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des chanoines réguliers de saint Augustin, lequel a été approuvé par le pape Benoît XIV (b).

Voyez dans Bollandus, April. t. I, p. 682, la vie du B. Herman Joseph, écrite par un Prémontré de grande vertu, ainsi que deux autres vies, et les pièces que l'on avoit recueillies pour sa canonisation.

S. DENYS, ÉVÊQUE DE CORIN THE.

Voyez Eusèbe, Hist. l. 4, c. 23, et saint Jérome, in Catal. c. 30.

Deuxième siècle.

SAINT DENYS, évêque de Corinthe, florissoit sous le règne de Marc-Aurèle. Il fut un des pasteurs qui se distinguèrent le plus dans le second siècle, et par leur vertu et par leur éloquence. Son zèle avoit trop d'activité pour qu'il se bornât à l'instruction des fidèles confiés à ses soins. Il écrivit encore à diverses églises des lettres pleines d'un esprit vraiment apostolique. Malheureusement elles ne sont point parvenues jusqu'à nous, et il ne nous en reste que quelques fragmens dans l'histoire ecclésiastique d'Eusèbe.

Une de ces lettres étoit adressée aux fidèles de Rome. Saint Denys les y remercioit des aumônes qu'ils avoient envoyées. « Dès le commencement » du christianisme, leur disoit-il, vous avez cou» tume de rendre toutes sortes d'assistances aux » fidèles, et de fournir aux besoins de plusieurs » églises. Vous avez pourvu par votre libéralité à » la subsistance des pauvres, et de ceux des frères » qui travailloient aux mines; en quoi vous vous

(6) Le B. Herman Joseph a composé un commentaire sur le Cantique des Cantiques, et plusieurs traités de piété. On doit le compter parmi les plus célèbres contemplatifs, tels que Thomas à Kempis, sainte Thérèse, Thaulère, Harphius, Blosius, Lansberge, Hilton, etc.

» êtes montrés imitateurs de vos ancêtres. Le bien>> heureux Soter, votre évêque, loin de porter >> atteinte à cette louable coutume, y a donné, au » contraire, un nouveau degré de force et d'éten>> due. Non-seulement il a soin de distribuer les au » mônes destinées au soulagement des fidèles, mais > il console aussi, avec la tendresse d'un père, ceux >> d'entre eux qui vont à Rome.... Nous avons lu » votre lettre, et nous la lirons toujours, ainsi » que celle qui nous a été écrite par Clément, et » en les lisant, nous ne manquerons point de pré» ceptes très-salutaires (a). » Saint Denys se plaiguoit ensuite que ses lettres avoient été corrompues par les hérétiques. « J'ai écrit quelques lettres à la prière de nos frères; mais elles ont été falsifiées » par les ministres du démon, qui y ont fait des >> retranchemens et des additions..... On ne doit » pas s'étonner que le texte de la sainte écriture >> ait été corrompu par des faussaires, puisqu'ils » n'ont pas épargné des ouvrages d'une bien moin» dre autorité. »

Comme les hérésies des premiers siècles venoient moins des fausses interprétations de l'écriture, que des erreurs enseignées dans les écoles des philosophes païens, elles n'étoient presque toutes qu'un amas de rêveries, mêlées à quelques superstitions du paganisme. Saint Denys les combattit, et montra de quelle secte de philosophes chacune d'entre elles tiroit son origine.

Il est honoré le 29 Novembre par les Grecs. qui lui donnent le titre de martyr, parce qu'il souffrit beaucoup pour la foi. Il paroît cependant

(a) Le Clément dont il s'agit ici est le saint pape de ce nom. Les lettres adressées aux églises pour l'instruction des fidèles se lisoient après l'écriture sainte, et la célébration des divins mystères.

qu'il mourut en paix. Les Latins l'honorent le 8 Avril, mais seulement comme confesseur.

Le corps d'un saint Denis ayant été porté de la Grèce à Rome, le pape Innocent III l'envoya aux Bénédictins de Saint-Denis en France. Ces religieux, qui se croyoient déjà en possession du corps de saint Denis l'Aréopagite, prirent celui-ci pour le corps de saint Denys de Corinthe, et ils en ont toujours fait la fête depuis.

On ne peut s'empêcher d'admirer les impénétrables jugemens de Dieu, quand on se rappelle que des hommes éclairés d'abord des plus pures lumières de l'évangile, ont abjuré la foi, pour donner dans les hérésies les plus monstrueuses. Ne cherchons la cause de toutes les errreurs en matière de foi, que dans le défaut de la simplicité du cœur. Cette simplicité, inconnue aux mondains, est une vraie sagesse qui nous fait soumettre à Dieu notre cœur et notre esprit. Elle a pour. base la connoissance de soi-même, l'humilité et la charité, comme elle a pour ennemis l'attachement aux créatures, l'amour désordonné de soi-même et la duplicité. Lorsqu'on possède cette vertu, on jouit d'une paix que rien ne peut troubler. L'ame tranquille dans le sein de Dieu, se résigne parfaitement à sa volonté, qu'elle désire accomplir en toutes choses. La simplicité du cœur dispose à embrasser la révélation divine, quand il est prouvé que Dieu a parlé; elle dissipe aussi les nuages que forment les passions, et préserve l'esprit de ces ténèbres dont l'épaisseur a coutume de dérober la lumière de la foi.

S. ÉDÈSE, MARTYR A ALEXANDRIE.

CE Saint, né en Lycie, province de l'Asie mineure, étoit frère de saint Aphien ou Appien, qui

fut martyrisé à Césarée, et dont nous avons parlé sous le 2 Avril. Il avoit été philosophe de profesfession, et il continua d'en porter l'habit, même après qu'il eut embrassé le christianisme. Il fut long-temps disciple de saint Pamphile à Césarée. Durant la persécution de Galère-Maximien, il confessa Jésus-Christ devant les magistrats, fut mis plus d'une fois en prison, et enfin condamné aux mines de la Palestine ; ayant été ensuite remis en liberté, il alla en Egypte, où il devoit remporter la couronne du martyre.

L'Egypte avoit alors pour préfet Hiéroclès, l'un des plus barbares persécuteurs qu'ait jamais eu le christianisme ( a ). Edèse se trouvant à Alexandrie, fut sensiblement touché de la manière horrible avec laquelle on traitoit des hommes graves, ainsi que des outrages qu'on faisoit à des vierges et à des femmes vertueuses, dont on sacrifioit l'honneur à d'infâmes marchands d'esclaves. Il alla trouver le préfet pour lui reprocher ses cruautés envers les Chrétiens, et sur-tout l'indignité avec laquelle il exposoit la pudicité des vierges. Il fut condamné à divers genres de tortures, qu'il souffrit avec une constance héroïque. Enfin on lé jeta dans la mer, où il consomma son sacrifice (b)..

Voyez Eusèbe, de Martyr. Palest. c. 5, et les actes chaldaïques du Saint, publiés par M. Assémani, Act. Martyr. t. II, p. 195.

(a) C'est cet Hiéroclès qui écrivit contre la religion chrétienne, et qui fit un parallèle insensé des prétendus prestiges d'Apollonius de Thyane, avec les miracles de Jésus-Christ. Il fut solidement réfuté par Eusèbe.

(6) Saint Edèse souffrit quelque temps après saint Aphien son frère, comme nous l'apprenons de ses actes chaldaïques, publiés par M. Assémani. On ne doit point suivre Henschénius, qui soutient l'opinion contraire.

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S. PERPÉTUE, VULGAIREMENT S. PERPET, ÉVÊQUE DE TOURS.

PERPETUE, que l'on compte pour le huitième évêque de Tours depuis saint Gatien, sortoit d'une famille de sénateurs, et possédoit de grands biens en diverses provinces; mais il ne se servit de ses revenus que pour l'utilité de l'église et le soulagement des malheureux. Il n'eut pas plutôt été élevé sur le siége de Tours, qu'il travailla de toutes ses forces à faire fleurir la piété dans son diocèse. Il tint plusieurs synodes, où l'on dressa des règlemens pleins de sagesse. Le Saint y prescrivit la manière de célébrer les veilles des grandes fêtes dans les différentes églises de la ville. Il y ordonnoit de jeûner le mercredi et le vendredi, excepté depuis la Saint-Jean-Baptiste, jusqu'à la fin d'Août, depuis Noël jusqu'au 14 Janvier, et durant tout le temps pascal. Il y ordonnoit encore que l'on jeûneroit un troisième jour de la semaine, depuis la fête de saint Martin jusqu'à celle de Noël, et l'on croit que ce jour étoit le lundi. Quoiqu'il en soit, ce troisième jour prouve l'antiquité de l'Avent. Les règlemens dont nous venons de parler s'observoient encore lorsque saint Grégoire écrivoit son histoire, c'est-à-dire, 120 ans après la mort de saint Perpétue.

Ce grand serviteur de Dieu avoit beaucoup de vénération pour les Saints : il honoroit leurs reliques, décoroit les châsses qui les renfermoient, el embellissoit les églises fondées sous leur invocation. Celle de saint Martin, bâtie par saint Brice, lui paroissant trop petite pour contenir les fidèles qui y venoient de toutes parts, il en fit construire une autre beaucoup plus vaste et plus magnifique. Tome III.

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