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DE I A

Λ

CULTURE

DES

MURIERS.

A culture du Mûrier confidérée par rapport à l'éducation des Vers à foie, a pour objec l'accroiffement & la multiplication des feuilles de cet arbre, qui font l'aliment ordinaire de ces Infectes: c'est à quoi tendent fingulièrement la greffe & la taille, qui donnant au Mûrier une vigueur, que la nature feule lui refuseroit, hâtent fes progrès & augmentent de beaucoup fon produit.

Ces deux opérations & celles qu'on pratique dans le femis, la Pépiniere

A

& dans les autres Plantations (a) font très-bien détaillées dans quelques Auteurs, qui en ont traité relativement à la culture des Arbres fruitiers: il n'en eft

pas de même de l'application qu'on en a faite aux Mûriers, dont la culture a d'ailleurs des procédés qui lui font propres ; & qui ne font connus que d'un petit nombre de Cultivateurs, qui ont perfectionné depuis peu cette branche d'Agriculture.

On a cru que ce feroit fervir utilement le public de la lui faire connoître, telle qu'elle eft aujourd'hui dans quelques Cantons du Languedoc, où l'on cultive le Mûrier avec plus de fuccès; & de raffembler pour cet effet dans un même

:

(a) Je prends ce terme dans l'acception vulgaire de cette Province, pour une étendue de terrein planté en arbres le terme Plant, qui eft plus communément employé dans ce fens, feroit fujet à de fréquentes équivoques, lorfque les circonftances ne le détermineroient point au fens collectif qu'il doit avoir; comme, lors qu'en montrant un Champ planté en plein, on dit, voilà un beau plant d'arbres. En parlant, au refte de l'action de planter j'employerai le mot Plantage, quoiqu'un peu furanné.

ouvrage, ce qu'il y a de mieux fur ce fujet dans quelques anciens Traités, & ce que la pratique actuelle de nos plus habiles Cultivateurs y a ajouté. C'eft d'après ces vûes & fur ce plan que j'ai dressé ce Mémoire : & je m'y fuis déterminé avec d'autant moins de peine, que n'ayant pas été témoin oifif, ou fimple fpectateur des manoeuvres que je décris, j'avois moins à craindre de donner dans les méprifes où pourroient tomber ceux qui n'ont pas mis euxmêmes la main à l'œuvre.

Je réduis ce que j'ai recueilli fur ce fujet à cinq chefs principaux, ou aux foins que demandent. 1°. Le femis. 2o. La Pépiniere. 3°. Le Plantage des Mûriers de haute tige. 4°. Celui des Mûriers Nains, ou en Buiffon. La Greffe. 6°. La Taille de ces Arbres plantés à demeure.

Du femis des Mûriers.

Un femis eft un espace de terrein où l'on feme des graines d'arbre pour les élever, & les mettre après un certain tems en Pépiniere. L'on abrége

ne de

roit d'une, où de deux années le tems qu'il y a à attendre, avant que le plant du femis foit venu, fi l'on formoit tout-à-coup les Pépinieres avec des boutures de mûrier: c'eft même la pratique des Ifles de France & des Indes, Orientales où l'on a dans peu par ce moyen, de grandes plantations, qu'on renouvelle de tems à autre. Mais la difficulté de faire reprendre dans ce pays-ci cette espéce de plant, qui ne pouffe pas auffi ailément que le Saule, y a fait renoncer: on préfére de femer de la graine; c'eft même une forte de néceffité pour les pays où l'on n'auroit point d'avance de Mûriers d'où l'on pût détacher des boutures, pour une nombreufe Pépiniére.

Nos Jardiniers Pépiniériftes fement communément au Printems la graiLa grai- ne de Mûrier, ramaffée neuf-à-dix Mûrier mois auparavant. Ceux qui feroient à fraiche portée d'avoir des mûres fraîches & mieux dans leur point de maturité, n'auqu'on a roient pas befoin d'en faire fécher la graine & d'attendre le Printems pour

leve

que celle

fait lé

Cher,

1

la femer. La graine: fraîche, envelop

pée du fruit, feroit bien plus difpo fée à germer; tandis qu'elle eft entourée & pénétrée de fucs probablement deftinés à la nourrir & à lui donner pour ainfi dire, le premier lait. Le plant d'ailleurs provenu de ces graines, femées à la chûte des mûres, poufferoit avec vigueur, dans une saison où la chaleur hâte, l'accroiffement des plantes; pourvû cependant que ce puiffant agent de la végétation, concourût avec celui des arrofemens, qui doivent être alors plus fréquens & plus abondans, pour fupléer ce que l'évaporation auroit fait diffiper.

Quelque faifon qu'on prenne pour femer, il faut que la graine foit toujours humectée, tandis qu'elle est en terre, & l'on ne devroit avoir d'autre regle pour l'arrofer, que la fécheresse qu'on apperçoit & qu'il faudroit même prévenir.

J'ai vu un femis de Mûriers fait tout naturellement dans une place, qui n'y paroiffoit guere propre: c'étoit fur un chemin peu paffant, tourné au Nord, bordé de hautes murailles & où le fo

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