Or c'était un cochet dont notre souriceau Fit à sa mère le tableau Faisant tel bruit, tel fracas, En ai pris la fuite de peur, Sans lui, j'aurais fait connaissance Il est velouté comme nous, Je le crois fort sympathisant En figure aux nôtres pareilles. L'autre m'a fait prendre la fuite. Qui, sous son minois hypocrite, Bien éloigné de nous mal faire, Garde-toi, tant que tu vivras, LA FONTAINE. LE PETIT POISSON ET LE PÊCHEUR. PETIT poisson deviendra grand, Je tiens pour moi que c'est folie : Mettons-le en notre gibecière. Que ferez-vous de moi ? Je ne saurais fournir Au plus qu'une demi-bouchée. Je serai par vous repêchée Au lieu qu'il vous en faut chercher Peut-être encor cent de ma taille Dès ce soir on vous fera frire. LE MÊME. LE LABOUREUR ET SES ENFANTS. TRAVAILLEZ, prenez de la peine : C'est le fonds qui manque le moins. Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Où la main ne passe et repasse. Il en rapporta davantage. De leur montrer, avant sa mort, LE MÊME. * La moisson, qui se fait au mois d'août (ottt.) LE LÉOPARD ET L'ÉCUREUIL. Un écureuil sautant, gambadant sur un chêne, Tomber sur un vieux léopard Qui faisait sa méridienne. L'animal irrité se dresse; Et l'écureuil, s'agenouillant, Après l'avoir considéré, Tandis que moi, roi des forêts, La vérité : mais, pour la dire, -Soit, j'y consens : monte.—J'y suis. C'est de vivre dans l'innocence : FLORIAN. LE HIBOU, LE CHAT, L'OISON, ET LE RAT De jeunes écoliers avaient pris dans un trou Un hibou, Un vieux chat, un jeune oison, A force d'être dans la classe, Ils avaient orné leur esprit, Savaient par cœur Denys d'Halicarnasse Et tout ce qu'Hérodote et Tite-Live ont dit. Un soir, en disputant, (des docteurs c'est l'usage) Ils comparaient entre eux les peuples anciens. Ma foi, disait le chat, c'est aux Egyptiens Que je donne le prix : c'était un peuple sage, Un peuple ami des lois, instruit, discret, pieux, Rempli de respect pour ses dieux ; J'aime mieux les Athéniens, Et dans les combats quelle audace ! Des nations c'est la première. Est-il un peuple qui rassemble Dans les arts, comme dans la guerre, Pour moi, ce sont mes favoris : L'Egypte vénérait les chats, Athènes les hiboux, et Rome, au Capitole, Aux dépens de l'Etat nourrissait des oisons : Ainsi notre intérêt est toujours la boussole Que suivent nos opinions. LE MÊME. LES JOUETS DES ENFANTS. LES jouets sont les premiers goûts de l'enfance. Que d'habitudes fâcheuses peuvent être puisées au milieu de polichinelles, de chevaux de carton et de poupées! Multiplier à l'infini les joujoux, comme on a la faiblesse de le faire pour les enfants des riches, c'est préparer en eux la prodigalité, l'inconalance, le dégoût ou l'avarice. L'enfant, attaché au même chariot qu'il a traîné toute une saison dans le jardin de sa mère, est aussi heureux que celui qui a des armoires remplies de joujoux: le soin qu'on lui fait prendre de remiser son petit chariot sui fait contracter l'habitude de l'ordre ; et la petite fille qui, dans quelque rang qu'elle se trouve placée, doit être formée au goût de l'arrangement, reçoit déjà une petite leçon quand on exige d'elle de réunir dans sa boite toutes les pièces du ménage de sa poupée. la multiplicité des joujoux, j'ai vu de jeunes princes déjà victimes de la triste satiété ; j'ai vu leurs mères les promener au milieu de mécaniques ingénieuses dont la vue charmait jusqu'aux gens faits, s'efforcer en vain d'exciter leurs désirs ; déjà ils avaient eu et brisé plusieurs fois des jouets semblables. Il est cependant juste de dire que tous les jouets qui se meuvent par des ressorts cachés n'inspirent aux enfants qu'un étonnement passager ; qu'ils ne font point cas d'une action qu'ils n'ont pas dirigée, et n'éprouvent que le désir de briser ces jouets pour s'instruire du moyen qui les fait agir. Tout ce qui se traîne, chevaux, charrettes, sont les jouets qui plaisent le plus aux enfants, et surtout aux garçons, parce qu'ils se prêtent au besoin d'action qui ne les quitte jamais. On remarque dans les jeux des enfants leurs constantes dispositions à imiter tout ce qu'ils voient faire aux gens formés ; ils aiment les petits ménages dont toutes les pièces leur retracent celui de leurs parents ; un bâton transformé en cheval représente celui de leurs parents ; ils sont ravis de faire claquer un fouet comme les postillons, et d'arroser comme le jardinier. La plus petite fille s'empare des poupées, et par l'effet d'un instinct admirable, véritable bienfait de la Providence, vous la verrez Rêver le nom de mère en berçant sa poupée. Que l'oreille d'une mère soit bien attentive aux discours adressés à la poupée : ce qui lui a fait le plus d'impression, |