Images de page
PDF
ePub

S. RICHARD,

ÉVÊQUE DE CHICHESTER, EN ANGLETERRE.

Tiré de sa vie écrite par Raoul Bocking, qui fut quelque temps son confesseur. Elle est divisée en deux livres, et dédiée à Isabelle, comtesse d'Arundel. On la trouve dans le recueil des Bollandistes. Surius n'a fait qu'en donner un abrégé. Voyez dans Capgrave une autre vie du Saint, écrite peu de temps après sa mort, et les remarques du P. Papebroch, t. I, April. p. 277.

L'AN 1253.

CE Saint étoit second fils de Richard et d'Alice de Wiche. Il naquit au château de Wiche, lieu connu par ses salines (a), à quatre milles de Worchester. Il parut, dès son enfance, fort porté à la vertu. Il étoit ennemi des bagatelles, et de tous ces amusemens pour lesquels on est si passionné dans le premier âge. Tout son temps étoit employé aux exercices de la religion, ou à l'étude des sciences. Jamais il n'avoit plus de plaisir que quand il trouvoit l'occasion d'obliger les autres.

La fortune de son frère ayant été dérangée, il se chargea de faire valoir ses terres, et à force de soins et d'industrie, il vint à bout de raccommoder ses affaires, et de le mettre en état de subsister honnêtement. Après cette bonne œuvre, il se rendit à Paris pour y continuer ses études, qu'il avoit commencées à Oxford. Il vécut en France, avec deux amis choisis, d'une manière très-aus

(a) Wiche, aujourd'hui Droitwich, est un des bourgs qui ont droit d'envoyer des députés au parlement. On tire, par le moyen du feu, une grande quantité de sel de ses sources d'eau salée, ainsi que de celles du comté de Chester, qui sont appelées Wyche d'un mot anglo-saxon de là viennent les noms de Nantwich, de Hantwich, de Midlewich et de Northwich. On trouve aussi dans ce dernier lieu du sel de roche.

tère. Du pain bis et de l'eau étoient sa nourriture ordinaire, excepté que les dimanches et les principales fêtes il mangeoit un peu de viande ou de poisson, par complaisance pour ceux qui venoient le visiter.

De retour en Angleterre, il prit à Oxford le grade de maître-ès-arts; il alla ensuite à Bologne en Italie pour y étudier le droit canonique. Il fit tant de progrès dans cette science, qu'on le chargea d'en donner des leçons publiques. Il n'exerça pas long-temps la fonction de professeur. Il revint à Oxford, où son mérite lui attira l'estime et la vénération de toute l'université, qui le choisit enfin pour son chancelier.

Saint Edmond, archevêque de Cantorbéry, l'ayant invité à venir dans son diocèse, obtint, après des instances réitérées, ce qu'il demandoit. Il l'attacha à son église, dont il le fit chancelier, et lui confia le soin des plus importantes affaires de son diocèse. Richard répondit parfaitement à l'opinion que l'archevêque de Cantorbéry avoit conçue de lui. Il vivoit toujours dans une grande simplicité, et consacroit ses revenus à des œuvres de charité. Son désintéressement étoit à l'épreuve de toutes les sollicitations, et on ne put jamais le déterminer à recevoir aucun des présens qu'on fait quelquefois aux personnes qui occupent de pareilles places. Saint Edmond ayant été exilé en France, Richard l'y accompagna, el demeura avec lui jusqu'à sa mort (6). Il se retira ensuite chez les dominicains d'Orléans: il s'appliqua dans leur couvent à l'étude de la théologie, et y reçut la prêtrise, après quoi il repassa en Angleterre, pour y desservir une cure dans le diocèse de Can

(6) Saint Edmond mourut dans l'abbaye de Pontigny en France, en 1240.

torbéry. Boniface, successeur de saint Edmond, l'obligea de reprendre la place de chancelier, et de continuer à rendre service à son diocèse.

Raoul Nevil, évêque de Chichester, étant mort en 1244, Robert Passelew, protégé par le roi Henri III, fut nommé pour lui succéder. Celui-ci n'avoit aucune des qualités propres au saint ministère. Le métropolitain et ses suffragans, après l'avoir examiné, le jugèrent inhabile à l'épiscopat, et déclarèrent que la présentation du roi étoit nulle; ils élurent en sa place Richard de Wiche, qui fut sacré en 1245. Henri, piqué de cette élection envoya saisir le temporel de l'évêque de Chichester, qui eut beaucoup à souffrir et du prince et de ses officiers. L'affaire fut portée au pape Innocent IV, qui confirma l'élection de Richard. Le Saint obtint à la fin main-levée de la saisie de son temporel; mais il trouva ses revenus dans un fort mauvais état.

[ocr errors]

Débarrassé de tout autre soin, il donna toute son attention au gouvernement de son diocèse : il visitoit les malades, enterroit les morts, recherchoit les pauvres et soulageoit leurs misères. Son intendant se plaignant un jour à lui de ce que ses aumônes excédoient ses revenus, il lui répondit qu'il n'avoit qu'à vendre sa vaisselle et son cheval. Un incendie lui ayant causé une perte considérable, il n'en devint pas plus économe envers les malheureux. « Qui sait, disoit-il à ce sujet, si Dieu n'a » pas permis cet accident pour nous punir de ce » que nous sommes trop attachés aux biens de ce » monde?» Sa piété pour Dieu étoit aussi tendre que solide. On eût dit qu'il étoit dans une perpétuelle contemplation des choses célestes. Il prêchoit avec une onction et un fruit, qui supposoient un homme doué de l'esprit de prière dans un degré

éminent. Il supportoit les injures avec patience, et ne répondoit que par des bienfaits au mal que lui faisoient ses ennemis. Son zèle à maintenir la discipline étoit inflexible, sur-tout lorsqu'il s'agissoit de punir les ecclésiastiques déréglés. Le roi, l'archevêque de Cantorbéry et plusieurs autres prélats, s'intéressèrent en vain pour un prêtre qui avoit commis une faute contre la sainteté de son état. Quoiqu'ils ne demandassent qu'un adoucissement à la peine portée contre lui, jamais ils ne purent l'obtenir mais cette inflexibilité ne s'étendoit pas aux pécheurs pénitens; Richard les traitoit avec charité, et les recevoit avec une tendresse incroyable.

Il fut chargé de prêcher une croisade contreles Sarrasins; mais il fut attaqué de la fièvre, tandis qu'il s'acquittoit de sa commission. Sentant approcher sa dernière heure, il la prédit à ceux qui étoient autour de lui, et se prépara avec beaucoup de ferveur à paroître devant Dieu. Il mourut dans l'Hôtel-Dieu de Douvres le 3 Avril 1253, dans la neuvième année de son épiscopat, et la cinquante - sixième de son âge.

Il fut porté à Chichester, et enterré dans la cathédrale, devant l'autel qu'il avoit lui-même consacré à la mémoire de saint Edmond. On mit son corps dans un lieu plus honorable le 16 Juin 1276. Le bruit des guérisons miraculeuses opérées à son tombeau, et de la résurrection de trois morts, déterminèrent le pape à nommer des commissaires pour examiner la vérité de ces faits, dont plusieurs furent constatés de la manière la plus authentique. Saint Richard fut solennellement canonisé par Urbain IV en 1262.

S. ULPIEN, MARTY R.

CE Saint étoit un jeune Chrétien de Tyr en Phénicie. Encouragé par l'exemple d'Appien et de plusieurs autres martyrs de Césarée en Palestine, il confessa généreusement Jésus-Christ devant Urbain, gouverneur de la province. Il souffrit les coups de fouet et les tortures du chevalet avec une fermeté inébranlable; on le jeta ensuite dans la mer, après l'avoir cousu dans un sac de cuir avec un chien et un aspic.

Voyez Eusèbe, de Martyr. Palest. c. 5.

S. NICETAS, ABBÉ EN BITHYnie.

SAINT NICETAS étoit de Bithynie. Son Père, nommé Philarète, qui avoit quitté le siècle après la mort de sa femme, le fit élever dans des monastères où l'on pratiquoit de grandes austérités. Le jeune Nicétas ne tarda pas à imiter les modèles de vertu qu'il avoit sous les yeux. La prière et la lecture de l'écriture sainte étoient presque son unique occupation. Les jeunes et les veilles avoient tellement affoibli et exténué son corps, qu'il res sembloit moins à un homme qu'à un squelette ambulant. En macérant ainsi sa chair, il augmentoit l'activité de son ame, et la rendoit, par l'exercice de la contemplation, capable de s'approcher de plus près de la divinité.

Nicétas, qui vouloit toujours croître en perfection, alla vivre dans un monastère qui suivoit la règle des Acémètes : c'étoit celui de saint Serge de Médicion. Il étoit sur le Mont-Olympe, du côté de la ville de Prusse en Bithynie; il avoit été fondé, vers l'an 770, par saint Nicéphore, qui en étoit

« PrécédentContinuer »