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SCAPIN.

Il faut pourtant paroître ferme au premier choc, de peur que, sur votre foiblesse, il ne prenne le pied de vous mener comme un enfant. La, tachez de vous composer par étude. Un peu de hardiesse; et songez à répondre résolument sur tout ce qu'il pourra vous dire.

OCTAVE.

Je ferai du mieux que je pourrai.

SCAPIN.

Çà, essayons un peu, pour vous accoutumer. Répétons un peu votre rôle; et voyons si vous ferez bien. Allons, la mine résolue, la tête haute, les regards assurés.

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Bon. Imaginez-vous que je suis votre père qui arrive, et répondez-moi fermement, comme si c'étoit à lui-même... Comment, pendard, vaurien, infame, fils indigne d'un père comme moi, oses-tu bien paroître devant mes yeux après te bons déportements, après le lâche tour que tu

tes

m'as joué pendant mon absence? Est-ce là le fruit de mes soins, maraud, est - ce là le fruit de mes soins? le respect qui m'est dû, le respect que tu me conserves? (Allons donc.) Tu as l'insolence, fripon, de t'engager sans le consentement de ton'père; de contracter un mariage clandestin? réponds-moi, coquin, réponds-moi. Voyons un peu tes belles raisons... Oh! que diable! vous

demeurez interdit.

OCTAVE.

C'est que je m'imagine que c'est mon père que j'entends.

SCAPIN.

Hé, oui. C'est par cette raison qu'il ne faut pas être comme un innocent.

OCTAVE.

Je m'en vais prendre plus de résolution, et je répondrai fermement.

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SCÈNE V.

SCAPIN, SILVESTRÉ.

SCAPIN.

Hola! Octave. Demeurez, Octave. Le voilà enfui! Quelle pauvre espèce d'homme! Ne laissons pas d'attendre le vieillard.

Que lui dirai-je?

SILVESTRE.

SCAPIN.

Laisse-moi dire, moi; et ne fais que me suivre.

SCÈNE VI.

ARGANTE; SCAPIN ET SILVESTRE, dans le fond du théâtre.

ARGANTE, se croyant seul.

A-t-on jamais ouï parler d'une action pareille à celle-là?

SCAPIN, à Silvestre.

Il a déja appris l'affaire ; et elle lui tient si fort en tête, que, tout seul, il en parle haut.

ARGANTE, se croyant seul.

Voilà une témérité bien grande!

SCAPIN, à Silvestre.

Écoutons-le un peu.

ARGANTE, se croyant seul.

Je voudrois bien savoir ce qu'ils me pourront

dire sur ce beau mariage.

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ARGANTE, se croyant seul.

Tâcheront-ils de me nier la chose?

SCAPIN, à part.

Non, nous n'y pensons pas.

ARGANTE, se croyant seul.

Ou s'ils entreprendront de l'excuser?

SCAPIN, à part.

Celui-là se pourra faire.

ARGANTE, se croyant seul.

Prétendront-ils m'amuser par des contes en

l'air?

Peut-être.

SCAPIN, à part.

ARGANTE, se croyant seul.

Tous leurs discours seront inutiles.

SCAPIN, à part.

Nous allons voir.

ARGANTE, se croyant seul.

Ils ne m'en donneront point à garder.

SCAPIN, à part.

Ne jurons de rien.

ARGANTE, se croyant seul.

Je saurai mettre mon pendard de fils en lieu de sûreté.

SCAPIN, à part.

Nous y pourvoirons.

ARGANTE, se croyant seul.

Et pour le coquin de Silvestre, je le rouerai de

coups.

SILVESTRE, à Scapin.

J'étois bien étonné, s'il m'oublioit.

ARGANTE, apercevant Silvestre.

Ah, ah! vous voilà donc, sage gouverneur de famille, beau directeur de jeunes gens!

SCAPIN.

- Monsieur, je suis ravi de vous voir de retour.

ARGANTE.

Bonjour, Scapin. (à Silvestre.) Vous avez suivi mes ordres, vraiment, d'une belle manière ! et mon fils s'est comporté fort sagement pendant mon absence!

SCAPIN.

Vous vous portez bien, à ce que je vois.

ARGANTE.

Assez bien. (à Silvestre.) Tu ne dis mot, coquin, tu ne dis mot!

SCAPIN.

Votre voyage a-t-il été bon?

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