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a ses prières et ses vœux; on crut devoir leur offrir les « choses qu'on imagina leur être agréables... des fruits, « des animaux, et DES HOMMES...... (1). »

Je me garderai bien de dire que ce morceau est digne d'un enfant; car il n'y a, Dieu merci, aucun enfant assez mauvais pour l'écrire. Quelle exécrable légèreté ! Quel mépris de notre malheureuse espèce ! Quelle rancune accusatrice contre son instinct le plus naturel et le plus sacré ! Il m'est impossible d'exprimer à quel point Condillac révolte ici dans moi la conscience et le sentiment: c'est un des traits les plus odieux de cet odieux écrivain.

(1) OEuvres de Condillac; Paris, 1798, in-8°, tom. I, hist. anc., ch. xII, p. 98-99.

SUR LES SACRIFICES.

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CHAPITRE III

THEORIE CHRÉTIENNE DES SACRIFICES

QUELLE VÉRITÉ ne se trouve pas dans le Paganisme? Il est bien vrai qu'il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs, tant dans le ciel que sur la terre (1), et que nous devons aspirer à l'amitié et à la faveur de ces dieux (2).

Mais il est vrai aussi qu'il n'y a qu'un seul Jupiter, qui est le dieu suprême, le dieu qui est le premier (3),

(1) Car, encore qu'il y en ait qui soient appelės dieux tant dans le ciel que sur la terre, et qu'ainsi il y ait plusieurs seigneurs, cependant, etc., etc. (Saint Paul aux Corinthiens, I, c. VIII, 5, 6; II Thess. II, 4.)

(2) Saint Augustin, de Civ. Dei, VIII, 25.

(3) Ad cultum divinitatis obeundum, satis est nobis Deus primus. (Arnob., adv. gent., III.)

qui est le très-grand (1); la nature meilleure qui surpasse toutes les autres natures, même divines (2) ; le quoi que ce soit qui n'a rien au-dessus de lui (3) ; le dieu non-seulement Dieu, mais TOUT A FAIT DIEU (4); le moteur de l'univers (5); le père, le roi, l'empereur (6); le dieu des dieux et des hommes (7); le père tout-puissant (8).

Il est bien vrai encore que Jupiter ne saurait être adoré convenablement qu'avec Pallas et Junon; le culte

(1) Deo qui est maximus. (Inscript. sur une lampe antique du Musée de Passeri. Antichità di Ercolano. Napoli, 17 vol. in-fol., t. VIII, p. 26.)

(2) Melior naturâ. (Ovid., Métam. I, 21.) Numen ubi est, ubi Di? (Id. Her. XII, 119.) IIços Acos xxi Oiŵv. (Demost., pro Cor. Oi Ozai dé elsovtai xxi tò Aaipónou (Id. de falsâ leg. 68.) (3) Deum summum, illud quidquid est summum. (Plin. Hist. nat. II, 4.)

(4) Principem et MAXIMÈ DEUM. (Lact. cthn. ad Stat. Theb., IV, 516, cité dans la biblioth. lat. de Fabricius.)

(5) Rector orbis terrarum. (Sen. ap. Lact., div. just. 1, 4.) (6) Imperator divûm atque hominum. (Plaut., in Rud., prol., v, 11.)

(7) Deorum omnium Deus. (Scn., ubi suprà.) Ocóç ¿ Ð¿å› Zevs. Deus deorum Jupiter. (Plat. in Crit., Opp., tom. X, pag. 66.) Deus deorum. (Ps. LXXXIII, 7.) Deus noster præ omnibus diis. (Ibid. CXXXIV, 5.) Deus magnus super omnes deos. (Ibid. XCIV, 3.) 'Eni näsı Oiós. (Plat., Orig., passim.)

(8) Pater omnipotens, (Virg., Æn., 1, 65; X, 2, etc.)

de ces trois puissances étant de sa nature indivisible (1).

Il est bien vrai que si nous raisonnons sagement sur le Dieu, chef des choses présentes et futures, et sur le Seigneur, père du chef et de la cause, nous y verrons clair autant qu'il est donné à l'homme le plus heureusement doué (2).

Il est bien vrai que Platon, qui a dit ce qui précède, ne saurait être corrigé qu'avec respect lorsqu'il dit ailleurs: Que le grand roi étant au milieu des choses, et toutes choses ayant été faites pour lui, puisqu'il est l'auteur de tout bien, le second roi est cependant au milieu des secondes choses, et le troisième au milieu des troisièmes (3), ce qui toutefois ne devait point s'écrire d'une

(1) Jupiter sine contubernio conjugis filiæque coli non solet. (Lact., div. instit.)

(2) Τόν τῶν πάντων Θεὸν ηγεμόνα τῶν τὸ ὄντων καὶ τῶν μελ λόντων, του τε ἡγεμόνος καὶ αἰτίου πατέρα κύριον... ἂν ὀρθῶς ὄντως φιλοσοφώμεν, εἰσόμεθα πάντες σαφῶς, εἰς δύναμιν ἀνθρώπων εὐδαι pów. (Plat., epist. VI, ad IIerm. Erast. et Corisc., Opp., tom. XI, p. 92.) — En effet, comment connaître l'un sans l'autre? (Tertull., De an., cap. 1.)

(3) Περί τὸν πάντων βασιλέα πάντ' ἐστι, καὶ εκείνου ἕνεκα πάντα, καὶ ἐκείνος αἴτιον ἅπαντων τῶν καλῶν, δεύτερονδε περὶ δεύτέρα, καὶ zpitov nepi rà rpítz. (Ejusd. epist. II, ad Dyonis., ibid.., tom. XI, p. 69; et apud Euseb. Præp. evang., XI.)

Celui qui serait curieux de savoir ce qui a été dit sur ce texte pourra consulter Orig., de princ., lib. I, cap. 3, no 5, 22

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manière plus claire, afin que l'écrit venant à se perdre, par quelque cas de mer ou de terre, celui qui l'aurait trouvé n'y comprît rien (1).

Il est bien vrai que Minerve cst sortie du cerveau de Jupiter (2). Il est bien vrai que Vénus était sortie primitivement de l'eau (3); qu'elle y rentra à l'époque de

opp. edit. Ruæi, in-fol., tom. IV, p. 62. Huet, in Origen., ibid., lib. II, cap. 2, n. 27-28 ; et les notes de La Rue, p. 63, 135. Clem. Alex. tom. V, p. 598, édit. Paris. Athenag leg. pro Christ. Oxoniæ, ex theatro Seldon, in-8°, 1706, curis Dechair, p. 93, n. XXI, in not. Il est bien singulier que Huet ni son savant commentateur n'aient point cité le passage de Platon, dont celui d'Origène est un commentaire remarquable. Voici ce dernier texte tel que Photius nous l'a conservé en original. (Cod. VIII.) Διήκειν μὲν τὸν πατέρα διὰ πάντων τῶν ὄντων· τὸν δὲ υἱον μεχρὶ τῶν λόγικων μόνων, τὸ δὲ πνεῦμα μεχρί μόνων τῶν ceowoμévæv, c'est-à-dire, le Père embrasse tout ce qui existe; le Fils est borne aux seuls êtres intelligents, et l'Esprit aux seuls élus.

(1) Φραστέον δὲ σοὶ δι' αἰνιγμῶν, ἵν ̓ ἂν τί ἡ δέλτος ἢ πόντου ἡ γῆς ἐν τύχαις πάθη, ὁ ἀνάγνους μὴ γνῶ. (Plat. ubi sup.)

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(2) Télémaque, liv. VIII. Il chanta d'abord, etc. (3) En mémoire de cette naissance, les anciens avaient établi une cérémonie pour attester à perpétuité que tout accroissement dans les êtres organisés vient de l'eau. ἐξ ὕδατος mávtwv düğntis. Voy. le Scoliaste sur le cent quarante-cinquième vers de la quatrième Pythique de Pindare. Suivant l'antique doctrine des Vedas, Brahma (qui est l'esprit de Dieu) était porté sur les eaux au commencement des choses, dans une

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