» De ce moment heureux que le ciel a fait naître, » Armé par la fureur il égorge ce traître; >> Il massacre ta femme et tes autres enfans, » Et veut éteindre en eux la race des tyrans. » Ils te joindront bientôt sous ces lugubres voûtes; » Leurs reproches amers, que déjà tu redoutes, » Allumeront ta rage; et leurs vives douleurs » Vont mettre pour jamais le comble à tes malheurs. » Inventez des tourmens inconnus dans ces lieux: O terreur!... quel bruit sourd, et quels gémissemens! Aux Remords dévorans il doit son origine, Au fond de ces cachots gémissent dans les fers Les mortels vicieux, corrompus et pervers. Là, je vis ces héros qui mirent tout en cendre; Ces fiers imitateurs de l'impie Alexandre Reconnaissent ici, dans leurs pleurs superflus, Qu'une victoire injuste est un crime de plus. On y voit confondus tous ces grands de la terre Dont l'odieux pouvoir opprimait le vulgaire; Ils se croyaient formés d'un limon plus parfait.... « Vos yeux se sant ouverts, leur dis-je, c'en est fait; » Vous frémissez de voir que vous étiez des hommes » Vains, cruels, vicieux... plus que nous ne le sommes. » D'un chimérique nom et d'un haut rang jaloux, >> Vous crûtes les mortels faits pour ramper sous vous. » Barbares! vous n'aviez de lois que le caprice : » La dure oppression, la fraude, l'injustice, Étaient les sceaux affreux de cette autorité, Et le plaisir fut seul votre divinité. » Les Phrinés, les Dipsas (1), avides de largesses, > En vous déshonorant, absorbaient vos richesses; » Tandis que la Vertu, coulant de tristes jours, » A grands cris vainement implorait vos secours. >> Rien n'est sacré pour vous: nos temples, les cieux mêmes, » Objets de vos mépris, l'étaient de vos blasphêmes! (1) Ovide, quatrième élég. du 1.er Liv. des Amours. » Tout était, selon vous, formé par le hasard; » Tremblez, vous leurs pareils! ou changez désormais.>> Les Sporus (1), leurs amans, l'horreur de la nature; Les rois voluptueux, et les sujets rebelles; Les lâches qui, pour fuir la rigueur de leur sort, Plus loin sont tourmentés par leurs propres fureurs, (1) Suétone, Vie de Néron. (2) Henri IV. |