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Avril. ) Son nom se trouve en ce jour dans le maryrologe romain (a).

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L'amour extraordinaire qu'avoit saint Hugues pour la retraite, n'a rien qui doive nous surprendre. C'est en effet dans la solitude qu'on apprend à connoître Dieu et à se connoître soi-même ; qu'on dẻtache son cœur de toute affection désordonnée, et qu'on lui inspire du goût pour les biens éternels ; qu'on soumet entièrement la chair à l'esprit ; qu'on purifie son ame de toutes les souillures inséparables de la fragilité humaine; qu'on se revêt enfin de Jésus-Christ pour devenir une créature nouvelle. Les occupations des solitaires les rendent en quelque sorte semblables aux anges, puisque, comme eux, ils payent continuellement à Dieu un tribut de louanges, d'adoration, d'amour, d'actions de grâces; mais il faut, s'ils veulent plaire à Dieu et jouir des avantages attachés à leur état, qu'ils se fassent une violence continuelle, qu'ils veillent perpétuellement sur leurs sens, qu'ils aient sans cesse la mort devant les yeux, et qu'ils ne négligent aucun des exercices propres à les entretenir dans l'esprit de componction et de pénitence. Tous les hommes ne sont pas sans doute appelés à une entière séparation du monde; mais tous sont appelés à se dérober de temps en temps au tumulte des affaires pour rentrer en eux-mêmes, et pour se faire une solitude au fond de leur cœur. Voilà le seul moyen qu'ils aient d'empêcher les dépérissemens insensibles qu'éprouve la piété au milieu du commerce du monde; sans cette précaution, ils ne tarderont point à se relâcher, et bientôt ils per

(a) Saint Hugues est compté parmi les écrivains ecclésiastiques, principalement à cause de son Cartularium, ou recueil de chartes, avec des remarques historiques fort curieuses lequel se garde Ms. à Grenoble. Cet ouvrage a été utile au dernier éditeur du glossaire de du Cange.

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dront cette vie de la foi, qui est l'unique principe de toutes les actions chrétiennes.

S. MÉLITON, Évêque de Sardes, en Lydie.

CE Saint fut élevé à l'épiscopat sous le règne de l'empereur Marc-Aurèle. Il adressa à ce prince, en 175, une apologie très-solide de la religion chrétienne. Nous n'avons aucuns détails sur les autres actions de sa vie ; nous savons seulement que l'esprit de prophétie dont il étoit doué dans un degré éminent, lui fit donner le surnom de Prophète. Il composa plusieurs ouvrages qui sont souvent cités par les anciens. Dans un de ses ouvrages, il donna un catalogue des livres de l'ancien Testament que l'église universelle reconnoît pour canoniques (a). Il enseigne de la manière la plus claire, que JésusChrist étoit véritablement Dieu avant tous les siè-, cles, et véritablement homme depuis sa naissance de la sainte Vierge. Ces paroles ont servi merveilleusement à confondre les Ariens et les Eutychiens (b).

Voyez Eusèbe, Hist. l. 4, c. 26, l. 5, c. 24, et S. Jérôme, Catal. c. 24.

S. GILBERT, ÉVÊQUE DE CATHNESS, EN ÉCOSSE.

CE Saint entra dans l'ordre des chanoines régu. liers, que l'esprit de prière, de mortification et de pénitence avoit rendu très-célèbre. Son mérite et ses vertus le firent élire archidiacre de Murray puis évêque de Cathness. Il gouverna son diocèse avec beaucoup d'édification durant l'espace de vingt

(a) Cè catalogue nous a été conservé par Eusèbe. (b) Les unes sont citées par Anastase le Sinaïte, in Odego, c. 13, les autres par Eusèbe, Hist. l. 5, c. 28, et par Chronique pascale sous l'olympiade 256.

la

ans. Sa sainteté, qui le rendoit comparable aux pasteurs des premiers siècles, fut récompensée par le don des miracles. Il mourut l'an 1240. On trouve un office en son honneur dans le bréviaire d'Aberdeen, sous le premier Avril.

Voyez le bréviaire d'Aberdeen, et Keith, in Catal. Episcop. Scot.

S. FRANÇOIS DE PAULE,

FONDATEUR DE L'ORDRE DES MINIMES.

Tiré de la bulle de sa canonisation, et des mémoires qui ont rapport, lesquels ont été publiés, avec des notes, par le P. Papebroch, t. I, April. p. 103. Voyez Philippe de Commines, l. 6, c. 8; le P. de Coste, Minime, auteur d'une bonne vie du Saint le P. Giry, provincial des Minimes, dans ses Vies des Saints, et dans sa Dissertation sur saint François de Paule; Hélyot, Hist. des Ordres relig. t. IX, p. 426; le Continuateur de Fleury, l. 115, n. 111, 120, 144.

:

L'AN 1508.

FRANÇOIS naquit, vers l'an 1416, à Paule, petite ville de la Calabre (a). Ses parens, sans être riches, trouvoient dans leur industrie le moyen de subsister d'une manière honnête. Ils étoient contens de leur état par principe de religion, et ne se proposoient dans toute leur conduite que l'accomplissement de la volonté divine. Ayant vécu plusieurs années ensemble sans avoir d'enfans, ils s'adressèrent à Dieu par l'intercession de saint François d'Assise, pour en obtenir un fils ; ils s'engagèrent en même temps, si leurs vœux étoient exaucés, à consacrer ce fils au service du Seigneur. Ce qu'ils désiroient si ardemment leur fut accordé : ils eurent un fils, de la naissance duquel ils se crurent toujours redevables à leurs prières; on le nomma

(a) Près de la mer de Toscane, et à moitié route de Naples à Reggio.

François au baptême. Ceux qui lui avoient donné le jour, prirent un soin particulier de lui inspirer de bonne heure de grands sentimens de piété ; et ils avoient la consolation de le voir entrer dans leurs vues, et aller même au-delà de ce qu'on devoit naturellement attendre de son âge. Il fit paroître en effet, dès son enfance, beaucoup d'amour pour la prière, la retraite et la mortification (b).

Lorsqu'il eut atteint sa treizième année, son père, nommé Martotille, le mit chez les Franciscains de la petite ville de Saint-Marc. Le Saint apprit chez ces religieux les premiers principes de sciences, et jeta les fondemens de cette vie austère qu'il mena toujours depuis. Il s'interdit dès-lors l'usage du linge et de la viande; et quoiqu'il n'eût pas fait profession de la règle de saint François, il ne laissoit pas de la suivre dans tous ses points; il y ajoutoit même de nouvelles mortifications, et donnoit à tous les religieux l'exemple de la plus rigoureuse pénitence. Un an se passa de la sorte.

Le Saint pria ensuite ses parens de l'accompagner dans les pélerinages qu'il avoit envie de faire à Assise, à Rome et à Notre-Dame-des-Anges. De retour à Paule, il se retira, avec leur consentement, dans une solitude peu éloignée de sa patrie; mais ne s'y trouvant pas assez tranquille, ni suffisamment séparé du commerce du monde, il s'avança vers la mer, et se creusa une caverne dans le coin d'un rocher. Il avoit alors à peine

(6) Saint François de Paul eut une sour nommée Brigide, qui fut mariée à Antoine d'Alesso, gentilhomme calabrais. De ce mariage sortit André d'Alesso, qui vint en France avec saint François de Paule. Brigide devint par-là la tige des maisons d'Alesso, de Chaillou, d'Eaubonne, d'Ormesson de Léseau, de Courcelles, etc. qui ont toujours été distinguées par de grandes charges, sur-tout dans la robe. Elles se font gloire encore aujourd'hui d'appartenir à la famille de saint François de Paule.

Tome III.

I

quinze ans: il couchoit sur le roc, et ne vivoit que des herbes qu'il alloit cueillir dans le bois voisin, ou que des ames charitables lui apportoient quelquefois.

Deux personnes pieuses se joignirent au saint ermite, qui n'avoit pas encore vingt ans révolus, et embrassèrent le même genre de vie que lui. Les habitans des lieux voisins leur bâtirent à chacun une cellule avec une chapelle où ils s'assembloient pour chanter les louanges de Dieu. Un prêtre de la paroisse venoit leur dire la messe. Le nombre des disciples de François ayant considérablement augmenté, il entreprit, en 1454, de bâtir, avec la permission de l'archevêque de Cosenza, une église et un monastère. Lorsqu'on fut instruit de son projet, on vint lui aider de toutes parts à l'exécuter. Chacun s'empressoit à porter les matériaux; il y eut même des personnes distinguées par leur naissance qui voulurent mettre la main à l'œuvre. François fit plusieurs miracles en cette circonstance. Un de ces miracles fut la guérison d'une maladie qui avoit été jugée incurable par les forces de la nature; celui sur lequel elle avoit été opérée en attesta la vérité, avec serment, dans le procès de la canonisation du serviteur de Dieu.

Quand les bâtimens du monastère furent ache vés, le Saint y logea ses disciples. Il s'appliqua d'abord à établir la régularité parmi eux, et à les assujettir à des pratiques uniformes. Pour lui, il ne diminua rien de ses premières austérités. Il est vrai qu'il ne couchoit plus sur le roc; mais il n'avoit d'autre lit qu'une planche ou la terre nue; une pierre ou un tronc d'arbre lui servoit d'oreiller. Ce ne fut que dans sa vieillesse qu'il consentit à coucher sur une natte. Il ne mesuroit le temps du sommeil que sur les bornes étroités de la

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