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gularité dans ses paroles et ses actions. 9. Aimer et observer le silence. 10. Se garder d'une vaine joie et d'un rire immodéré. 11. Ne point parler d'une voix haute, et observer les règles de la modestie dans toutes ses paroles. 12.° Etre humble dans toutes ses actions extérieures; avoir les yeux baissés vers la terre, à l'exemple de Manassès, pénitent, et du publicain de l'évangile. Saint Benoît ajoute que quand on aura passé par ces différens dégrés d'humilité, on arrivera à cette charité faite qui bannit la crainte..

S. SERAPION LE SINDONITE.

par

SERAPION, surnommé le Sindonite, d'une espèce d'écharpe de toile dont il couvroit son corps, naquit en Egypte. Sa vie étoit d'une austérité extraordinaire. Ses différens voyages n'altérèrent point cet esprit de pauvreté, de mortification et de recueillement dont il s'étoit fait une sainte habitude. Touché du malheureux état d'un farceur païen, il se servit, pour procurer sa conversion, d'un moyen qui supposoit beaucoup de zèle et de charité. Il se vendit à lui en qualité d'esclave, pour la somme de vingt pièces d'argent. Son exactitude à remplir ses devoirs ne l'empêchoit point de trouver encore des momens pour vaquer à la prière et à la méditation. Du pain et de l'eau faisoient toute sa nourriture. Enfin ses discours et pécheur qu'on ne peut excuser, au lieu de nous inspirer de l'orgueil, doit faire faire cette réflexion à chacun de nous : Qui suis-je, en comparaison de tant d'ames qui marchent à grands pas dans la carrière de la vertu ! En suivant cette morale, nous pratiquerons la maxime de saint Paul, qui nous ordonne de ne nous jamais préférer à qui que ce soit, et de nous placer toujours plus bas que les autres. Si la nature corrompue se révolte, la charité, qui juge toujours favorablement du prochain, doit étouffer ses cris.

ses exemples produisirent l'effet qu'on devoit na turellement en attendre. Le farceur se convertit avec sa famille, et renonça au theâtre. Il ne voulut plus souffrir que Serapion fùt son esclave, il le mit en liberté par reconnoissance; mais il ne put le déterminer à garder pour son usage, ou du moins pour les pauvres, les vingt pièces d'argent qu'il avoit reçues eu se vendant.

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Quelque temps après, le Saint se vendit encore, afin de se mettre en état de soulager une veuve affligée. Son nouveau maître fut si content de ses services, qu'il l'affranchit; il lui fit encore présent d'un habit, d'une tunique et d'un livre d'évangiles. A peine Serapion fut-il sorti, qu'il rencontra un pauvre, auquel il donna son habit. A quelque distance de là, un second pauvre, transi de froid, eut la tunique, et il ne resta plus au Saint, pour se couvrir, qu'un simple linge. Quelqu'un lui ayant demandé ce qu'étoient devenus ses habits : « Voilà, dit-il en montrant le livre » des évangiles, voilà ce qui m'en a dépouillé. » Ce livre ne fut pas long-temps en sa possession; il le vendit pour assister une personne réduite à la dernière misère, et comme on lui demandoit ce qu'il en avoit fait, il répondit : « Le croirez» vous? Je m'imaginois entendre continuellement » l'évangile qui me crioit: Allez, vendez ce que » vous avez, et donnez-le aux pauvres. J'ai donc » vendu mon livre, et en ai donné le prix aux » membres de Jésus-Christ, que je voyois dans » le besoin. »

Sérapion, qui n'avoit plus rien que sa personne, en trafiqua encore plusieurs fois, s'il est permis de s'exprimer de la sorte, afin de procurer au prochain des secours spirituels ou corporels. Du nombre de ceux auxquels il se vendit, fut un ManiTome III.

E

chéen qui demeuroit à Lacédémone, et il eut le bonheur de le ramener, avec toute sa famille, dans le sein de la véritable église.

La lecture de la vie de saint Sérapion fit sur saint Jean l'Aumônier l'impression la plus vive. Il appela son intendant, et lui dit, les larmes aux yeux: « Ah! que nous aurions bien mauvaise grâce › de nous glorifier de ce que nous distribuons nos >> biens aux pauvres. Voilà un homme (saint Serapion) qui trouve le moyen de se donner lui» même à eux, et cela plusieurs fois. »

Sérapion passa de Lacédémone à Rome, afin de se perfectionner sur les grands modèles de vertu que cette dernière ville renfermoit; il retourna ensuite en Egypte, et y mourut dans le désert, à la soixantième année de son âge. Sa mort arriva quelque temps avant que Pallade visitât les solitaires d'Egypte, c'est-à-dire, quelque temps avant l'année 388 (a).

Voyez Pallade, Lauziac, c. 83, et Léonce, in Vit. S. Joan. Eleemosyn.

S. SERAPION D'ARSINOÉ, ABBÉ.

CE Saint avoit la conduite de dix mille moines, dispersés dans les déserts et les monastères voisins d'Arsinoé. Ces solitaires se louoient aux fermiers du pays pour cultiver leurs terres et ramasser leurs moissons: Is sanctifioient ce pénible travail par la prière et les autres exercices de piété. Chacun d'eux recevoit pour salaire douze mesures de

(a) Bollandus, ad. 23 Jan. p. 508, t. H, Jan., et Henschenius, not in Vit. sancti Auxent. ad 24 Febr. t. III, Febr., Jisent the saint Sérapion est nommé le 21 Mars dans quelques ménées. Le dernier cependant ne donne point ses actes en ce jour. Quant à Baronius, il confond ce Saint avec S. Serapion le Sidonien, martyr.

blé, que les anciens appeloient artabes (a). L'abbé, auquel tout le blé étoit remis, en employoit une partie à nourrir les frères et les pauvres du voisinage; il faisoit embarquer le reste pour l'envoyer aux Chrétiens d'Alexandrie, qui étoient dans le besoin.

Saint Sérapion étoit prêtre, et remplissoit les fonctions du ministère avec une pureté angélique: il trouvoit encore du temps pour travailler avec ses disciples. Le but qu'il se proposoit en cela, étoit de leur donner l'exemple, et de partager leurs mérites. Canisius a nommé ce Saint au 21 de Mars, dans son martyrologe germanique ; il s'y est déterminé d'après l'autorité de quelques Mss. des

ménées.

Voyez Pallade, c. 76, p. 760; Rufin, Vit. Patr. l. 2, c. 18; et Sozomène, Hist. l. 6, c. 28.

S. SÉRAPION, Évêque de Tamuis EN ÉGYPTE. TAMUIS

La beauté du génie, jointe à une connoissance profonde de la littérature sacrée et profane, fit donner à ce Saint le surnom de Scolastique. Après avoir exercé quelque temps la fonction de catéchiste à Alexandrie, il se retira dans le désert, où il devint une des plus brillantes lumières de l'état monastique. Il visitoit quelquefois saint Antoine, qui l'instruisoit de ce qui se passoit dans les lieux fort éloignés de la montagne (1); et ce Saint, qui l'aimoit, lui laissa en mourant une de ses tuniques de poil.

Sérapion fut tiré de sa retraite, et placé sur le siége épiscopal de Thmuis, ville célèbre de la

(a) Les douze artabes faisoient, selon Pallade, environ quarante boisseaux romains.

(1) S. Athan. in Vit. S. Anton.

Basse-Egypte (a); il fut ensuite banni pour la foi catholique, dont il avoit pris hautement la défense avec saint Athanase, ce qui fait que saint Jérôme lui donne le titre de confesseur. Quelques personnes qui professoient la consubstantialité du Verbe, niant la divinité du Saint-Esprit, il s'éleva avec zèlé contre cette hérésie naissante, et en informa saint Athanase en 359. Ce grand homme, qui étoit alors caché dans le désert, écrivit à Sérapion quatre lettres, qui sont le premier ouvrage où l'hérésie des Macédoniens ait été expressément ré.uiée.

Cependant le saint évêque de Thmuis s'appliquoit de plus en plus à prémunir les fidèles contre les erreurs d'Arius et de Macédonius : il composa aussi un excellent traité contre les Manichéens. Il y fait voir que nos corps peuvent être des instrumens de vertus, et que nos ames peuvent être perverties par le péché; qu'il n'y a point de créature dont il ne soit possible de faire un bon usage; que les hommes peuvent être successivement vertueux et vicieux; qu'il y a par conséquent de la contradiction à dire, avec les Manichéens, que nos ames sont l'ouvrage de Dieu, et que nos corps sont l'ouvrage du démon (b).

(a) Cette ville étoit auprès de Diospolis, et avoit le titre de métropole. (Vid. Steph. et Ptolem.) Elle étoit ainsi nommée, parce qu'on y adoroit anciennement une chèvre, que les Egyptiens appeloient Thmuis en leur langue. Voyez saint Jérôme

2, adv. Jovin. c. 6, et in Is. XLVÏ, 1 ; Cellarius, t. II, etc. (b) On a du P. Turrien, Jésuite, une traduction latine du · traité de saint Sérapion contre les Manichéens. Elle a été imprimée dans la Bibliothèque des Pères, edit. Lugd., et dans les Lectiones antiquæ de Canisius, t. V, part. 1, p. 35. Basnage, qui a donné une édition de Canisius avec des additions et des notes fort curieuses, y a inséré le texte grec de saint Sérapion, t. I, p. 37. Notre Saint avoit encore écrit plusieurs lettres savantes et un traité sur les titres des Psaumes, qui est cité par saint Jérôme : mais nous ne les avons plus.

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