Images de page
PDF
ePub

3 au prix du Soleil: mais l'humilité confifte à ne point nous eftimer plus que les autres, & à ne vouloir pas être eftimés par les autres. A quoi en étes-vous pour ce regard ?

5. Quant à la langue, ne vous vantezvous point d'une maniere ou d'autre ! Ne vous flattez-vous point en parlant de vous?

6. Quant aux œuvres ne prenez-vous point de plaifir contraire à votre fanté ? je veux dire de plaifir vain, inutile, trop de veil les fans fujet, & autres femblables.

CHAPITRE VI.

Examen de l'état de notre ame envers le prochain.

L

Il faut bien aimer le mari & la femme d'un amour doux & tranquille, conftant & continuel, & que ce foit principalement, parce que Dieu l'ordonne & le veut. J'en dis de même des enfans, des proches pa rens & des amis, chacun felon fon rang.

Mais pour parler en general, quel eft votre cœur à l'égard du prochain? l'aimezvous bien cordialement, & pour l'amour de Dieu? Pour bien difcerner cela, il faut Vous reprefenter certaines perfonnes ennuieufes & incommodes: car c'eft là où on exerce l'amour de Dieu envers le prochain, & beaucoup plus envers ceux qui nous font du mal, ou par effet, ou par paroles. Examinez bien fi votre cœur eft

droit en leur endroit, & fi vous avez beau coup de peine à les aimer.

N'étes-vous point facile à parler du prochain en mauvaise part, fur tout de ceux qui ne vous aiment pas ? ne faites-vous point de mal au prochain, ou directement ou indirectement ? pourvu que vous foiez railonnable, vous vous en appercevrez aisement.

J F

CHAPITRE VII.

Examen fur les affections de notre ame. E me fuis étendu au long fur ce fujet, parce que la connoiffance de l'avancement fpirituel qu'on a fait, confifte dans cét examen: car quant à l'examen des pechez, cela regarde les confeffions de ceux qui ne penfent point à s'avancer.

Il ne faut pas neanmoins fe trop occuper fur un chacun de ces articles, il faut s'examiner doucement, confiderant en quel état notre cœur a été à leur égard, depuis notre refolution, & qu'elles fautes notables nous y avons commises.

Mais pour abreger le tout, il faut reduire l'examen à la recherche de nos paffions, & s'il nous eft trop penible de confiderer fi fort les chofes en détail, comme il a été dit, nous pouvons ainfi nous examiner quels nous avons été, & comme nous nous fom mes comportez.

En

En notre amour envers Dieu, envers le prochain, envers nous-mêmes.

Dans notre haine envers le peché qui fe trouve en nous; envers le peché qui fe trouve dans les autres car nous devons defirer la ruine & la deftruction de l'un & de l'autre dans nos defirs touchant les biens, les plaifirs & les honneurs.

Dans la crainte des dangers de pecher, & des pertes des biens de ce monde : on craint trop l'un & trop peu l'autre.

Dans l'efperance que l'on a trop mife, peut-être, au monde & dans la creature: & trop peu mife en Dieu & dans les chofes éternelles.

Dans la trifteffe, fi elle eft trop exceffive pour les chofes vaines.

Dans la joye, fi elle eft exceffive, & pour des chofes indignes.

Quelles affections enfin tiennent notre cœur embaraffé: quelles paffions le poffedent, en quoi s'eft-il principalement dé rangé.

Ĉar par les paffions de l'ame on reconnoît fon état en les examinant l'une après l'autre ; d'autant que comme un joueur de luth pinçant toutes les cordes, celles qu'il trouve diffonnantes, il les accorde, ou en les tirant ou en les lâchant; ainfi après avoir examiné l'amour, la haine, le defir, la crainte, l'efperance, la tristesse & la joye de notre ame, fi nous les trouvons mal ac

Dd

cordantes à l'air que nous voulons fonner, qui eft la gloire de Dieu, nous pourrons les accorder moyennant fa grace, & le confeil de notre Pere fpirituel.

CHAPITRE VIII.

Après

Affection qu'il faut faire après l'examen. Près avoir doucement confideré chaque point de l'examen, & vû à quoi yous en étes, vous viendrez aux affections en cette forte.

Remerciez Dieu de ce peu d'amende ment que vous aurez trouvé en votre vie dès votre refolution, & reconnoiffez que ç'a été fa mifericorde feule qui l'a fait en vous, & pour vous.

Humiliez-vous fort devant Dieu, recon. noiffant que fi vous n'avez pas beaucoup avancé, c'a été ç'a été par votre manquement, parce que vous n'avez pas fidellement,courageufement, & conftamment correfpondu aux inspirations, aux lumieres, & aux mouvemens qu'il vous a donnez dans l'O raifon, & ailleurs.

Promettez-lui de le louer à jamais des graces exercées en votre endroit, pour vous retirer de vos inclinations à ce petit amen dement.

Demandez-lui pardon de l'infidelité avec laquelle vous y avez correspondu.

Offrez-lui votre cœur, afin qu'il s'en rende tout-à-fait le maiftre.

Suppliez-le qu'il vous rende toute fidelle. Invoquez les Saints, la fainte Vierge votre Ange, votre Patron, faint Jofeph, & ainfi des autres.

CHAPITRE IX.

Des confiderations propres pour renouveller nos bons propos.

A

Près avoir fait l'examen, & avoir bien conferé avec quelque digne Condu&teur, fur les défauts & fur leurs remedes, vous prendrez les confiderations fuivantes, en faifant une chaque jour par maniere de meditation, y emploiant le tems de votre Oraifon; & ce toujours avec la même me thode pour la preparation & les affections dont vous avez ufé dans les meditations de la premiere Partie: vous mettant avant toutes chofes en la prefence de Dieu, implorant fa grace pour vous bien établir en fon faint amour & fervice.

CHAPITRE X.

Confideration premiere de l'excellence de

nos ames.

Onfiderez la nobleffe & l'excellence

CO
Cette ame, qui a un entendement

qui connoît non feulement tout ce monde

« PrécédentContinuer »