verser de la poix bouillante

et du soufre dans la bouche du Saint. Ce dernier supplice réunit Barachise à son frère Jonas. Abtusciatas, ancien ami des deux martyrs, acheta leurs corps des Perses.

L'auteur des actes de nos Saints les termine ainsi : « Ce livre, écrit sur la relation de témoins >> oculaires, contient les actes des saints Jonas, » Barachise, etc. martyrs de Jésus-Christ, qui,

après les avoir soutenus dans le combat, leur a » fait remporter la couronne du triomphe. Puisse » Isaïe, fils d'Adab, d'Arzun (c), avoir part à leurs >> prières ! » Cet Isaïe, qui servoit dans la cavalerie du roi Sapor, assista aux interrogatoires et aux tortures des serviteurs de Dieu, et écrivit l'histoire de leurs triomphes.

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Nos Saints martyrs souffrirent le 29 de la lune de Décembre, c'est-à-dire, le 24 du même mois, l'an de Jésus-Christ 327, et le 18. du roi Sapor. Ils sont nommés le 29 Mars dans le martyrologe romain.

En lisant le récit des triomphes des martyrs, nous devons nous approprier les grands motifs qui les soutenoient dans leurs combats. Par une telle conduite, les temps d'épreuves deviendront pour nous une source féconde de mérites. Mais qu'est-ce que Dieu demande de nous dans les épreuves? Que nous les recevions, sinon avec joie, du moins avec résignation et avec patience. En est-il beaucoup dans lesquels on trouve ces saintes dispositions? Combien, par exemple, perdent le fruit qu'ils pourroient retirer de la maladie? Ils ne soupirent qu'après le rétablissement de leur santé, sous prétexte de vouloir remplir les devoirs de leur état, et de travailler à la gloire de Dieu. Aveugles qu'ils sont de ne pas voir que ce désir ardent de (c) En Arménie.

la santé ne vient que des impatiences de l'amourpropre! Non, ils ne souhaiteroient point d'être délivrés de la maladie, s'ils sentoient tout le prix des avantages que produit la patience chrétienne; ou s'ils demandoient la santé, ce seroit sans inquiétude, et en priant Dieu de ne les exaucer qu'autant que sa gloire et leur avantage spirituel n'y seroient point intéressés.

S. ARMOGASTE,

S. ARCHINIME ET S. SATURE, MARTYRS.

GENSERIC, roi des Vandales, en Afrique, persécuta les catholiques, dans l'année 457, avec plus de cruauté que n'avoit encore fait aucun prince arien. Le comte Armogaste fut une des principales victimes de sa fureur. On lui ôta les charges qu'il avoit à la cour, et on lui fit souffrir trois genres de supplices. On le serra d'abord avec des cordes, qui se rompirent toutes les fois qu'il leva les yeux au ciel; on le pendit ensuite par un pied, la tête en bas, mais il parut aussi tranquille en cet état, que s'il eût été couché sur un bon lit. Théodoric, fils du roi, étoit d'avis qu'on lui coupât la tête; ce qui auroit été exécuté, sans un prêtre arien, qui conseilla de choisir un autre genre de mort. Si on lui coupe la tête, disoit-il, ceux de son parti l'honoreront comme martyr, et notre cause en souffrira. Armogaste fut donc envoyé aux mines, dans la Byzacène ; on le relégua ensuite dans le voisinage de Carthage, où son occupation étoit de garder les vaches. Un emploi aussi vil aux yeux des hommes fut ennobli par la cause que défendoit le Saint. Quelque temps après, il prédit l'heure de sa mort; il désigna le lieu où

il vouloit être enterré, et alla recevoir dans le ciel la récompense de ses combats.

Archinime étoit de la ville de Mascula, en Numidie. Ayant résisté généreusement à tous les artifices qu'on mit en œuvre pour le séduire, il fut condamné à avoir la tête tranchée. Déjà le bourreau levoit le glaive pour le frapper; mais on lui laissa la vie, parce que les Ariens n'aimoient point à faire des martyrs, comme nous l'avons observé. On ignore ce que le Saint devint dans la suite. Au reste, le culte que l'église lui rend, prouve qu'il a toujours persévéré dans la foi de Jésus-Christ.

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Sature étoit intendant de la maison d'Hunéric, fils aîné du roi. Il eut la douleur de voir sa propre femme chercher elle-même à le séduire; mais il lui répondit comme Job : « Vous avez parlé » comme une femme insensée (1). Si vous m'ai» miez, vous ne me donneriez pas des conseils capables de me perdre éternellement. Je me >>> réglerai toujours sur ce qu'a dit le Seigneur : Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père » et sa mère, sa femme ct ses enfans, ses frères » et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut › être mon disciple (2). » Ce saint homme, après avoir souffert plusieurs tourmens, fut dépouillé de tout ce qu'il possédoit. On lui défendit de paroître jamais en public, et il passa le reste de sa vie dans une extrême misère; mais Dieu l'enrichit de ses grâces, et l'appela enfin à la possession de son royaume.

Voyez saint Victor de Vite, Hist. Persecut. Vandal. l. 1, n. 14, 15, 16.

(1) Job. II, 9.

(2) Luc. XIV, 26.

S. GONDÈLE, PRINCE DU PAYS DE GALLES.

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GUNDLÉE OU GONDÈLE, étoit fils aîné du roi des Dimétiens, qui habitoient le midi du pays de Galles. Après la mort de son père, il partagea le royaume avec ses six frères, qui tous le respectoient comme leur souverain. I épousa Gladuse (a) dont il eut saint Cadoc, fondateur du célèbre monastère de Llan-Carvan (6). Sa conduite prouva que la pratique de toutes les vertus chrétiennes est possible jusque sur le trône. Il quitta cependant le monde dans la suite, pour se renfermer dans un petit ermitage, situé auprès d'une église qu'il avoit fait bâtir Là, son genre de vie étoit fort austère : il portoit le cilice, ne buvoit que de l'eau, et ne mangeoit que de mauvais pain, sur lequel il mettoit ordinairement de la cendre, encore gagnoit-il par le travail de ses mains, ce qui étoit nécessaire pour sa subsistance; il consacroit à la prière et à la contemplation les jours entiers, et une grande partie de la nuit. Quelques jours avant sa mort, il fit venir saint Dubrice et saint Cadoc, son fils, afin qu'ils lui aidassent à se disposer au passage de l'éternité. Il mourut vers la fin du cinquième siècle, et Dieu le glorifia par un grand nombre de miracles.

Voyez dans Capgrave, et dans Henschénius, la vie du Saint, tirée de la collection de Jean de Tinmouth. Voyez aussi Ussérius, etc.

(a) Elle étoit fille du prince Braghan, d'où le comté de Brecknock tire son nom. Bragham fut père de saint Cadoc et de saint Keyne.

(b) A trois milles de Cowbridge, dans le comté de Gla

morgan.

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