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bespierre, prenant alors la parole, dit : « Cette » lecture me paraît inutile, surtout dans le moment >> actuel. La Convention a pris la mesure la plus »sage en ordonnant que le comité de sûreté gé» nérale lui ferait un rapport particulier sur les >> membres signataires de la protestation. Atten» dons le rapport. »

Ce rapport n'étant venu qu'après la mort de Robespierre, il n'a plus été question des lettres de Barbaroux, sur lesquelles Vouland, député d'Uzès, menibre du même comité, nous dit à moi et à Pélissier, qu'il avait été fort question de nous mettre dans l'accusation des vingt-deux. Voici une autre anecdote qui m'est personnelle. J'étais voisin d'Hébert qui avait une imprimerie à laquelle je m'adressai pour mon opinion sur les écoles primaires. Dans le cours de cette impression, la Convention décréta que tous les frais des discours prononcés sur cette matière, seraient remboursés par la république. J'en donnai la nouvelle à Hébert, et lui dis en le payant que cet argent me serait rendu par l'État. Je payai cet homme dont le journal du Père Duchêne m'avait inspiré beaucoup d'indignation et de dégoût. Il s'en aperçut. On le fit substitut municipal; je ne lui dis rien, je ne lui parlais plus. Quand il fut question de créer et de soutenir la commission des douze par appel nominal, j'opi

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pour le maintien de cette salutaire commission qui l'avait mis en prison. De-là sa colère contre moi; pour se venger, il ajouta, en déposant au

tribunal révolutionnaire, contre les vingt-deux; que je méritais une place parmi eux, et que j'étais un des affidés du ministre Roland qui payait les frais de mes impressions. Heureusement le tribunal était alors trop occupé, il ne voulut pas s'arrêter à cette dénonciation. Dès que j'en fus instruit j'allai chez Hébert pour me plaindre de cette calomnie; je ne trouvai que sa femme qui me dit que son mari avait bien fait, puisque j'avais voté pour le rétablissement de la commission des douze. A quoi tenait alors, je ne dis pas l'honneur, mais la vie d'un représentant du peuple !

Voici les noms des soixante-treize députés mis en arrestation sur le rapport d'Amar: Lauze-Duperret, des Bouches-du-Rhône; J.-G. Caseneuve, Laplaigne, député du département du Gers; Defermon, Rouault, Girault, Chatelain, Dugué-Dassé, Lebreton, Dusaulx, Coupé, J.-P. Saurine, Queinet, Salmon, député de la Sarthe; Lacaze, fils aîné; V.-C. Corbel, J. Guitter, Ferroux, député du Jura, ayant déjà protesté le 2 juin dans la salle de la Convention; J.-A. Rabaut, Fayolle, F. Aubry, Ribereau, Derazey, Bailleul, Ruault, Obelin, Babey, député du Jura; C.-A.-A. Blad, Maisse, député des Basses-Alpes; Peyre, Bohan, député du Finistère; Honoré-Fleury, député des Côtes-du-Nord; Vernier, député du Jura; Grenot, député du Jura, Amyon, du Jura, ayant déjà protesté le 2 juin dans la salle de la Convention; Laurençot, député du Jura; Jarry, député de Loire

Inférieure; Serres, député des Hautes-Alpes ; Laurence, député de la Manche; Saladin, député de la Somme; Mercier, député de Seine-et-Oise; Masuyer, de Saône-et-Loire; Chasset, Vallée, de l'Eure; Lefèvre, Olivier-Gérente, Royer, évêque du département de l'Ain; Duprat, député des Bouches-du-Rhône; Garilhe, Philippe Delleville, Varlet, Dubusc, Savary, Blanqui, Massa, Doublet, Delamare, Faure, Hecquet, député de la Seine-inférieure; B. Descamp, Lefèvre, de la Seine-inférieure; Daunou, Périès, de l'Aude, ayant déjà protesté le 2 juin dans la salle de la Convention; Vincent, Tournier, de l'Aude, ayant déjà protesté le 2 juin dans la salle de la Convention; Blaux, de la Moselle; Blaviel, ayant déjà protesté le 2 juin; Marboz, Estadens, Bresson, des Vosges; Moisset, du Gers; Saint-Prix, Gamon.

CHAPITRE IX.

Gouvernement provisoire-révolutionnaire.

Remplacement du

calendrier grégorien par le calendrier républicain; abolition du catholicisme; culte de la Raison; scènes d'impiété. Robespierre fait périr ses complices de la commune et de la montagne. -Fête de l'Être-Suprême. - Loi du 22 prairial qui réorganise le tribunal révolutionnaire et étend le régime de la terreur.

LA condamnation et l'exécution de nos collègues consterna tout le monde, à l'exception du parti Robespierre. Cependant l'État était sans gouvernement, et le désordre régnait partout. Les comités y pourvurent en établissant un pouvoir très-concentré et très - expéditif dont ils s'attribuèrent l'exercice sous le nom de gouvernement provisoire, et toujours révolutionnaire. Ce fut à l'époque de brumaire an II (novembre 1793), que se fit le règlement politique qui légitima tous les abus de la licence populaire et de la tyrannie des montagnards, en autorisant tous les actes des comités de la Convention toujours plus mal composée. Mais après avoir égorgé trente ou quarante députés honnêtes, éclairés, zélés pour le bien public, plus amis de la liberté que leurs assassins, la montagne pouvait-elle se flatter d'établir en France, et de ses mains sanglantes, un gouvernement ni provisoire ni définitif? Billaud - Varenne, orateur verbeux et sombre, le proposa et le fit adopter. Jamais la France ne fut

plus malheureuse que sous cette nouvelle autorité qui la soumit à la tyrannie des comités, et qui rendit cette tyrannie présente dans chaque province, par les représentans en mission.

Les révolutionnaires ne se bornèrent point à ces actes déjà trop odieux. Après avoir tout détruit dans l'ordre politique, ils renversèrent ce qui existait encore dans l'ordre religieux; ils entassèrent ruines sur ruines le calendrier grégorien et le clergé constitutionnel, seuls restes du christianisme en France, furent attaqués à leur tour : les montagnards abjurèrent l'un et voulurent forcer l'autre à l'abjuration. L'antique calendrier chrétien fut remplacé par un calendrier nouveau très-analogue aux mœurs nouvelles de ce siècle. Celui-ci fut proposé par Romme, député du Puy-de-Dôme, dans la séance du 20 septembre 1793.

Il fut accueilli très-gracieusement par la montagne dans l'intention de fonder une ère tout-àfait nouvelle pour l'humanité. Cette prétention éclata dans la discussion relative à cette matière. << Il ne faut pas, dit Bentabolle, faire de notre ca»lendrier ce que Mahomet fit du sien, en isolant » sa secte du reste de la terre. Il faut, au con» traire, qu'il serve à réunir tous les peuples au peuple français. » Si le fanatisme, ajouta Lebon, a su tirer si bon parti de son calendrier pour étendre et affermir son empire, il importe de faire servir promptement le nôtre à la même fin. On entendit un autre montagnard s'écrier : Que les prêtres cons

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