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Quand elle fut achevée, et qu'il en eut fait solennellement la dédicace, il y transporta le corps de saint Martin le 4 Juillet 473.

Rien ne prouve mieux combien il aimoit les pauvres, que son testament qui est parvenu jusqu'à nous, et qu'il signa le premier Mars 475, 15 ou 16 ans avant sa mort. Il y remet d'abord à ses débiteurs tout ce qu'ils pouvoient lui devoir; ensuite, après avoir légué sa bibliothèque et quelques fonds à son église, il institue les pauvres ses héritiers. Voici de quelle manière il commence: «Au » nom de Jésus-Christ, ainsi soit il. Je, Per» pétué, pécheur, prêtre de l'église de Tours, » n'ai pas voulu mourir sans avoir fait connoître mes dernières volontés, de peur que les pauvres »> ne fussent oubliés dans le partage de mes biens.» Peu après il continue ainsi : « O vous qui êtes mes » entrailles, mes frères bien-aimés, ma couronne, ma joie, mes seigneurs, mes enfans! ô vous pauvres de Jésus-Christ, qui êtes dans l'indigence, qui mendiez votre pain, malades, veuves » et orphelins! je vous déclare, vous nomme et » vous institue mes héritiers. A l'exception de ce » dont j'ai disposé ci dessus, je vous lègue et » vous donne tout ce que je possède en terres, en » pâturages, en prairies, en bois, en vignes, en » maisons, en jardins, en rivières, en moulins, » en or, en argent, en habits, et en toute autre » chose. Je veux qu'aussitôt après ma mort tous >> ces biens soient vendus, et que la somme pro» venant de la vente soit divisée en trois parties, » deux desquelles seront distribuées aux hommes » pauvres, à la discrétion du prêtre Agrarius et » du comte Agilor; la troisième sera remis à la vierge Dadolène, pour être distribuće aux veuves » et aux pauvres femmes, etc. » Le Saint ajoute

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de tendres exhortations à la concorde et à la piété; puis il lègue à sa sœur Fidia-Julia-Perpetua une petite croix d'or, avec des reliques. Il léguoit aussi différentes choses à ses amis et à ses prêtres ; à l'un une châsse d'argent qui renfermoit des reliques de Saints; aux autres des croix et des calices d'or ou d'argent, les conjurant tous de se souvenir de lui dans leurs prières.

Saint Perpétue mourut le 30 Décembre 490, ou le 8 Avril 491. Sa fête est marquée au premier de ces jours par Florus et par d'autres martyrologistes anciens. Usuard et le martyrologe romain le nomment le 8 Avril. Ce saint évêque avoit gouverné 30 ans le diocèse de Tours. Il fut enterré dans l'église de Saint-Martin. L'auteur de son épitaphe, et saint Sidoine Apollinaire, font de lui les plus beaux éloges. Le premier l'égale au grand saint Martin, et le second dit qu'il en a fidèlement imité toutes les vertus.

Voyez le testament du Saint, publié par d'Achéry, Spicileg. t. V, p. 105; S. Grégoire de Tours, Hist. l. 10, c. 31, et de Mirac. S. Martin l. 1, c. 6; Tillemont, t. XVI, p. 393; D. Rivet, Hist. litter. de la Fr. t. II, p. 619.

S. GAUTIER,

PREMIER ABBÉ DE S. MARTIN, PRÈS DE PONTOISE.

CE Saint naquit au village d'Andainville, dans le pays de Vimeu en Picardie. Son amour pour la pénitence lui ayant fait quitter le monde, il alla prendre l'habit de saint Benoît dans l'abbaye de Rebais, au diocèse de Meaux. On le tira de son monastère en 1060, pour le charger du gouvernement de l'abbaye de Saint-Germain, près de Pontoise, laquelle a pris depuis le nom de SaintMartin. Elle avoit été fondée depuis peu par les

comtes d'Amiens et de Pontoise le Saint en fut le premier abbé.

Saint Gautier fut toujours singulièrement honoré par le roi Philippe I, et par les personnes les plus distinguées du royaume; mais les honneurs qu'on lui rendoit, alarmèrent son humilité. Il prit plusieurs fois la fuite pour se soustraire aux dangers de la vaine gloire. On le découvrit, et on le ramena à son monastère, que le pape lui défendit de quitter à l'avenir. Il se renferma dans une petite cellule, où il vécut dans la pratique des plus grandes austérités, et dans les exercices de la prière et de la contemplation. Il n'en sortoit que pour remplir les devoirs de sa charge, on pour vaquer aux plus vils emplois de la communauté. Il suivit fidèlement la règle qu'il s'étoit prescrite, d'ajouter tous les jours quelque chose à ses austérités ordinaires, afin de se souvenir continuellement de l'obligation où il étoit d'avancer de plus en plus dans les voies de la perfection.

Comme il étoit attaché aux vraies maximes, il s'opposa fortement à quelques pratiques simoniaques, qui avoient des hommes puissans pour défenseurs. Son zèle lui attira des persécutions, qui ne servirent qu'à faire éclater sa patience.

Saint Gautier mourut le 8 Avril 1099. Les évêques de Rouen, de Paris et de Senlis ayant constaté la vérité de plusieurs miracles opérés à son tombeau, levèrent son corps de terre, et en firent la translation le 4 Mai 1153. L'abbé Gautier Montagu en fit une seconde translation en 1655, et décora magnifiquement la chapelle du Saint.

Voyez la vie de saint Gautier par un de ses disciples, avec les remarques du P. Henschénius, t. I, April. p. 753.

LE BIENHEUREUX ALBERT,

PATRIARCHE LATIN DE JERUSALEM, ET LÉGISLAteur de l'Ordre des CARMES.

ALBERT, d'une famille noble d'Italie, naquit à Castro di Gualteri, dans le diocèse de Parme. Ses progrès dans la piété égalèrent ceux qu'il fit dans les lettres. Il s'acquit sur-tout une grande réputation par une connoissance profonde du droit civil et canonique. Il entra de bonne heure chez les chauoines réguliers de Mortara, dans le Milanez. A peine eut-il fait profession, qu'on l'élut prieur de la communauté. Trois ans après, c'est-à-dire, en 1183, il fut choisi pour occuper le siége épiscopal de Bobio; mais sa modestie lui fit imaginer mille difficultés qui servirent à prolonger la résistance qu'il apportoit à son élection. Pendant ce temps-là, l'évêché de Verceil vint à vaquer; et comme il n'avoit point encore été sacré évêque de Bobio, il fut obligé de l'accepter. Il gouverna cette église pendant vingt ans avec une vigilance et une capacité extraordinaires. Son humilité et ses autres vertus lui attirèrent la vénération de ses diocésains, qui s'empressoient à l'envi d'imiter les exemples de leur pasteur.

Il avoit donné, en plusieurs occasions, des preuves éclatantes de sa prudence, de sa droiture et de son habileté dans les affaires, ce qui engagea le pape Clément III et l'empereur Frédéric Barberousse à le choisir pour arbitre de leurs différends. Henri VI, successeur de Frédéric, le créa prince de l'empire, et en sa considération, accorda diverses faveurs à l'église de Verceil. Le pape Célestin III le combla aussi de bienfaits. Innocent III, qui pensoit

à son égard comme ses prédécesseurs, l'employa avec succès dans des négociations importantes.

La réputation du Bienheureux Albert étoit parvenue jusqu'en Orient. Monaco, onzième patriarche latin de Jérusalem, étant mort en 1204, les Chrétiens de la Palestine nommèrent l'évêque de Verceil pour lui succéder. Le pape Innocent III applaudit à ce choix, persuadé qu'Albert étoit plus propre que personne à conduire une église qui se trouvoit dans des conjonctures fort critiques. Il le fit venir à Rome, confirma son élection, et lui donna le pallium. Le serviteur de Dieu se rendit d'autant plus volontiers à ce que le souverain pontife exigeoit de lui, que le patriarchat l'exposoit à des persécutions, peut-être même au martyre. Il s'embarqua sur un vaisseau génois pour la Terre-Sainte, où il aborda en 1206. Il établit sa résidence dans la ville d'Acre, parce que les Sarrasins s'étoient rendus maîtres de Jérusalem.

Le nouveau patriarche vécut en Palestine dans un martyre continuel. Il joignoit aux travaux et aux persécutions du dehors, les austérités de la pénitence, et consacroit à la prière tous les momens qu'il pouvoit dérober à ses occupations extérieures. Si les Chrétiens l'honoroient et l'aimoient comme leur père, les Sarrasins ne pouvoient s'empêcher de le respecter à cause de son éminente sainteté. Entre autres bonnes œuvres qu'il fit, il donna une règle aux Carmes.

Ces religieux étoient primitivement des ermites qui vivoient sur le Mont-Carmel. Ils regardoient le prophète Élie comme leur fondateur et leur modèle, parce qu'il avoit vécu sur la même montagne, ainsi qu'Elisée son disciple. Un nommé Bertold réunit ces ermites en corps de communauté. Brocard, qui en étoit supérieur en 1205,ou

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