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aux fages-femmes d'Egypte. Or c'est pour montrer que ce n'eft pas faire une bonne maifon, que d'amaffer beaucoup de biens temporels, mais de bien élever les enfans dans la crainte de Dieu, & dans la

vertu.

En quoi on ne doit épargner aucune forte de peine ni de travaux, puifque les en fans font la couronne du pere & de la

merc.

Ainfi Ste. Monique combattit avec tant de ferveur & de conftance, les mauvai fes inclinations de S. Auguftin, que l'aiant fuivi par mer & par terre, elle le rendit plus heureusement enfant de fes larmes par la converfion de fon ame, qu'il n'avoit été enfant de fon fang par la gene ration de fon corps.

S. Paul laiffe en partage aux femmes le fo'n de la maison; c'eft pourquoi plufieurs ont cette veritabie opinion, que leur de votion eft plus fructueule à la famille, que celle des maris, qui ne faifant pas une fi ordinaire refidence entre les do meftiques, ne peuvent pas par confequent les former fi aifément à la vertu. Par cette confideration, Salomon dans fes Proverbes, fait dépendre le bonheur de toute la maifon, du foin, & de l'induftrie de cette femme forte qu'il décrit.

Il eft dit dans la Genefe, qu'Ifaac voiant fa femme Rebecca fterile, pria le Sei gneur

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gneur pour elle; ou felon les Hebreux, il pria le Seigneur vis à vis d'elle, parce que l'un prioit d'un côté de l'oratoire, & l'autre de l'autre : auffi l'oraifon du mari faite en cette façon, fut exaucée. C'est la plus grande & la plus fructueufe union du inari & de la femme, que celle qui fe fait dans la fainte devotion, à laquelle ils fe doivent porter l'un l'autre à l'envi. II y a des fruits, comme le coin, qui pour l'apreté de leur fuc, ne font gueres agreables qu'en confiture. Il y en a d'autres qui pour leur tendreté & delicateffe, ne peuvent durer s'ils ne font auffi confits, comme les cerifes & les abricots : ainfi les femmes doivent fouhaiter

que leurs maris foient confits au fucre de la devotion; car l'homme fans devotion eft un animal fevere, dur & rude; & les maris doivent fouhaiter que leurs femmes foient devotes car fans la devotion, la femme elt fort fragile & fujette à déchoir ou à ternir fa vertu. S. Paul a dit, que l'homme infidele eft fanctifié par la femme fidelle, &la femme infidelle par l'homme fidele; parce qu'en cette étroite alliance du mariage, l'un peut aifément tirer l'autre à la vertu : mais quelle benediction. eft-ce, quand l'homme & la femme fidelles fe fanctifient l'un l'autre dans une vraie crainte du Seigneur ?

Au furplus, le fupport mutuel de l'un

pour l'autre doit être fi grand, que jamais tous deux ne s'emportent enfemble, afin qu'entre eux il ne fe voie point de diffenfion, ni de debat. Les mouches à miel ne peuvent s'arrêter dans un lieu où les Echos, les retentiffemens, & les redoublemens de voix fe font ; ni le S. Efprit ne demeure point dans une maison où il y a du debat, des repliques, des redou blemens de crieries & des difputes.

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Saint Gregoire de Nazianze dit que de fon tems les mariez faifoient fète au jour anniversaire de leurs mariages. J'approuverois que cette coûtume s'introduisît pourvû que ce ne fût point avec des appareils de recreations mondaines & fenfuelles mais que les maris & les femmes, confeffez & communiez ce jour-là, recommandaffent à Dieu plus fervemment qu'à l'ordinaire, le progrès de leur mariage, renouvellant les bons propos de le fanctifier de plus en plus par une recipro que amitié, & fidelité, & reprenant haleine en Notre-Seigneur pour le fupport des charges de leur vocation.

CHAPITRE XXXIX.
·De l'honnêteté du lit Nuptial.

Lcomme l'apère,

E lit nuptial doit être fans tache,

exempt d'impudicitez, & d'autres fouil lures prophanes. Auffi le faint mariage fut premierement inftitué dans le Paradis terreftre, où il n'y a jamais eu aucun déreglement de la concupifcence, ni aucunes chofes deshonnêtes.

Il y a quelque reffemblance entre les voluptez honteufes & celles du manger: car toutes deux regardent la chair, quoique les premieres, à caufe de leur vehemence brutale, s'appellent fimplement charnelles. J'expliquerai donc ce que je ne puis pas dire des unes par ce que je dirai des autres.

1. Le manger eft ordonné pour conferver les perfonnes: or comme manger, implement pour nourrir & pour conferver la fanté, eft une bonne chofe, fainte & commandée; auffi ce qui eft requis au mariage, pour la production des enfans, & pour la multiplication des perfonnes, eft une bonne chofe & très-fainte; car c'elt la fin principale des nôces.

2. Manger, non point pour conferver la vie, mais pour conferver la mutuelle converfation & la condefcendance que nous nous devons les uns aux autres, c'est une chofe fort jufte & honnête : & de même la reciproque & legitime fatisfa tion des parties dans le faint mariage, eft appellée par S. Paul, devoir; mais devoir fi grand, qu'il ne veut pas que l'une

des parties s'en puiffe exempter fans le libre & volontaire confentement de l'autre, non pas même pour les exercices de la devotion; ce qui m'a fait dire le mot que j'ai mis au Chapitre de la fainte Communion pour ce fujet : combien moins donc peut-on s'en exempter pour des capricieufes prétentions de vertu, pour les coleres & les dédains.

3. Comme ceux qui mangent pour le devoir de la mutuelle converfation, doivent manger librement, & non par force; & de plus s'effayer de témoigner de l'appetit auffi le devoir nuptial doit être toûjours rendu fidellement, franchement, & tout de même comme fi c'étoit avec efperance de la production des enfans, encore que pour quelque occafion on n'eût pas de femblables efperances.

4. Manger, non point pour les deux premieres raifons, mais fimplement pour contenter l'appetit, c'est une chose supportable, mais qui n'eft pourtant pas louable. Car le fimple plaifir de l'appetit fenfuel, ne peut être un objet fuffifant pour rendre une action louable, il fuffit bien fi elle est supportable.

5. Manger, non point par fimple appetit, mais par excez & par déreglement, c'eft une chofe plus ou moins blâmable, felon que l'excez eft grand ou petit.

6. Or l'excez du manger ne confifte pas

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