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même, si, presque partout dans le monde civilisé, il a cessé d'avoir une puissance illimitée, que peut-il prendre dans des livres qui semblent faits pour un François Ier ou pour un Louis XIV? Peutêtre n'y prendrait-il que les maximes qui l'autorisent à violer les lois, à manquer à sa parole pour le salut de l'État.

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Une bonne morale doit remplir une seconde condition il faut qu'on sache d'où elle vient, qui lui donne l'autorité nécessaire pour commander. Il y a un lien indissoluble entre la métaphysique et la morale. Celui qui essaye de détruire ou de corrompre la première se retire le droit d'enseigner la seconde, quelle que soit, du reste, la pureté de son intention ou la régularité de sa vie. On ne peut parler du bien ou du mal sans avoir pris parti sur ces grandes questions: Y a-t-il un Dieu? y a-t-il une âme? quelle est sa nature et quelle est sa destinée? La morale du seizième siècle n'a pas de principes. Montaigne et Charron commencent par faire douter de tout; ils soutiennent qu'il n'y a pas de vérité, pas de justice pour l'homme, qu'il ne peut découvrir de lois universelles; puis ils nous prescrivent une certaine manière de nous conduire de quel droit? Leur suffirait-il de s'en rapporter au bon sens, alors même qu'ils n'eussent pas commencé par le nier? Mais le bon sens, que chacun entend à sa guise, n'équivaut pas à une démonstration scientifique. Oui, pour que la morale reprenne son empire, elle doit se présenter à la raison avec la même autorité que toute autre science. La nécessité est plus impérieuse

que jamais, dans un siècle où un grand nombre d'esprits, et des plus distingués, subordonnent, en toute matière, leur adhésion et leur obéissance à la condition d'une démonstration en règle. Qu'ils soient égarés quelquefois par l'admiration que leur inspire la manière d'acquérir la certitude dans les sciences exactes ou naturelles et qu'ils aient tort de vouloir obtenir partout le même résultat au moyen du même procédé, nous le croyons. Mais la philosophie, en retenant sa méthode propre, en démontrant son droit de la retenir, ne saurait oublier qu'un seul moyen existe pour l'homme d'agir sur la raison de l'homme, le raisonnement.

L'étude que nous avons faite ne nous apprend pas quel chemin il faut suivre, mais seulement quels écueils il faut éviter. La conclusion se tire sans peine du jugement que nous sommes obligé par l'évidence de prononcer en terminant: Ce fut une déchéance pour la morale, au seizième siècle, que de se séparer de la religion sans recourir au spiritualisme, seul capable de remplacer en partie dans les âmes la foi et la règle religieuses.

FIN

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