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une attention extrême à fuir tout ce qui est capable de donner la plus légère atteinte à la chasteté. Il ne parloit jamais aux femmes ; Ou s'il étoit obligé de le faire, il se tenoit à une certaine distance d'elles, et ne disoit que ce qui étoit nécessaire.

Lorsque la paix eut été rendue à l'église par la mort de l'empereur Valens, Aphraate retourna dans sa cellule, où il s'endormit dans le Seigneur. « Je suis persuadé, dit Théodoret, en parlant de » lui, qu'il a plus de pouvoir devant Dieu après » sa mort, qu'il n'en avoit lorsqu'il étoit sur la » terre, et voilà pourquoi j'implore son interces»sion. » Toute l'église a suivi l'exemple de Théodoret. Saint Aphraate est nommé le 29 Janvier dans le synaxaire des Grecs et dans les calendriers des autres églises orientales. Le martyrologe romain en fait mémoire le 7 Avril.

La qualité d'homme de prière convient égalementà tous les Saints; mais elle caractérise principalement ceux qui ont embrassé la vie anachorétique ou monastique. C'est par la prière que plusieurs d'entre eux sont parvenus à un tel degré de perfection, qu'ils paroissoient plus semblables à des anges qu'à des hommes. Il n'est pas nécessaire d'être un grand génie pour savoir prier. Il suffit d'être humble et pur de cœur, de connoître ses misères et d'aimer Dieu. On s'exprimera toujours bien, si l'on parle d'après ce que l'on sent. Saint Bruno étoit sans doute un homme habile et éloquent; cependant, lorsque son ame étoit unie à Dieu par la plus sublime contemplation, il ne disoit que ces mots : O bonté! ô bonté ! ô bonté infinie! el ces mots étoient plus énergiques que tous les discours; aussi désiroit-il les répéter sans cesse dans ce monde, et continuer de les prononcer

avec de nouveaux transports d'amour durant toute l'éternité.

S. HÉGÉSIPPE, AUTEUR ECCLÉSIASTIQUE.

HÉGÉSIPPE, l'un des plus anciens Pères de l'église, puisqu'il vivoit peu de temps après les apôtres, éloit Juif de naissance, et membre de l'église de Jérusalem. Ayant fait un voyage à Rome, il y demeura près de vingt ans (a). Il retourna ensuite en Orient, où il mourut dans un âge fort avancé (b).

C'étoit un homme rempli de l'esprit des apôtres, et doué d'une profonde humilité, qui se manifeste, dit saint Jérôme, par la simplicité de son style.

Saint Hégésippe écrivit, en 133, une histoire de l'église, divisée en cinq livres : elle commençoit à la passion de Jésus-Christ, et venoit jusqu'au temps de l'auteur. On ne sauroit trop regretter la perte de cet ouvrage. Le Saint montroit dans son histoire la suite de la tradition, et y faisoit voir que, malgré les efforts des hérésies, aucune église particulière n'étoit tombée dans l'erreur, et que le dépôt des vérités enseignées par JésusChrist, avoit été conservé précieusement jusqu'à son temps (c). Son témoignage avoit d'autant plus de force, qu'il avoit visité en personne toutes les principales églises de l'Orient et de l'Occident (d).

(a) Jusqu'à l'an 177.

(6) A Jérusalem, et dans l'année 180 de Jésus-Christ, selon la chronique d'Alexandrie.

(c) Voyez Eusèbe, Hist. l. 4, c. 22, ed. Vales.

(d) Il ne faut pas confondre notre Saint avec un autre Hégésippe, qui a donné principalement, d'après l'historien Josephe, cinq livres de la ruine de Jérusalem. Ce dernier écrivit avant la chute de l'empire d'Occident, mais après le règne de Constantin le Grand. Voyez Mabillon Mus Italic. t. I, p. 14, et Cave, Hist. littér. t. 1, p. 265.

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S. AIBERT, RECLUS.

AIBERT naquit, en 1060, dans le village d'Espain, au diocèse de Tournai. Il montra dès son enfance, beaucoup d'inclination pour la retraite, et un grand amour pour l'oraison. Il étoit très-exact aux offices de sa paroisse et aux instructions de son pasteur. On découvrit qu'il passoit à genoux une grande partie de la nuit, et qu'il se prosternoit par terre lorsqu'il ne pouvoit plus se tenir dans cette posture. Il avoit un soin extrême de se cacher lorsqu'il prioit, et souvent il lui arrivoit de se retirer dans des lieux écartés pour s'entretenir plus librement avec Dieu. Il n'étoit pas moins attentif à cacher ses jeûnes, et il se conduisoit à l'extérieur, de manière à faire croire qu'il mangeoit comme les autres.

Un cantique qu'il entendit sur les austérités et les vertus du saint ermite Thibaut, mort depuis peu, lui fit prendre la résolution de renoncer entièrement au monde. Il alla trouver un prêtre du monastère de Crespin (a), nommé Jean, à qui son abbé avoit permis de vivre en reclus dans une cellule écartée. Jean le reçut et l'instruisit dans les voies de la perfection mais le disciple eut bientôt surpassé le maître. Le pain étoit fort rare chez eux ; ils ne se nourrissoient ordinairement que d'herbes sauvages. Ils ne voyoient point de feu, et ne mangeoient jamais rien de cuit.

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Le Saint ayant pris l'habit dans le monastère de Crespin, continua de pratiquer ses premières

(a) En Hainaut, entre Valenciennes et Saint-Guislain. L'église de Crespin avoit été fondée dans le septième siècle par saint Landelin. Elle fut desservie par des chanoines séculiers jusqu'au onzième siècle, qu'elle passa aux Bénédictins. Rainer, Sous lequel saint Aibert prit l'habit, fut le premier abbé du monastère de Crespin.

austérités. Il couchoit sur la terre nue, et récitoit le psautier pendant la nuit, avant matines. On l'élut prévôt et cellérier; mais la dissipation inséparable de ces charges ne donna pas la moindre atteinte au recueillement intérieur de son ame. Lorsqu'il eut passé vingt-cinq ans dans la communauté, il reprit, avec la permission de l'abbé Lambert, la vie érémitique. Il se fit bâtir une cellule dans un désert fort stérile, et y pratiqua les plus grandes austérités. Au bout de trois ans, il s'interdit l'usage du pain, et se réduisit aux herbes pour le reste de ses jours.

Comme on venoit le consulter de toutes parts, Burchard, évêque de Cambrai, dans le diocèse duquel il étoit, l'ordonna prêtre, et lui fit bâtir une chapelle dans sa cellule. Il lui donna en même temps des pouvoirs pour administrer les sacremens de pénitence et d'eucharistie, pouvoirs qui lui furent confirmés par les papes Paschal II et Innocent II. Le Saint disoit chaque jour deux messes: l'une pour les vivans, et l'autre pour les morts (6). I alla recevoir la récompense de ses mérites vers l'an 1140. Sa mort arriva le 7 Avril, jour auquel il est nommé dans les martyrologes de France et des Pays-Bas.

Voyez dans Surius et Bollandus la vie du Saint, écrite par l'archidiacre Robert, qui l'avoit connu particulièrement.

LE BIENHEUREUX HERMAN JOSEPH, de l'ordre dE PRÉMONTRÉ.

LE bienheureux Herman naquit à Cologne, de parens fort pauvres, sous le règne de l'empereur

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(6) Il n'est plus permis aux prêtres de dire plusieurs messes par jour, excepté la fête de Noël, depuis la défense qui leur en a été faite par le pape Honorius III. Cap. Te referente. De Celebratione.

Frédéric Barberousse. A l'âge de douze ans, il entra dans le monastère de Steinfeldt, possédé par les chanoines réguliers de l'ordre de Prémontré (a). Le jeûne, la mortification, l'humilité et la prière furent les moyens par lesquels il s'éleva jusqu'à la plus sublime contemplation. Il reçut du Ciel des faveurs signalées, mais il fut aussi éprouvé par de longues tentations. On remarqua toujours en lui une tendre dévotion envers la sainte Vierge. Le souvenir du mystère de l'incarnation lui inspiroit les plus vifs transports d'amour pour Jésus-Christ. Il étoit comme ravi hors de luimême, quand il récitoit le cantique Benedictus, qui se dit à laudes. On ne peut dire jusqu'où il portoit le désir des humiliations et des mépris. Frappez-moi au visage, dit-il un jour à un » paysan. » Celui-ci, étonné, lui ayant demandé pourquoi il vouloit qu'il le frappât, il lui répondit: « C'est que je suis une créature remplie de péchés » et d'abominations. Je ne serai jamais aussi hu» milié et méprisé que je le mérite. » Le bienheureux Herman mourut le 7 Avril 1236. Ce fut sa chasteté qui lui fit donner le surnom de Joseph. Il est honoré parmi les saints de son ordre en divers endroits des Pays-Bas. Son corps est à l'ab baye de Steinfeldt, où il y a un autel dédié sous son invocation. On trouve de ses reliques à Anvers chez les Prémontrés; à Louvain, dans l'abbaye du Parc; à Cologne, chez les Chartreux, et dans l'église paroissiale de Saint-Christophe.

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L'empereur Ferdinand II sollicita la canonisation du serviteur de Dieu, et l'on envoya à Rome les preuves des miracles opérés par son intercession; mais il n'a jamais été canonisé. Son nom a pourtant été inséré au 7 Avril dans le martyrologe (a) Dans le duché de Juliers, au diocèse de Cologne.

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