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minicains le plus proche de votre ville, de régler ce qui concerne le lieu de ma sépulture. Quand il eut donné cette réponse, il reprit les actes de religion qu'il avoit interrompus pour quelques instans. Il désiroit souvent que son ame fût délivrée des liens du corps, afin d'aller s'abîmer dans l'immensité de Dieu. Le dixième jour de sa maladie, il se fit lire la passion du Sauveur, et récita les sept psaumes de la pénitence, après quoi il expira tranquillement, le mercredi d'avant le dimanche des Rameaux, cinquième jour d'Avril de l'année 1419. Il étoit âgé de 62 ans 2 mois et 13 jours. La duchesse de Bretagne, qui étoit Jeanne de France, fille de Charles VI, lava le corps du Saint de ses propres mains. Il s'opéra des miracles par la vertu de l'eau qui avoit servi à cette cérémonie, ainsi que par l'attouchement des habits, de la ceinture, etc. du serviteur de Dieu.

Le duc de Bretagne et l'évêque de Vannes décidèrent que Vincent seroit enterré dans la cathédrale. Le pape Calixte III le canonisa en 1455; mais la bulle de sa canonisation ne fut publiée que trois ans après par Pie II. On leva son corps de terre en 1456. Les Espagnols ayant demandé inutilement qu'on le transportât à Valence, résolurent, en 1590, de l'enlever secrètement, comme un trésor qui leur appartenoit, Pour prévenir leurs desseins, on cacha la châsse qui le renfermoit. On la découvrit en 1637, ce qui donna lieu à une seconde translation, qui se fit le 6 Septembre; après quoi on mit cette châsse sur l'autel d'une chapelle qui venoit d'être bâtie dans la cathédrale, et elle y est encore exposée à la vénération des fidèles (f).

(f) Saint Vincent Ferrier ne laissa pas, malgré ses grandes occupations, de composer quelques écrits. On a de lui, 1.o

L'humilité de saint Vincent Ferrier se soutint au milieu des honneurs et des applaudissemens qu'il recevoit de toutes parts. La manière dont il paile de lui-même dans son traité de la Vie spirituelle, montre jusqu'à quel point il portoit cette vertu. «Toute ma vie, dit-il (c. 16), n'est que » puanteur je ne suis qu'infection dans mon » corps et dans mon ame; tout en moi exhale une » odeur de corruption, causée par les abomina» tions de mes péchés et de mes injustices, et ce un Traité de la Vie spirituelle, ou de l'homme intérieur ; 2.o un Traité sur l'Oraison Dominicale; 3.o une Consolation dans les tentations contre la Foi; 4.o des Lettres au nombre de sept. Les Sermons imprimés sous son nom ne peuvent être de lui, comme Dupin et Labbe l'ont observé. 1.o Saint Vincent Ferrier y est lui-même cité. 2.o On n'y trouve rien qui porte l'empreinte du caractère et du génie de ce grand homme. Peut-être que ces sermons sont l'ouvrage de quelqu'un qui avoit entendu prêcher et le Saint et ses compagnons. On attribue encore au Saint un traité sur la fin du monde et sur l'anlechrist.

Quelques personnes ont reproché à saint Vincent Ferrier d'avoit dit affirmativement que la fin du monde étoit proche : mais les expressions dont il se sert ont un bon sens, et ne signifient autre chose que ce qu'elles signifient dans les écrits des apôtres et des Pères. Dans la réalité, la durée du monde est bien courte, et l'on a dans les calamités publiques, des signes qui rappellent sans cesse sa dernière destruction. Le Saint pouvoit donc profiter de ces circonstances, pour exciter plus efficacement le peuple à la crainte de ce jour redoutable. Quant au temps où il arrivera, Dieu seul le connoît; et le cinquième concile général de Latran a défendu aux prédicateurs d'en parler, soit pour le prédire, soit pour le fixer. Conc. t. XIV, p. 240.

D'autres ont blâmé ces troupes de pénitens qui suivoient Vincent avec des disciples mais ces personnes n'agissoient de la sorte que par des motifs louables, et que pour se punir de leurs péchés; il ne faut donc pas les confondre avec ces fanatiques d'Allemagne, connus sous le nom de Flagellans. Ces derniers étoient des hérétiques qui faisoient consister toute la pénitence dans des disciplines ou flagellations extérieures, croyant suppléer par-là aux effets salutaires des sacremens. Notre sujet n'exige point que nous parlions de plusieurs autres abus qui s'ensuivoient de cette hérésie. Voyez Gerson, t. II, p. 660, edit. nov.

» qui est encore pis, je sens cette puanteur s'ac» croître en moi tous les jours, et devenir de plus >> en plus insupportable. » Il n'y a point, selon lui, de vraies vertus sans l'humilité. «Quiconque aime » à disputer et à contredire par orgueil, ne sera » jamais solidement vertueux. Jésus-Christ cache » sa vérité aux orgueilleux, et ne la découvre » qu'aux humbles (c. 1). » Le Saint réduit les règles de la perfection à trois choses, qui sont, 1. d'éviter les distractions extérieures causées par les soins superflus; 2.° de préserver son cœur de l'enflure de l'orgueil; 3.o de bannir tout attachement immodéré aux choses sensibles. Mais il exige de ceux qui veulent pratiquer ces trois choses, 1.o qu'ils désirent sincèrement le mépris et l'abjection; 2. qu'ils aient une dévotion très-affectueuse à Jésus crucifié; 3.o qu'ils soient patiens dans les souffrances pour l'amour de notre adorable Sauveur. (c. ult.)

S. TIGERNAKE, Évêque en Irlande.

CE Saint (a) reçut le baptême des mains de Conlathe, évêque de Kildare. Il fut enlevé, dans sa jeunesse, par des pirates, qui le conduisirent en Bretagne. Un roi de cette ile, dans les mains duquel il tomba, s'attendrit sur son sort, l'aima pour sa vertu, et le mit dans le monastère de Rosnat. Tigernake, instruit à l'école des afflictions, comprit tout le néant des biens du monde, et résolut de chercher le vrai bonheur dans le service de Dieu. Etant retourné en Irlande, il y fut sacré évêque malgré Jui; mais il ne voulut point se charger du gouvernement de l'église de Clogher, dont

(a) Il étoit fils de Corbre, célèbre général d'armée, et de Deafraych, fille d'un rọi d'’Írlande, nommé Eochod.

on l'élut pasteur, en 506, après la mort de Maccartin. Il fonda l'abbaye de Cluanois ou Clones, au comté de Monaghan, et y fixa son siége épiscopal (b). Il devint aveugle dans sa vieillesse, et passa le reste de sa vie dans une petite cellule, uniquement occupé de la prière et de la contemplation. Ussérius

met sa mort en 550.

Voyez les actes de ce Saint dans Henschénius.

S. SIXTE OU XISTE I, PAPE ET MARTyr. Voyez Eusèbe, l. 4, c. 5, et Tillemont, t, II, p. 240. Second siècle.

SIXTE succéda au saint pape Alexandre, vers la fin du règne de Trajan. Il gouverna l'église près de dix ans, dans un temps où la dignité de vicaire de Jésus-Christ coûtoit ordinairement la vie à celui qui en étoit revêtu. On ne sait rien du détail de ses actions. Tous les martyrologes s'accordent à lui donner le titre de martyr. Il paroît que ce n'est pas Sixte qui est nommé dans le canon de la messe, mais plutôt Sixte II, dont le martyre est fort célèbre dans l'église. On garde une partie des reliques de notre Saint dans l'abbaye de saint Michel, en Lorraine. Elles y furent solennellement déposées par le cardinal de Retz, auquel le pape Clément X en avoit fait présent (a).

La conduite des premiers pasteurs de l'église rendoit un témoignage bien éclatant à la divinité du christianisme. Quelle idée les païens ne devoientils pas avoir de l'évangile, lorsqu'ils en voyoient pratiquer si fidèlement la morale, aux dépens même de ce qui est le plus cher à la nature ? Aussi la

(6) Ce siége est présentement uni à celui de Clogher. (a) Voyez Baronius, sous l'an 154.

sainteté des premiers successeurs des apôtres contribua-t-elle merveilleusement à la conversion du monde. Comment résister en effet à des hommes qui prêchoient d'exemple les vertus prescrites par le Sauveur? Leurs exemples tiroient encore un nouveau degré de force, soit de la disposition continuelle où ils étoient de confirmer leur foi par l'effusion de leur sang, soit de l'empressement et du courage avec lequel ils le versoient.

S. CÉLESTIN I, PAPE.

Voyez Tillemont, t. XIV, et D. Ceillier, t. XIII, qui ont ramassé tout ce que les anciens auteurs disent de ce Saint.

L'AN 432.

CELESTIN, Romain de naissance, succéda au pape saint Boniface, dans le mois de Septembre de l'année 423. Son élection se fit d'une voix unanime. Lorsque la nouvelle de son exaltation fut arrivée en Afrique, saint Augustin lui écrivit pour l'en féliciter. Il le conjure dans la même lettre, par la mémoire de saint Pierre, qui défend aux pasteurs toute espèce de violence et de tyrannie, de ne pas accorder sa protection à l'évêque de Fussale, qu'un concile de Numidie avoit condamné à réparer ses rapines et ses extorsions.

Cet évêque se nommoit Antoine. Il avoit d'abord été disciple de saint Augustin, et ce Saint avoit beaucoup contribué à le faire élire évêque; mais cette dignité fut la cause de sa perte l'orgueil étouffa ses heureuses dispositions; l'avarice mit le comble à ses désordres. Saint Augustin fut un de ceux qui s'élevèrent avec le plus de force contre lui. Son zèle étoit d'autant plus ardent, qu'il craignoit qu'on ne le rendit responsable des crimes

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