>> » pour le confesser et l'adorer. MARTIEN. S'il n'a >> point de corps, il ne peut avoir non plus de » cœur. ACACE. La sagesse ne tire point son origine du corps; ainsi ce sont des choses indé» pendantes l'une de l'autre. » Martien quitta ce discours, et pressa le Saint de sacrifier, à l'exemple des Cataphryges ou Montanistes, et de porter à l'obéissance le peuple qui dépendoit de lui. « Ce n'est pas à moi, répondit » Acace, que ce peuple obéit, mais à Dieu. Qu'il » m'écoute si je lui conseille des choses justes; » qu'il me méprise au contraire si je lui en conseille de mauvaises, et si je tâche de le pervertir. » MARTIEN. Donnez-moi les noms de tous ceux qui » composent ce peuple. ACACE. Ils sont écrits au » ciel dans le livre invisible de Dieu. MARTIEN. » Où sont les magiciens vos compagnons, et les » prédicateurs de cette erreur artificieuse (b) ? » ACACE. On ne peut détester la magie plus que » nous. MARTIEN. Votre magie est cette nouvelle >> religion que vous introduísez. ACACE. Appelez>> vous magie de renverser souvent d'une seule > parole les dieux que vous craignez, après les » avoir faits vous-mêmes? Pour nous, nous crai>> gnons non celui que nos mains ont forgé, mais >> celui qui est le seigneur et le maître de toute la >> nature, qui nous a créés, et nous a aimés comme » un bon père; qui nous a délivrés de la mort et › de l'enfer, comme un pasteur soigneux et affec»tionné. MARTIEN. Donnez-moi les noms que je >> demande, si vous voulez éviter les tourmens. » ACACE. Je suis devant votre tribunal, et vous » me demandez mon nom; vous demandez aussi >> celui des autres ministres du Seigneur. Comptez» vous en vaincre plusieurs, vous que je confonds (6) Il paroît qu'il entendoit par-là les prêtres. > moi seul? Puisque vous êtes si curieux de noms, » le mien est ACACE; mais je suis plus connu sous > celui d'Agathange. J'ai deux compagnons, Pison, » évêque de Troies, et Ménandre, prêtre. Faites » présentement ce qu'il vous plaira. MARTIEN. Vous »resterez en prison jusqu'à ce que l'empereur ait » vu le procès, et j'attendrai là-dessus ses ordres. » Dèce ayant lu la relation du procès, fut si frappé de la sagesse et de la fermeté d'Acace, qu'il ordonna qu'on lui rendît la liberté, et qu'on lui permît de professer sa religion. Il ne laissa pas de récompenser Martien, en lui donnant le gouvernement de la Pamphylie. La glorieuse confession de saint Acace est datée du 29 Mars 250 ou 251. On ignore s'il y survécut long-temps. Les Grecs, les Egyptiens et tous les Orientaux l'honorent le 31 Mars. Son nom ne se trouve point dans le martyrologe romain. S. GUYON, VULGAIREMENT S. GUY, CE Saint (a) naquit dans le village de Casemar, à trois lieues de Ravenne. Ses parens lui donnèrent une éducation chrétienne, qui développa les heureuses inclinations qu'il avoit pour la vertu. Il reçut la tonsure cléricale dans un voyage qu'il fit à Rome. De retour dans sa patrie, il se mit sous la conduite d'un saint ermite nommé Martin. Trois ans après, il se retira dans le monastère de Pompose, au duché de Ferrare. Ayant été élu abbé de ce monastère, il y fit fleurir la piété; ce qui lui attira un grand nombre de disciples, parmi lesquels (a) Il se nomme en latin Guido et Vido, et en allemand Wit ou Witen. il compta Albert son père, et Gérard son frère. Il mourut en 1046, après avoir gouverné le monastère de Pompose pendant quarante ans. La patience dans les épreuves, l'amour de la solitude et de la prière furent les vertus qui contribuèrent particulièrement à sa sanctification. L'empereur Henri III fit transporter ses reliques dans la ville de Spire en Allemagne, qui l'honore comme son principal patron. Voyez dans Bollandus la vie du Saint, écrite par un de ses disciples. Il y a encore une autre vie de saint Guy, écrite dans le même siècle; elle est beaucoup moins longue que la première. Fin du mois de Mars. 199 1.er Avril. S. HUGUES, ÉVÊQUE DE GRENoble. Tiré de sa vie, écrite deux ans après sa mort par l'ordre du pape Innocent 11. Elle a pour auteur Guigues, cinquième prieur de la grande chartreuse, lequel avoit été ami intime du Saint. Voyez Bollandus sous le premier d'Avril, p. 36; Mabillon, Annal. l. 66, n. 34; Pagi, ad an. 1088, et l'Histoire litter. de la France, t. XI, p. 149. L'AN 1132. LES premiers principes de l'éducation influent beaucoup sur toute la suite de la vie, et il est ordinaire à ceux qui ont été formés à la vertu dès l'enfance, de prendre toujours les maximes de l'évangile pour règle de leur conduite; mais les premières impressions ont une toute autre force quand elles sont aidées et soutenues par les soins et les exemples de parens pieux. Hugues jouit de ce double avantage. Il naquiten 1053, à Château-Neuf en Dauphiné, au diocèse de Valence. Son père, nommé Odilon, étoit un brave officier qui allioit parfaitement les devoirs du christianisme à ceux de sa profession. Il employoit l'autorité que lui donnoit sa place, à maintenir la discipline parmi les soldats, à leur inspirer des sentimens d'amour et de fidélité pour le prince, à les préserver des vices où ils ne tombent que trop souvent, et à leur faire garder les lois de Jésus-Christ. I quitta depuis le monde, pour aller finir ses jours dans la grande chartreuse, sous la conduite de saint Bruno et de ses successeurs. Il y mourut à l'âge de cent ans, après y avoir passé saintement les dix-huit dernières années de sa vie. Hugues, qui avoit beaucoup contribué à sa retraite, lui administra les derniers sacremens. Il exhorta aussi à la mort sa mère, qui étoit restée dans le monde, où elle avoit donné l'exemple de toutes les vertus chrétiennes. Né de parens aussi vertueux, Hugues parut bientôt un enfant de bénédiction. Il fit ses études avec succès, et ne négligea jamais les exercices de piété. Le désir de se consacrer entièrement au service de Dieu, l'ayant porté à embrasser l'état ecclésiastique, il fat nommé à un canonicat de la cathédrale de Valence. Ses talens et sa sainteté le rendirent l'ornement de son chapitre; sa douceur et son affabilité lui gagnèrent les cœurs de tous ses confrères. Il étoit grand, bien fait, mais d'une timidité extraordinaire. Bien loin de se prévaloir de la supériorité de son mérite, il la cachoií par modestie, ce qui lui donnoit un nouveau lustre, sur tout lorsqu'on la découvroit malgré lui. Hugues, évêque de Die, en Dauphiné, qui fut depuis archevêque de Lyon, cardinal et légat du saint siége, étant venu à Valence, eut occasion d'y voir le jeune chanoine. Il fut si charmé de sa vertu et de son esprit, qu'il voulut l'attacher à sa personne. Il l'employa avec succès, durant sa légation, à la réforme de plusieurs abus qui s'étoient glissés parmi quelques ecclésiastiques. En 1080, le légat tint un concile à Avignon. Il y fut question de donner un pasteur à l'église de Grenoble, qui, par les mauvais exemples du dernier évêque, se trouvoit réduite à l'état le plus déplorable. Le légat et les Pères du concile jetèrent les yeux sur Hugues, persuadés que personne n'étoit plus digne que lui d'arrêter le cours des désordres qui demandoient un prompt remède. Ce choix étoit, d'ailleurs, conforme aux désirs du clergé et de tous les habitans de Grenoble ; il n'y eut que le Saint qui s'opposa à son élection, tant étoit |