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du Plessis. Il y est resté entier jusqu'à l'an 1562, que les Huguenots le brûlèrent avec le bois d'un grand crucifix (m). Les catholiques retirèrent du feu quelques-uns des os, que l'on garde chez les minimes du Plessis, de Nigeon, de Paris, d'Aix, de Naples, de Paule, de Madrid, etc.

La plupart des hommes, livrés à la vanité ou subjugués par l'amour du monde, recherchent avidement toutes les occasions de se produire au grand jour. La solitude leur est insupportable; ils craignent d'habiter avec eux-mêmes, et toute leur vie se passe dans un cercle continuel d'occupations frivoles, et souvent dangereuses. Ils ne trouvent pourtant point le bonheur après lequel ils soupirent; ils ne rencontrent au contraire que trouble et affliction. On ne doit pas s'en étonner. C'est en Dieu, c'est dans son propre cœur, si la charité y règne, que l'homme trouvera la vraie félicité. Ceux qui, comme saint François de Paule, sont convaincus de cette importante vérité, font leurs délices de la solitude; ils savent que c'est là où l'on peut converser avec Dieu, et purifier les affections de son cœur: mais le détachement des créatures dans lequel ils vivent, ne les empêche pas de paroître en public, lorsque la charité ou les devoirs de leur état l'exigent; ils ont seulement l'attention d'épurer les motifs qui les font agir, et de se proposer pour unique but l'accomplissement de la volonté divine. Ils se conduisent à l'extérieur comme les autres hommes; mais ils ne perdent jamais de vue cette maxime de l'apôtre: Vous êtes

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(m) Voyez Hélyot, Hist. des Ordres religieux; Baillet et le père de Coste. Ce dernier donne, p. 482, l'histoire des horribles profanations que les Huguenots commirent en pillant le couvent et l'église du Plessis ; il donne aussi l'extrait du procès-verbal et des informations qui furent faites par le présidial de Tours, dans les années 1562 et 1565,

morts au monde, et votre vie est cachée en Dieu avec Jésus-Christ (2).

S. APPIEN, MARTYR A CÉSARÉE EN PALESTINE.

APPIEN (a) naquit en Lycie, de parens riches et distingués par leur noblesse. On l'envoya à Béryte, en Phénicie, où il y avoit alors des écoles célèbres d'éloquence, de philosophie et de droit romain : il fit des progrès rapides dans toutes ces sciences. Dieu l'ayant amené à la connoissance de la vérité, il conçut un grand amour pour la prière et pour la retraite, et se préserva par-là des écueils auxquels la fougue des passions expose la jeunesse. De retour dans sa patrie, il travailla à la conversion de ses parens, qui étoient toujours idolâtres. La douleur qu'il eut de les voir persister opiniâtrément dans les superstitions du paganisme, lui fit prendre le parti de s'éloigner de leur maison. Il se retira à Césarée, en Palestine, n'étant âgé que de dix-huit ans, et augmenta le nombre des disciples de saint Pamphile, qui expliquoit l'écriture sainte dans cette ville avec autant de piété que d'érudition.

Tandis qu'il fréquentoit l'école de saint Pamphile, Galère-Maximien, qui avoit été proclamé empereur d'Orient, le premier Mai 305, ralluma le feu de la persécution. Ce prince envoya des lettres à Césarée, par lesquelles il étoit ordonné au gouverneur d'obliger tous les sujets de l'empire de se trouver aux sacrifices. Appien, qu'un pareil ordre toucha d'une vive douleur, n'attendit point qu'on le cherchât pour déclarer ses sentimens. Il sortit, dit Eusèbe, sans avoir communiqué son dessein à personne, pas même à nous, (2) Coloss. III, 3.

(a) Appelé aussi Aphien et Amphien.

avec lesquels il demeuroit; il alla brusquement au temple, et s'approcha du gouverneur Urbain, les soldats de la garde, qui ne se doutoient de rien, lui ayant permis de passer. Lorsqu'il le vit lever la main pour offrir le sacrifice, il le saisit par le bras, et l'arrêta, en lui disant qu'on ne devoit adorer que le vrai Dieu, et que le culte rendu aux idoles étoit sacrilége. Cette action hardie ne s'accordoit pas avec les règles ordinaires de la prudence; mais dans cette circonstance, Dieu inspira le jeune Appien, qui n'avoit point encore vingt ans, pour confondre l'impiété des idolâtres, et pour montrer jusqu'à quel point un disciple de Jésus-Christ portoit le mépris de la mort.

Les gardes, surpris d'une telle hardiesse, se jettent sur lui, le renversent par terre, le frappent rudement, et le couvrent de blessures; ils le mènent ensuite dans une obscure prison, où il passa vingt-quatre heures, ayant les pieds dans les ceps ou entraves de bois ; on le conduisit, après cela, devant le gouverneur, qui lui fit souffrir d'horribles tortures. On lui déchira les côtés avec les ongles de fer, jusqu'à lui laisser les os et les entrailles à découvert. On lui meurtrit tellement le visage à coups de verges plombées, qu'il devint méconnoissable à ceux mêmes qui le connoissoient le mieux. Il étoit cependant impossible de tirer de lui d'autres paroles que celles-ci: Je suis serviteur de Jésus-Christ. Le gouverneur, transporté de rage, lui fit envelopper les pieds d'une toile trempée dans l'huile, à laquelle on mit le feu. La flamme, après avoir consumé les chairs, pénétra jusqu'aux os, et l'on voyoit la graisse distiller comme de la cire fondue. Sa constance remplit les bourreaux d'étonnement; et lorsqu'ils l'exhortoient à obéir aux ordres de l'empereur, il leur

répondoit avec tranquillité : « J'adore Jésus-Christ, qui est un même Dieu avec son père. »

Appien fut reporté dans la prison, et y demeura trois jours; après quoi on le fit comparoître de nouveau devant le gouverneur, qui, le trouvant toujours inébranlable, ordonna qu'il fût jeté dans la mer. On vit alors un prodige dont tous les habitans de Césarée furent témoins oculaires, au rapport d'Eusèbe. Le martyr, aux pieds duquel on avoit attaché des pierres, ne fut pas plutôt tombé dans l'eau, qu'il s'éleva une grande tempête, et qu'on sentit dans la ville les secousses d'un violent tremblement de terre. Les vagues poussèrent le corps du Saint vis-à-vis d'une des portes de Césarée, comme si la mer eût refusé de le garder dans son sein. Tout le monde accourut à ce prodige. On rendit gloire au Dieu des Chrétiens, et l'on confessa hautement le nom de Jésus-Christ. Saint Appien reçut la couronne du martyre le 2 Avril 306, à la dix-neuvième année de son âge.

Voyez Eusèbe, témoin oculaire de ce qu'il rapporte, de Martyr. Palest. c. 4, et les actes du Saint, écrits en chaldaïque, que M. Etienne Assémani a publiés, Act. Martyr. t. II, p. 188.

S.te THÉODOSIE,

VIERGE ET MARTYRE A CÉSARÉE, EN PALESTIne.

CETTE Sainte étoit de la ville de Tyr, en Phénicie. Elle fut élevée dans la religion chrétienne, et s'engagea par vœu à vivre dans la virginité. Etant à Césarée en 308, elle s'approcha des confesseurs qu'on tenoit enchaînés devant le palais du gouverneur Urbain, en attendant le moment de l'interrogatoire; elle les félicita sur le bonheur qu'ils avoient de souffrir pour Jésus-Christ, les exhorta

à confesser généreusement leur foi, et les pria de se souvenir d'elle lorsqu'ils seroient devant Dieu. Les gardes lui firent un crime d'une telle conduite, l'arrêtèrent, et la menèrent au gouverneur, qui depuis plus de trois ans travailloit inutilement à exterminer le nom chrétien de sa province. Urbain prit l'air intrépide avec lequel Théodosie parut en sa présence, pour une insulte faite à son pouvoir. Elle fut donc étendue par son ordre sur le chevalet, où les bourreaux, après lui avoir déchiré les côtés avec les ongles de fer, lui coupèrent les mamelles avec la dernière barbarie. La Sainte souffrit cette affreuse torture sans laisser échapper ni plaintes, ni soupirs; on remarquoit même sur son visage une sérénité et une gaieté que rien n'étoit capable d'altérer. Votre cruauté, disoit» elle au juge, me procure un bonheur qu'il me » seroit douloureux de voir différer. Je me réjouis » d'être appelée à la couronne du martyre, et je > remercie Dieu de tout mon cœur de m'avoir » jugée digne d'une telle grâce. » Le gouverneur voyant qu'elle ne mouroit point, malgré toutes les tortures auxquelles il l'avoit condamnée, la fit jeter dans la mer. D'autres confesseurs, furent envoyés aux mines de Palestine (a). Sainte Théodosie n'avoit que dix huit ans lorsqu'elle donna sa vie pour Jésus-Christ. Son martyre arriva le 2 Avril 308. On l'honore avec une dévotion particulière à Venise et dans d'autres lieux. Elle est. nommée dans les calendriers des Latins, des Grecs et des Russes:

Voyez ses actes écrits en chaldaïque, et publiés par M. Etienne Assémani, Act. Martyr. t. 11, p. 204 ; et Eusèbe, de (a) Le gouverneur ne survécut pas de beaucoup à l'exécution de sainte Théodosie. L'empereur le fit décapiter pour ses crimes. Ainsi Dieu se plaît quelquefois à punir les pécheurs dès cette vie.

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