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core; écoutez-le: « Pour acquérir cette indépendance, il faut la révolution et la guerre ; il faut mettre de côté toutes considérations dérivant du progrès des lumières, du progrès de la civilisation, du progrès de l'industrie, de l'accroissement des richesses et de la prospérité publique » (chap. V).

Dans son chapitre VI, l'écrivain, après avoir fait le procès de tous les princes italiens, attaque la papauté corps à corps ; il efface l'histoire d'un trait de plume; il déchire les pages empreintes de cette lutte immense qui a laissé derrière elle les noms impérissables des Guelfes et des Ghibelins; enfin, il ment à la conscience des peuples en rendant les papes responsables de tous les maux que l'Italie a soufferts depuis Constantin.

Dans le chapitre VII, alliant le cynisme du mensonge à l'effronterie de l'ignorance, il prétend que l'alliance entre Rome et Vienne, entre les empereurs et les souverains pontifes, a été, de tous temps, le plus grand obstacle à la régénération de l'Italie.

Dans le chapitre XI, l'écrivain, initié aux mystères de la secte, compare l'Autriche à la statue de Nabuchodonosor, composée de métaux divers et reposant sur des pieds d'argile. Il devient prophète, et prévoit, dans un avenir rapproché, de terribles commotions, qu'il appelle de tous ses vœux, mais qui ne répondront point à ses espérances.

Le chapitre XII dévoile le secret des hommes dont

Mazzini est le grand-prêtre. Ricciardi appelle à son aide l'autorité du scepticisme fait homme; il recommande aux révolutionnaires d'épargner à Grégoire XVI la médecine violente recommandée jadis par Machiavel (page 84). « Je crois, dit-il, je crois que notre cause sainte serait tachée par l'assassinat d'un vieillard, outre qu'il ne suffirait pas d'étouffer le pape, car il faudrait assassiner jusqu'au dernier cardinal, jusqu'au dernier prêtre, jusqu'au dernier religieux de tout l'univers catholique. » Plus loin il ajoute, et notre plume frémit en reproduisant ces horribles paroles : « La plante funeste née en Judée n'est arrivée à ce haut point de croissance et de vigueur que parce qu'elle fut abreuvée de flots de sang. Si vous désirez qu'une erreur prenne racine parmi les hommes, mettez-y le fer et le feu!!! Voulez-vous qu'elle tombe, faites-en l'objet de vos moqueries. » Est-ce clair?

Dans le chapitre XIII, il recommande aux libéraux d'embaucher les officiers de l'armée; il se fait un auxiliaire de la trahison. Après avoir pressé l'organisation des sociétés secrètes, il indique dans le chapitre XVII les moyens de commencer les insurrections: c'est d'abord contre les Autrichiens qu'il faut diriger tous les coups et engager une guerre d'extermination.

Dans son chapitre XIX, Ricciardi jette le masque, il se montre visage découvert; l'écrivain devient tribun, le tribun se fait tyran, il arrache le pouvoir aux mains

du peuple souverain auquel il dénie le droit de se gouverner. Pour conduire le peuple, dit-il, « il ne s'agit pas d'une assemblée populaire, flottante, incertaine, lente à délibérer; mais il faut une main de fer qui, seule, peut régenter un peuple jusqu'alors accoutumé aux divergences d'opinion, à la discorde, et ce qui est plus encore, un peuple corrompu, énervé, avili par l'esclavage (p. 132). »

Son chapitre XXIV, branle-bas général des révolutionnaires européens; cherche à démontrer que la nation Italienne est la mieux placée pour allumer l'incendie universel. Il rappelle aux peuples du Danemarck, de la Suède, de la Prusse, de l'Espagne et du Portugal, ce qu'il prétend leurs nécessités politiques. Il moleste la France, qui, selon lui, a besoin d'un gouvernement plus large et plus logique; l'Angleterre qui doit se débarrasser d'une odieuse aristocratie, la source de tous ses maux ; il fait un appel à l'Irlande qui jette cent mille hommes à la voix d'un O'Connel et qui se retire devant le sabre d'un caporal anglais ! «Que l'Italie se lève, ditil, et les autres nations se lèveront; c'est une chose que de mettre le pied dans la carrière des révolutions; c'en est une autre que d'entrer en second dans cette lice magnanime. >>

Après un chapitre de rêveries sur l'avenir du monde et de la civilisation, il termine en s'écriant: «< Notre triomphe est certain, à moins qu'un cataclysme uni

versel n'engloutisse dans un abîme sans fond les oppresseurs et les opprimés. Les premiers feront des efforts gigantesques pour retenir leur pouvoir, mais ils seront forcés de boire le calice amer de leur ruine....... Bientôt une ère nouvelle commencera pour les humains, l'ère glorieuse d'une rédemption toute autre que celle si vainement annoncée par le Christ (p. 100 et 200). »

Quelque temps après, le Méphistophélès de l'Italie, Mazzini qui s'arroge fièrement le titre de Moïse de l'indépendance italienne, Mazzini entre en campagne; il donne le mot d'ordre sur toute la ligne et prépare les voies qui doivent le conduire au triomphe momentané de ses idées par l'astuce et la trahison.

Rien de plus curieux que ses instructions stratégiques! Ce n'est pas de front qu'il faut attaquer l'ennemi pour le moment, il faut le combattre avec des fleurs. L'encensoir doit remplacer le canon, les parfums qui enivrent seront plus sûrs que la poudre qui tue. Il cache son cri de guerre sous l'Hosanna qu'il entonne à la gloire de Pie IX; il couvre de palmes le chemin qu'il creuse perfidement sous les pieds du généreux pontife, enfin, comme les sacrificateurs antiques, il pare la victime qu'il veut immoler à ses rêves ambitieux.....

Il importe que vous connaissiez ces instructions que déjà, dès le mois d'octobre 4846, il envoyait de Paris, le chef-lieu de son exil, à tous ses affiliés de la Péninsule. Jamais le cynisme de la démagogie ne s'est révélé

plus ouvertement; jamais l'hypocrisie révolutionnaire, aux voies obliques, ne s'est manifestée d'une manière plus précise, plus mathématique. Cette pièce doit servir de pilori au procès de l'histoire de la révolution italienne; la voici :

Aux amis de l'Italie,

« Les morcellements de l'Italie présentent à la régénération des difficultés qu'il faudra surmonter avant que T'on puisse progresser directement. Cependant, il ne faut pas perdre courage; chaque pas vers l'unité sera un progrès, et, sans qu'on l'ait prévu, la régénération sera sur le point d'être accomplie le jour où l'unité pourra être proclamée. » Le but est clairement dénoncé dans ce préambule, qui fait de l'unité la base fondamentale de la prétendue régénération italienne; voyons maintenant les moyens que le chef de la jeune Italie recommande pour l'atteindre; il commence par les princes.

Dans les grands pays, dit-il, c'est par le peuple qu'il faut aller à la régénération; dans le vôtre c'est par les princes; il faut absolument qu'on les mette de la partie; c'est facile. Le pape marchera dans les réformes par principe et par nécessité. Le roi du Piémont, par Tidée de la couronne d'Italie; le grand duc de Toscane, inclination et imitation; le roi de Naples, par force; et les petits princes auront à penser à d'autres choses qu'aux réformes. Ne vous mettez pas trop en peine de

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