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des prospérités temporelles, tant que Dieu lui mit d'en jouir. Plus son rang l'élevoit au-dessus des autres hommes, plus il étoit doux, humble et affable. Il trouva le secret précieux d'être pauvre au milieu des richesses, et son plus grand plaisir étoit de se dépouiller de ses biens en faveur des indigens. Enfin arriva le temps des épreuves. Les Northumbres, ligués avec les Danois, ayant levé l'étendard de la rebellion, il fut obligé de s'enfuir avec son père. Il se retira chez les Pictes, parmi lesquels il vécut environ vingt ans. Il s'appliqua pendant ce temps à se convaincre de plus en plus de la vanité des choses terrestres, et à s'attacher inviolablement au service du roi des rois.

Les Northumbres, opprimés sous la domination de tyrans cruels, se repentirent enfin de leur révolte; ils prirent les armes pour recouvrer leur liberté, et engagèrent Alcmond à se mettre à leur tête. L'amour de la religion, le désir de secourir des malheureux, déterminèrent le Saint à accepter ce qu'on lui proposoit. L'armée des tyrans fut battue plusieurs fois ; mais le vertueux prince devint la victime d'une trahison ourdie par Eardulf, qui avoit usurpé la souveraineté (a). D'autres disent qu'il fut assassiné par les Danois vers l'an 819 (b).

Son corps futenterré à Lilleshult, dans le Shropshire. On le transporta à Derby, où il étoit autrefois honoré le 19 Mars, avec le titre de patron. On trouve l'histoire de cette translation dans un ancien sermon manuscrit (c) prêché à Derby peu de temps

(a) Ceci est rapporté par Siméon de Durham, par Florent de Worcester, et par Matthieu de Westminster.

(b) C'est le sentiment de M. Brown-Willis, dans sa Notice des villes parlementaires.

(c) Ce sermon, prêché vers l'an 1140, se trouve à la page 138 d'un recueil de sermons Mss. du même temps, lequel étoit en la possession de l'auteur.

après. Il y est dit encore que l'église qui possédoit les reliques de saint Alcmond, devint célèbre par plusieurs miracles, et que la dévotion y attiroit un grand concours de pèlerins.

Voyez l'histoire de Jean de Glastenbury; Matthieu de Westminster; Henschénius, t. III, Mart. p. 47.

S. LANDOALD, MISSIONNAIRE DES PAYS-BAS.

LANDOALD, issu du sang des Lombards, étoit prêtre de l'église de Rome. Le pape saint Martin l'associa aux travaux apostoliques de saint Amand, qui venoit de se démettre de l'évêché de Mastricht, pour aller prêcher l'évangile dans les Pays-Bas. Après avoir visité, l'un et l'autre, divers monastères de France, ils arrivèrent enfin dans le pays situé entre la Meuse et l'Escaut. Saint Remacle, évêque de Mastricht, pria saint Amand de lui laisser Landoald pour le soulager dans les fonctions de l'épiscopat. Celui-ci s'appliqua avec autant de zèle que de patience à instruire les peuples, et à déraciner les vices qui régnoient de toutes parts. Vers l'an 659, il bâtit une église à Wintershoven. (a), et y forma une communauté. Il continua de servir l'église de Mastricht sous saint Théodard, qui avoit succédé à saint Reinacle. Childéric II, roi d'Austrasie, avoit pour lui une vénération singulière; il lui en donna des marques, et se chargea de pourvoir à sa subsistance, ainsi qu'à celle de sa communauté. Saint Landoald mourut vers l'an 668, et fut enterré dans l'église de Wintershowen. On l'honore le 19 Mars et le 13 Juin avec ses compagnons, dont les principaux sont saint Amand diacre, qui étoit parti de Rome avec lui, et saint Adrien, un de ses disciples, qui fut assassiné

(a) Sur la rivière de Herck, à l'Occident de Mastricht.

par des voleurs, en revenant de Mastricht à Wintershowen.

Voyez Bollandus, p. 36, et le P. le Cointe, sous les années 653 et 659.

S. CUTHBERT, ÉVÊQUE DE LINDISfarne.

Tiré de sa vie écrite par Bède, et de l'Histoire ecclésiastique du même auteur, I. 4, depuis le 27. chapitre jusqu'au 32.*; de l'histoire de Durham, continuée par Turgot jusqu'à l'an 1104, et par Siméon jusqu'en 1161( elle a été publiée par Bedfort); d'une ancienne hymne Ms. de saint Cuthbert, in Bibl. Coton. n. 41, apud Wanley, p. 184; de quatre prières latines composées en l'honneur du même Saint, qu'on trouve dans un Ms. de la bibliothèque de l'église de Durham, n.° 190. Voyez aussi Wanley, Catal. t. II, p. 297, et Harpsfield, sect. 7, c. 34.

L'AN: 687.

LES Northumbres ayant embrassé la foi sous le règne du pieux Oswald, le saint évêque Aïdan fonda deux monastères, l'un à Mailros sur la Tweed, et l'autre dans l'île de Lindisfarne (a): il les soumit tous deux à la règle de saint Colomb, et choisit le dernier pour le principal lieu de sa résidence. Ce fut dans le voisinage de Mailros que naquit S. Cuthbert (b). La première occupation de sa jeunesse fut de garder les troupeaux de son père sur les montagnes. La vie édifiante des moines de Mailros fit sur lui la plus vive impression; et il résolut de les imiter, en retraçant leurs pieuses pratiques, autant que cela lui seroit possible. Une nuit que, selon sa coutume, il prioit auprès de sou troupeau, il vit monter au ciel, au milieu des anges, l'ame de saint Aïdan, qui venoit de mourir

(a) Cette île a depuis été appelée Holy Island, c'est-à-dire,. île sainte, à cause du grand nombre de Saints qui y ont vécu. Elle est à quatre milles de Berwick.

(b) Cuthbert signifie illustre par sa science. On dit aussi Cuthbert, qui signifie digne de Dieu.

dans l'île de Lindisfarne. De profondes réflexions sur la gloire que Dieu réserve à ses serviteurs, le détachèrent entièrement du monde. Il alla prendre l'habit dans le monastère de Mailros, dont saint Eate étoit abbé, et saint Boisil prieur. Il étudia, sous le dernier, l'écriture sainte, dont il acquit une parfaite connoissance. Ses progrès dans la perfection furent très-rapides : il devint bientôt digue d'être proposé pour modèle à tous les frères.

Lorsqu'Eate alla prendre la conduite du mo nastère de Rippon, fondé par le roi Alcfrid, il amena saint Cuthbert avec lui, et le chargea du soin de recevoir les hôtes. On sait que de tous les emplois monastiques, c'est là un des plus dangereux. Cuthbert s'en acquitta avec les plus saintes dispositions. Il lavoit les pieds aux étrangers, qu'il servoit ensuite avec une humilité et une douceur admirables, persuadé qu'on sert Jésus-Christ en servant ses membres mais il n'étoit pas de ces hommes que les occupations extérieures dissipent; son ame étoit toujours unie à Dieu par un parfait recueillement. Le gouvernement de l'abbaye de Rippon ayant été confié à saint Wilfrid, Cuthbert retourna à Mailros avec saint Eate, et succéda, dans la charge de prieur, à saint Boisil, qui mourut de la peste en 663.

Non content de former les moines à la perfection de leur état, et par ses discours et par ses exemples, il travailloit encore à détruire les restes de superstition que le peuple tenoit de ses pères. Il sortoit du monastère, dit le vénérable Bède, quelquefois à cheval, plus souvent à pied, pour ramener dans la voie du salut une multitude de malheureux qu'il regardoit comme des brebis égarées. Les paysans vivoient alors dans une ignorance profonde des vérités de la foi, parce qu'il

Y.

У avoit peu d'églises paroissiales à la campagne; mais quand ils savoient qu'un prêtre faisoit des instructions dans quelque village, ils y couroient en foule, et le ministre du Seigneur avoit la consolation de les voir écouter ses discours avec attention, et conformer leur vie aux maximes évangéliques qu'il leur annonçoit. Ce fut ce que Cuthbert éprouva; aussi avoit-il tout ce qu'il faut pour opérer des conversions. Son éloquence étoit des plus persuasives et des plus touchantes; ce qui, joint à un certain éclat qui se répandoit sur son visage, donnoit à ses sermons une force merveilleuse. Personne ne pouvoit lui résister. Tous ses auditeurs le regardoient comme un ange envoyé du ciel pour leur enseigner la voie du salut; ils se seroient reprochés la moindre réserve dans leur confiance; ils alloient se jeter à ses pieds, afin d'y faire l'aveu de leurs fautes, et d'apprendre la manière de les expier.

Le Saint visitoit par préférence les villages et les hameaux situés sur des montagnes escarpées, dont les habitans, à demi sauvages, languissoient, dans les ombres de la mort, faute de prédicateurs qui allassent les instruire.

Il y avoit plusieurs années que Cuthbert édifioit, ses frères par le spectacle de toutes les vertus, lorsque saint Eate, qui étoit tout à la fois abbé de Mailros et de Lindisfarne, l'envoya dans le dernier de ces monastères, avec la qualité de prieur, Il y continua son genre de vie ordinaire, C'étoit toujours la même assiduité aux exercices de la mortification et de la prière. Il possédoit si émi nemment l'esprit de contemplation, qu'on l'eût prit moins pour un homme que pour un ange Souvent il passoit les nuits entières en oraison quelquefois il travailloit ou se promenoit, de peur Tome III. C

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