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Géronte, vieillard extrêmement avare, a une fille, nommée Isabelle. Chrysante, vieux garçon, aussi avare que lui, veut épouser cette charmante personne. Après quelques discussions assez comiques, où perce l'avarice de ces deux vieillards, ils conviennent, l'un de donner sa fille sans autre dot que sa jolie figure; l'autre, de la prendre à cette condition, et de lui faire un douaire de huit mille francs de rente. Lorsque tout est arrêté, Géronte, qui sait que Chrysante a un neveu, son unique héritier, craint que ce neveu n'élève quelques contestations au sujet du douaire; Chrysante, de son côté, craint qu'Isabelle ne le refuse, malgré les assurances que Géronte lui donne de sa docilité. Enfin, ils conviennent ensemble que, si le neveu met obstacle à l'hymen, Chrysante paiera un dédit de vingt mille écus, et que pareil dédit sera payé par Géronte, si l'obstacle vient d'Isabelle. Tous deux se promettent le secret sur leur projet; mais Dorine le découvre, et ne manque pas d'en instruire Isabelle sa maîtresse, qui se désole, et plaint le sort de Valère, qu'elle chérit, et dont elle est aimée. Ce jeune homme arrive lui-même : il sait déjà le malheur dont il est menacé, mais il ignore quel est son rival. Pasquin son valet vient lui apprendre que ce rival est son oncle Chrysante. Il imagine bientôt un moyen de sortir d'embarras, et trouve ensuite l'occasion de le mettre en usage. Ce moyen siste à dire à son oncle qu'il a épousé Isabelle en secret, A cette nouvelle, Chrysante éprouve un double chagrin ; il lui faut renoncer à la main d'Isabelle, et payer le dédit, puisque l'obstacle à son hymen vient de la part de son neveu. Bientôt l'intérêt l'emporte sur l'amour; il consent même à servir Valère, à condition qu'il gardera le secret sur leur projet, et qu'il engagera Isabelle à refuser sa

con

main. Valère promet tout: Isabelle, de son côté, ne demande pas mieux que de remplir la condition qui lui est imposée. Cependant Géronte rentre chez lui, et en voit sortir Valère. Le vieillard se fàche; mais il s'appaise bientôt, en apprenant que Valère est un jeune homme, riche de quarante mille livres de rente, et qui, sans exiger de dot, veut épouser sa fille. Cette fortune le tente, mais le dédit l'inquiète. Isabelle lui avoue que Valère est le neveu de Chrysante, et lui promet qu'elle feindra devant témoin d'accepter la main de l'oncle. Par ce moyen, Géronte espère ne point payer son dédit, et même gagner celui de Chrysante. Celui-ci reparaît avec Valère; ils croient que les choses se passeront comme ils se le sont promis. Mais quel est l'étonnement de Valère, lorsqu'Isabelle accepte la main de Chrysante. Le vieil avare, surpris lui-même, ne voit plus d'autre moyen de gagner le dédit, que de révéler le mariage secret d'Isabelle avec Valère; mais Géronte lui réplique que, Valère étant son neveu, l'obstacle mutuel rend le dédit nul. La pièce serait terminée-là, si Isabelle ne déclarait pas que le mariage secret, dont on parle, n'est qu'une supposition. Les choses rentrent alors dans leur premier état, et l'action rétrograde au lieu d'avancer. Chrysante veut absolument épouser Isabelle, que Géronte entraîne chez le notaire. Valère reste désespéré : Isabelle, on ne sait comment, quitte son père, et vient le rejoindre. La soubrette et le valet concertent de nouvelles mesures. Ils font sortir Valère et Isabelle ; et, lorsque les deux vieillards rentrent, Pasquin persuade à Chrysante que son neveu a enlevé Isabelle de force. Dorine persuade à Géronte qu'Isabelle s'est enfuie, pour ne point épouser Chrysante. Les deux vieillards ont tous deux une grande frayeur de payer le dédit; et recommandent, chacun de leur côté,

le

secret, l'un à Pasquin, l'autre à Dorine. Ceux-ci les font capituler pour ne pas le révéler, et les amènent à consentir à l'union des deux amans. Enfin, l'on apprend que le rapt, dont Valère est accusé, et la fuite d'Isabelle sont deux mensonges: ainsi le dédit est nul de part et d'autre. On signe le contrat, et Chrysante finit ainsi cette singulière` pièce:

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Je crois que la jeunesse

Reçut du Diable un sort, pour duper la vieillesse.

L'autenr avait d'abord fait cette pièce en trois actes, sous le titre du Faux Enlèvement; il la fit ensuite en cinq actes la refit encore en un acte, la présenta aux Français qui la refusèrent, et parvint enfin à la faire jouer aux Italiens, où elle eut quelque succès. Les incidens sont trop multipliés, l'intrigue, trop entortillée; mais le style est naturel et le dialogue vif, quoique souvent fort embrouillé.

DÉDIT MAL GARDÉ (le), vaudeville en un acte, par MM. Philippe et Léger, au Vaudeville, 1793.

Roger, excellent patriote, a promis sa fille à Simonet, espèce d'imbécille, qui est de plus avare et ridicule.Comme il existe entr'eux un dédit de six cents livres, le mariage allait se faire, lorsque Julien, jeune volontaire, qui a aimé autrefois la fille de Roger, arrive de l'armée, et la demande en mariage; mais Roger lui oppose le dédit. Cette difficulté n'arrête pas Julien, qui offre ses services à Simonet pour percer quelques pièces de vin. L'imbécille demande du papier pour boucher des trous aux tonneaux; et sa gouvernante, qui a des prétentions à 'sa main, lui donne le dédit qu'il déchire. Alors Julien épouse la fille de Roger.

G

DÉFI (le), opéra, par M***., musique de M. Jadin, au théâtre Louvois, 1795.

Un mari, amateur passionné des beaux arts, et qui croit fermement à la vertu des femmes, défie la sienne de le rendre jaloux. Elle y parvient cependant, en faisant déguiser en cavalier sa sœur, que son mari ne connaît pas. Ce mari, si tranquille jusqu'alors, s'emporte jusqu'à entrer en fureur, et finit par demander pardon de ses empor

temens.

Le sujet de cette pièce n'est pas neuf; mais le style et les détails la rendent agréable. La musique est chantante, gracieuse, et souvent même originale.

DEFIANCE ET MALICE, ou LE PRÊTÉ RENDU, comédie en un acte et en vers, par M. Dieulafoy, aux Français, 1800.

Céphise et Blinval, amoureux l'un de l'autre, sont sur le point de se marier: mais Blinval est absent depuis plu sieurs années, et croit pouvoir profiter du tems qui s'est écoulé, depuis que Céphise ne l'a vu, au point de se présenter à ses yeux sous le nom et le costume de Dubois, son intendant; son bút est d'éprouver sa future épouse: il aurait peut-être réussi, si l'oncle de Céphise ne l'eût pas prévenue de son dessein. Elle forme à son tour celui de se venger, en lui inspirant de la jalousie. Déguisée ellemême sous les vêtemens de Catau, sa femme de chambre, elle feint de le prendre pour Dubois, et d'être amoureuse de lui, fait un portrait pen flatté de șa maîtresse, et va même jusqu'à lui confier que Céphise attend un nommé Dolban, qui l'aime et dont il est aimé. Blinyal, jaloux et furieux, fait semblant de n'en rien croire: mais Catau, ou plutôt Céphise, offre de le rendre témoin de la scène,

qui doit se passer, la nuit et dans le jardin, entre les deux amans. L'offre est acceptée : déjà la nuit est venue, Blinval est à son poste, et Céphise est arrivée. Elle feint de le prendre pour Dolban, et lui déclare qu'elle veut épouser Dolban, mais qu'elle regrette cependant ce Blinval, et elle ajoute:

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Ah! pourquoi son esprit a-t-il gåté son cœur ?

En même tems, elle lui présente un contrat tout dressé, et l'invite à l'aller signer dans la chambre voisine, qui est éclairée. Blinval, qui croit se venger en séparant pour jamais Céphise et Dolban, signe le contrat sans le lire, et le rapporte à Céphise : mais quelle est sa fureur, quand il se trouve le mari de Catau! Confus, désespéré, il tombe dans un fauteuil. Catau profite de sa situation, et se dépouillant de ses habits, lui montre enfin Céphise, qui vient de l'épouser, mais qui a voulu se venger de ses soupçons et de sa jalousie.

Le plan de cette pièce, où il n'entre que deux personnages, est bien conçu; les scènes en sont adroitement filées; mais la dernière rappelle trop celle de la Fée Urgèle, mais . . . arrêtons-nous ici; car il est bien plus aišé, comme dit l'auteur de la pièce :

De critiquer le mal, que de faire le bien.

DEFRESNE, acteur de l'Ambigu-Comique, s'est acquis aux boulevarts une très-grande célébrité. Ce n'est qu'à ce titre qu'il trouve place dans cet ouvrage.

DÉGUISEMENS AMOUREUX (les), comédie en un

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