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Provera. La 57 renversa tout ce qui se trouvait devant elle, pendant que le général Victor faisait tourner la gauche des Autrichiens par la 18°. La colonne ennemie, qui croyait n'avoir affaire qu'aux seules troupes du siége, surprise de cette attaque impétueuse, se mit en désordre, et quelques bataillons mirent bas les armes. Pendant ce temps, le général Miollis, sorti de Saint-Georges à la tête de quelques bataillons, vint augmenter la confusion et la terreur de l'ennemi; tout à coup, Rampon, à la tête des 32° et 75°, arrivant au pas de charge, complète l'investissement de la colonne. Enveloppé de toutes parts, sans communications avec Mantoue, et déjà pressé par la division Augereau, qui s'était avancée de Castellaro, l'infortuné Provera sollicite une capitulation, et se rend prisonnier avec 5,000 hommes, reste des 8,000 qu'il avait avant son passage de l'A-· dige. C'était pour la seconde fois, dans l'espace de neuf mois, que ce général éprouvait l'humiliante disgrâce de déposer ses armes aux pieds du même vainqueur '.

Le prince Charles commande l'armée autrichienne en Italie; ouverture de la campagne de 1797; combats sur le Tagliamento, à Gradisca, à Tarvis, etc. Si les derniers revers éprouvés par l'Autriche en Italie avaient relevé les espérances du Directoire républicain, d'un autre côté les succès du prince Charles inspiraient trop de confiance au cabinet de Vienne pour que l'empereur crût devoir céder à des considérations pusillanimes, en traitant avec un gouvernement dont les prétentions lui paraissaient aussi exagérées qu'injustes. Le général Clarke échoua dans la mission dont il était chargé, et les Anglais réussirent à persuader l'Autriche qu'il était de son intérêt, comme de l'honneur de ses armes, de continuer une guerre entreprise pour le maintien des droits des souverains et pour le salut de l'Europe.

Ainsi, tandis que Bonaparte imposait au pape le traité de Tolentino, les Autrichiens réunissaient dans les montagnes du Tyrol des forces capables de tenter une nouvelle agression en Italie. Après les siéges de Kehl et de la tête du pont d'Huningue,

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Il faut se rappeler la capitulation du château de Cossaria, le 14 avril

1796.

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l'élite des troupes d'Allemagne avait été dirigée vers l'Italie, et l'archiduc Charles fut désigné pour commander la nouvelle armée. Ce prince venait de donner les preuves d'un talent distingué, et sa présence, en relevant le courage des troupes ennemies sur ce théâtre des exploits de Bonaparte, offrait en même temps à ce dernier un adversaire digne de lui.

Le général français avait apprécié le mérite de l'archiduc par sa conduite dans la campagne d'Allemagne, quand il eut marché sur l'armée de Sambre-ct-Meuse. Les mouvements stratégiques de l'armée autrichienne dans cette dernière circonstance firent sentir au vainqueur de Wurmser et d'Alvinzy qu'il ne fallait pas perdre un moment pour prévenir les desseins du prince. Rassuré du côté de Rome par le traité de Tolentino, il ne lui restait plus qu'à régler les affaires des républiques cispadane et transpadane, à renforcer son armée avec des troupes organisées dans ces nouveaux États, et à se rendre ensuite dans celui de Venise, pour y préparer l'ouverture de la campagne.

Le contact des nouvelles républiques avec le territoire, dit de terre ferme, de Venise, devait nécessairement inspirer au gouvernement oligarchique de ce dernier État la crainte de voir se propager avec plus de force et de rapidité que jamais les principes révolutionnaires qui devaient amener sa subversion. Cette considération avait peut-être contribué, plus que toute autre, à la partialité manifestée en faveur des Autrichiens. D'un autre côté, Bonaparte avait besoin de mettre le pays qu'il venait de rendre à l'indépendance en mesure d'offrir un secours puissant et efficace à la république française contre la monarchie autrichienne; et ce moyen lui était offert par l'incorporation de la terre ferme vénitienne à la république cispadane. L'occupation des villes et places de Brescia, Bergame, Salo, Peschiera, Vérone et Legnago, par l'armée française, était déjà un grand pas de fait pour l'accomplissement des desseins du général français; mais il convenait à ce dernier d'employer de préférence les détours de la politique pour arriver à son but. Il se borna donc, avant l'ouverture de la campagne, à exciter sourdement les sujets vénitiens à l'insurrection, sous le prétexte des griefs qu'ils avaient à exercer contre leur gouvernement. Des sociétés dites patriotiques, dans lesquelles on voyait figurer des Fran

çais, se formèrent dans quelques-unes des villes de terre ferme, et notamment à Brescia et Bergame elles avaient pour objet de préparer les esprits à la révolution que l'on méditait. L'adjudant général Landrieux était l'artisan de ces machinations secrètes, et dirigeait ces sociétés. Bonaparte, ayant reconnu dans cet officier les moyens propres à jouer un rôle peu convenable peut-être à la franchise et à la loyauté guerrière, espérait que les intrigues de cet agent paralyseraient les mauvaises dispositions du sénat vénitien envers la république française, pendant qu'il irait lui-même combattre l'armée autrichienne commandée par le prince Charles.

La suspension des hostilités sur le Rhin avait permis au Directoire de faire enfin passer à l'armée d'Italie les secours que Bonaparte attendait depuis si longtemps. Deux divisions, tirées des armées de Sambre-et-Meuse et de Rhin-et-Moselle, présentant ensemble un effectif de 18,000 hommes, étaient en marche pour l'Italie. L'archiduc, dans ses Mémoires, prétend que ce corps d'armée traversa les Alpes, dans le fort de l'hiver, à l'insu des Autrichiens. La marche de l'armée de réserve sur la vallée d'Aoste, en 1800, et dont les Autrichiens n'eurent également aucune connaissance, rendrait croyable l'assertion du prince, si d'ailleurs la véracité de ce guerrier loyal pouvait être suspectée. Des troupes tirées de la Hollande et de l'intérieur de la France remplacèrent sur le Rhin les divisions parties pour l'Italie.

On avait de justes raisons de croire que la campagne de 1797 s'ouvrirait simultanément sur les deux points dont nous venons de parler. Cependant un intervalle assez long sépara les opérations de l'armée d'Italie et celles des armées sur le Rhin. Nous n'entrerons dans aucun détail sur les causes de cet intervalle extraordinaire elles n'ont jamais été bien connues, et tout ce que nous pourrions dire ne s'appuyant que sur des conjectures que la suite de notre récit infirmerait peut-être, les faits parleront mieux que nos raisonnements.

Le prince Charles prit le commandement de l'armée autrichienne d'Italie dans le courant de février, avant que tous les renforts tirés des bords du Rhin et de l'intérieur des États héréditaires fussent arrivés à leur destination.

Telle était, à la fin de février, la position de l'armée ennemie :

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