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une réponse aussi ferme, les condamna à être décapités, ce qui fut exécuté sur-le-champ. A l'entrée de la nuit, Jazdundocte fit ensevelir leurs corps, qui furent enterrés, cinq à cinq, à une assez grande distance de la ville elle avoit pris toutes ses précautions pour n'être pas découverte. par les mages.

Nos saints martyrs étoient de l'Adiabène (a). Ils souffrirent à Séleucie, le 6 de la lune d'Avril, qui étoit le 21 de ce mois, l'an 344 de Jésus-Christ, le sixième de la grande persécution, et le trentesixième du règne de Sapor. Ils sont nommés en ce jour dans le martyrologe romain.

S. VINEBAUD,

ABBÉ DE SAINT-LOUP DE TROYES.

SAINT WINEBAUD ou VINEBAUD naquit, vers le milieu du sixième siècle, à Nogent-sur-Seine, dans le diocèse de Troyes. L'éducation chrétienne qu'il reçut le préserva des dangers auxquels on est exposé dans la jeunesse. Etant entré dans l'état ecclésiastique, il se consacra tout entier au service de Dieu, et se fit dans sa patrie une solitude, où il pratiqua de grandes austérités. Gallomagne, son évêque, instruit de ses vertus, le pria de venir à Troyes, dans l'espérance qu'il tireroit beaucoup

(a) Cette province, nommée Hadiab par les Syriens, et Hazam par les Arabes, contenoit la plus grande partie de l'ancienne Assyrie, et n'étoit guères habitée que par des Chrétiens. La foi y avoit été annoncée de bonne heure; et il paroît qu'Hélène, reine des Adiabéniens, embrassa, ou du moins favorisa le christianisme dans le premier siècle de l'église. Voyez Baronius, ad an. 44, n. 66. Îzates, fils d'Hélène les successeurs de ce prince, contribuèrent beaucoup à la propagation de l'évangile; ce qui à fait dire à Sozomène, Hist. 1. 2, c. 12, que l'Adiabène étoit, pour la plus grande partie, habitée par les Chrétiens.

Tome III.

M*

et

de secours de ses prières et de ses services. Quelque temps après, les moines de Saint-Loup l'élurent pour abbé. Il redoubla ses austérités, et s'interdit tout ce qui auroit été capable de donner aux sens la moindre satisfaction. Les aumônes abondantes qu'il distribuoit, le firent regarder comme le père des pauvres. Vers l'an 614, il alla trouver le roi Clotaire II, et le réconcilia avec saint Leu, évêque de Sens, qui avoit été exilé en Normandie. 11 mourut le 6 Avril 620 ou 623, et fut enterré dans son monastère. Ce monastère ayant été brûlé par les Normands, on enleva le corps du Saint en 892. On construisit depuis une nouvelle église, qui fut donnée, vers l'an 1135, à des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin, et on y déposa les reliques de saint Vinebaud.

Voyez la vie anonyme de ce Saint, qui paroît sincère. Elle a été publiée par Henschénius et par Camusat, Promptuar. Sacr. Antiquitat. Tricass. Diac. n. 288 et 300.

S. PRUDENCE,

ÉVÊQUE DE TROYES EN CHAMPAGNE.

PRUDENCE, néen Espagne, passa en France pour se soustraire à la fureur des infidèles, et changea alors son nom de Galindo en celui de Prudence. Son rare mérite le fit élever, en 840 on 845, sur le siége épiscopal de Troyes. Il fut un des plus savans prélats de l'église gallicane, et il étoit consulté de toutes parts comme un oracle. Nous apprenons par son sermon sur sainte Maure, vierge, qu'il prêchoit souvent; qu'il vaquoit avec assiduité à toutes les fonctions de l'épiscopat, et qu'il admihistroit encore les sacremens de pénitence, de l'eucharistie et de l'extrême-onction.

Ce fut vers le même temps que Gotescale, qui

avoit fait profession dans l'abbaye d'Orbais, au diocèse de Soissons, commença à dogmatiser sur la prédestination. Ce moine vagabond enseignoit que Dieu avoit prédestiné les réprouvés au péché et à l'enfer, de sorte qu'il n'étoit point en leur pouvoir d'éviter ni l'un ni l'autre. Nottingue, évêque de Bresse ou de Véroue, instruisit de ses erreurs Raban Maur, archevêque de Mayence, qui jouissoit alors d'une grande réputation de vertu et de savoir. Celui-ci, après avoir examiné Gotescalc dans un concile tenu à Mayence en 848, condamna ses blasphemes et l'envoya au célèbre Hincmar, archevêque de Rheims, son métropolitain ( a ).

(a) Voyez le P. Hardouin, t. V, Conc. p. 15, 16; les annales de Fulde, sous l'an 848, Op. Agobardi append. Raban Maur étant abbé de Fulde, fit de son monastère la plus célèbre école de sciences qu'il y eût en Europe. Il fut archevêque de Mayence depuis l'an 847 jusqu'à l'an 856, qu'il mourut le 4 de Février. On trouve son nom dans quelques martyrologes particuliers d'Allemagne quoiqu'il n'ait jamais été honore d'un culte public. Voyez Bollandus, Febr. t. I, p. 511, et Mabillon, t. VI, Act. SS. Ben. p. 37. Tous les écrits de Raban Maur furent imprimés en six tomes à Cologne, en 1626. Nous allons en donner la notice. 1.o Le livre de la Grammaire, qui n'est qu'un extrait de Priscien le Grammairien, lequel écrivoit vers l'an 525. 2.o Le traité de l'Univers, écrit vers l'an 844. Il est divisé en vingt-deux livres, et ne contient guères que des définitions de noms et de termes qui ont rapport à l'écriture sainte. 3. Les deux livres de la Croix, composés à la prière d'Alcuin. Cet ouvrage, qui reçut de grands éloges dans le temps, est plus singulier qu'utile. 4. Des Commentaires sur l'Ecriture qui ne sont qu'une compilation de ceux des anciens. 5. Plusieurs Homélies sur divers points de la morale chrétienne, sur les principales fêtes de l'année, etc. 6. Traité des Allégories de l'écriture. 7.o Traité de l'institution des Clercs et des cérémonies de l'Eglise ou des Offices divins, divisé en trois livres. C'est un des plus importans ouvrages de Rahan Maur. 8.9 Traité des Ordres sacrés, des Sacremens, et des Habits sacerdotaux. Traité de la Disci pline ecclesiastique. Ces deux traités ont à-peu-près le même objet que le précédent. 9.o Traité de la vision de Dieu, de la pureté de cœur, et de la manière de faire pénitence. Ce ne sont que des extraits de ce que l'auteur avoit lu dans les

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Celui-ci, avec Wenilon de Sens, et plusieurs autres évêques, examina de nouveau la doctrine du

Pères. 10. Un Pénitentiel. 11.° Traité sur le Mariage entre parens, et sur les Magiciens. 12.° Traité de l'Ame. 13. Un Martyrologe, composé vers l'an 845. Le prologue de ce martyrologe a été publié par D. Mabillon, Analect. p. 419, d'après un Ms. de la bibliothèque de S. Gal. 14.° des Poésies, divisées en trois parties. Browerus les a publiées à la suite de celles de Fortunat. On y trouve le Veni Creator; ce qui a porté quelques auteurs à l'attribuer à Raban Maur. 15. Le livre de l'Invention des Langues. 16. Plusieurs Lettres. 17.° Un Traité sur diverses questions tirées de l'ancien et du nouveau Testament, soit contre les Juifs, soit contre les infidèles, ou les hérétiques judaïsans. D. Martène l'a publié, Anecd. t. V, p. 401, d'après un ancien Ms. de l'abbaye de SaintSerge à Angers. C'est un tissu de passages de l'écriture et des Pères. 18. Traité des Corévêques, donné par Baluze à la fin de la Concareia sacerdotii et imperii de M. de Marca, et dans la collection des Conc. du P. Labbe, t. VIII. Baluze y a joint un autre ouvrage de Raban intitulé, de la révérence que les enfans doivent à leurs pères, et les sujets à leurs rois. 19. Le Livre des vices et des vertus, imprimé à Anvers, en 1560, dans le recueil des anciens rites ecclésiastiques, par Wolfgangus Lazius. 20. Discours sur la Passion, publié par D. Bernard Pez, d'après un Ms. de l'abbaye de Molk, d'environ trois cents ans, Anecd. t. 11, part. 2, p. 8. L'hymne Gloria, laus, honor, y est citée sans le nom de l'auteur qu'on sait être Théodulfe d'Orléans, qui mourut en 821, et qui nous a laissé des capitulaires avec d'autres ouvrages en vers et en prose, dont le P. Sirmond donna une édition en 1646. Vid. Opera Sirmundi Venetiis, 1728, t. II. 21.o Traité du calcul, ou de la supputation des temps, publié par Baluze, Miscel. t. I, p. 1, et præfat. in. t. I, Miscel. 22. Traité contre ceux qui contredisent la règle de saint Benoit, donné par D. Mabillon d'après en Ms. de l'abbaye de Molk, Annal. t. II, append. p. 726. 23.o Un Glossaire latintudesque sur tous les livres de l'ancien et du nouveau Testament. Voyez Lambécius, Bibl. I. 2, c. 5, p. 415, 416 et 952.

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Quoiqu'on trouve dans les écrits de Raban Maur quelques endroits qui ont besoin d'application, son style cependant est simple, clair, naturel et concis; il écrit moins bien en vers qu'en prose; il lui est même échappé des fautes contre la prosodie. Voyez Cave, Hist. litter. t. II, p. 36, D. Ceillier, t. XVIII, p. 735.

Hincmar, moine de Saint-Denis, fut élu archevêque de Rheims en 845, et mourut en 882. On a de lui, 1. un Traité sur la prédestination et le libre arbitre, contre Gotescalc et

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moine d'Orbais, dans un synode qui se tinten 849, à Quercy-sur-Oise, au diocèse de Soissons (b). Gotescalc n'ayant point voulu se soumettre, fut condamné, dégradé de la prêtrise, et emprisonné dans l'abbaye de Hautvilliers, au diocèse deRheims. les autres prédestinatiens, composé en 859. Hincmar avoit fait un autre ouvrage sur la prédestination, qui n'est point parvenu jusqu'à nous. 2. Un traité de la Trinité, contre Gotescalc. 3. Deux traités sur le divorce du roi Lothaire et de la reine Thietberge. Hincmar appuie ce qu'il y dit sur l'autorité de l'écriture, des conciles et des Pères. Il cite pourtant quelquefois des ouvrages apocryphes. 4.° Plusieurs Capitulaires. 5. Traité sur le service de la table de Salomon. 6.• Discours de la personne du roi, et du ministère royal. L'auteur y traite des qualités et des devoirs d'un prince par rapport à l'état, de sa prudence dans la distribution des grâces et des bienfaits, et de la manière dont il doit punir. Ce discours est adressé au roi Charles, ainsi qu'un autre sur les vertus et les vices. 7. Traité de la nature de l'ame, dédié au roi Charlesle-Chauve. 8.° Instructions pour Carloman. Elles ont pour objet d'apprendre au jeune prince la conduite qu'il doit tenir, et les moyens qu'il lui faut employer pour la réformation de l'église et de l'état. 9.° Traité contre les Ravisseurs. 10. Mémoires contre les Clercs ordonnés par Ebbon. 11.° Le livre des cinquante-cinq Chapitres ou réfutation de deux mémoires envoyés par Hincmar de Laon. 12.o Traité sur l'épreuve de l'eau froide. Hincmar tâche d'y autoriser, par l'écriture, l'épreuve de l'eau chaude et de l'eau froide. 13.• Traité sur le droit des Métropolitains. 14.° Traité des translations des Evêqaes. Les translations qui se font par un motif d'ambition ou d'intérêt, y sont condamnées comme contraires aux lois de l'église et à la tradition des apôtres. 15. Traité des devoirs d'un Evêque. 16.o Traité des Prêtres criminels. 17. Règles pour le jugement de la cause de Teutfride, prêtre. Hincmar y fait l'application des règles qu'il avoit données dans le traité précédent. 18. Traité sur le concile de Nicée, où l'on trouve plus d'imagination que de solidité. 19. Traité sur le Serment. 20.o Plusieurs Lettres, qui renferment des choses importantes sur le dogme, la discipline le droit canonique etc. Elles sont mieux écrites que les autres ouvrages d'Hincmar, dont le style est en général lâche et diffus.

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Le P. Sirmond publia les œuvres d'Hincmar à Paris en 1645, 2 vol. in-fol. Le père Cellot donna un troisième volume en 1658. Voyez Cave, Hist. littér. t. II, p. 33, Ceillier, t. XIX.

(6) Quercy étoit une maison royale.

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