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des honneurs du Louvre, et des autres palais de nos Rois. Ce titre était héréditaire dans la famille, et transmissible au fils aîné.

3° LES DUCS PAR BREVET. L'absence de la qualité de Pair les rendaient inhabiles aux séances du Parlement; et leurs commissions n'étaient que des actes privés du Roi et contresignés d'un secrétaire d'État. Leur titre était transmissible à leurs héritiers mâles, par droit de primogéniture, c'est-à-dire, que l'aîné seul en était investi à leur décès. Ils jouissaient des honneurs de la cour.

4° LES DUCS PAR LETTRES. Ils ne jouissaient de ce titre que pendant leur vie; mais ils étaient également admis aux honneurs de la cour.

Les Duchesses avaient tabouret chez la Reine.

L'honneur ducal en France, et celui de la grandesse en Espagne, partageaient anciennement toutes les prérogatives à la cour de nos Rois. (Depuis 1702), ils étaient les seuls titres qui décidassent du rang; car un Duc qui n'était pas Pair, y précédait un Duc-Pair moins ancien que lui dans le titre de Duc; et, si le premier était fait Pair dans la suite, il cédait la préséance à l'autre, qui avait alors l'ancienneté sur lui, en qualité de Duc-Pair, mais seulement dans les assemblées ou cérémonies où le rang se réglait sur la Pairie, et non à la cour. Ainsi, le Duc de la Tremouille, qui n'était que le quatrième des Pairs, et n'avait rang au Parlement qu'après les Ducs d'Uzès, d'Elbeuf, et de Montbazon, les précédait de droit à la cour, comme plus anciens Ducs qu'eux. Mais, comme le Roi était le seul arbitre et le souverain dispensateur de tout ce qu'on nommait honneurs et rangs,

il a quelquefois accordé la préséance, sur les Ducs mêmes, à des Princes issus de maisons souveraines, tels que les Ducs de Guise et leurs cadets; les Ducs de Nevers, de Gonzague, Nemours, etc., etc.

La dignité ducale a eu l'avantage de se maintenir en France, plus que toute autre, dans le respect et la considération dus à son ancienne institution; elle a constamment prévalu sur celle de Marquis, de Comte, et de Baron, depuis plusieurs siècles; elle a même obtenu la prééminence sur celle de Prince, à l'exception des Princes du sang royal, des Princes issus des maisons souveraines et étrangères, et des Princes souverains.

La couronne des Ducs-Pairs était, comme il a déjà été dit, un cercle d'or enrichi de pierreries, rehaussé de huit fleurons d'or refendus. Les fils des Pairs portaient la même couronne, avec cette différence, qu'on interposait une grosse perle entre chacun de ces fleurons.

Les Ducs non-Pairs portaient sur leurs armes la couronne semblable à celle des Pairs; mais ils n'en met. taient point sur leur tête au sacre et couronnement de nos Rois; les Ducs-Pairs avaient seuls ce privilége.

CHAPITRE VI.

DES MARQUIS.

Le Marquis était un officier militaire, qui avait le gouvernement des marches ou frontières. Relictis Marchionibus qui fines regni tuentes, hostium arcerent incursus. Ainsi le marquisat, par son institution, ne devait point se trouver dans l'intérieur du pays, mais bien sur les territoires frontières ou limitrophes, qu'on nommait aussi marches, et dont on a fait les mots Marchis, Marquis et Marquisat, du tudesque Marken. Dans le traité De feudis, le marquisat est appelé feudum Marchiæ, ce qui signifie fief situé sur les frontières ou marches. L'Anjou était appelé Marchia, parce qu'il était sur les marches de la Bretagne; les anciens Comtes d'Anjou étaient appelés Marquis de France; comme les Comtes de Barcelonne, Marquis d'Espagne; les Comtes de Toulouse, Marquis de Gothie; et les Comtes de Forcalquier, Marquis de Provence, parce que chacun de ces seigneurs se trouvait sur la frontière du pays dont il était Marquis.

y

M. du Buat dit qu'on appelait Marquis les Comtes et les vassaux qui étaient sur la frontière, et on les laissait seuls tant qu'on était en guerre sur une autre frontière. Quelquefois ils se rendaient aux plaids géné

raux pour délibérer sur les moyens de défendre leur marche, ou de porter la guerre dans le pays ennemi; mais le plus souvent ils restaient à leur poste.

On voit, cependant, qu'au temps du roi Gontran, c'étaient encore les Ducs qui commandaient les troupes que l'on envoyait sur la frontière.

cas,

On donna aussi le nom de Préfets aux commandans des places frontières, qui dans la suite furent appelés Comtes et Marquis. Les garnisons qu'ils commandaient étaient souvent composées des anciens soldats du Prince, qui voulait leur procurer un établissement, et, en ce il n'était pas difficile de leur trouver des terres. Il paraît que les Marquis ou Préfets de la frontière étaient munis de pouvoirs fort amples qui les autorisaient à traiter avec les nations voisines de leur marche. Dans quelques occasions, le prince leur envoyait des pouvoirs particuliers, et souvent ils prenaient beaucoup sur eux.

Il y avait des cas où on ne leur envoyait point de nouvelles forces pour résister aux ennemis, et alors ils se bornaient à défendre la frontière. Lorsque le soulèvement des peuples était imprévu, ils ramassaient le plus de monde qu'il leur était possible, et ils se mettaient par là en état d'attendre de plus grandes forces: d'autres fois avec ces seules troupes ils entraient dans le pays ennemi, soit pour y former quelque entreprise et établir des postes, soit pour le ravager et se retirer

y

aussitôt après.

Les Francs suivirent l'exemple des Romains, assignant à chaque forteresse une certaine quantité de terres qui fût tout à la fois le patrimoine et la solde de

la garnison. Ils furent d'autant plus dans le cas d'en agir ainsi, qu'ils n'avaient pas comme eux. un fonds considérable de troupes réglées.

Les chefs de ces sortes de soldats, connus sous le nom de Cantonniers, étaient les gardiens et les défenseurs ordinaires des forteresses; ils devinrent dans la suite les vassaux des Marquis; mais, comme, pour cette défense il fallait être sans cesse sous les armes, et en état de paraître devant l'ennemi, les Marquis finirent par avoir de la peine à trouver des hommes qui, en s'attachant à eux, voulussent contracter l'obligation de défendre la frontière, et c'était pour en trouver plus facilement qu'ils ne faisaient pas une justice bien rigoureuse de leurs vassaux, et que contre les lois les plus souvent renouvelées, ils recevaient à l'hommage les vassaux des autres Seigneurs.

Mais comme on avait toujours craint que le défaut de concert ou de subordination dans les chefs ne diminuât la sûreté des frontières, Charlemagne s'écarta dans la distribution des Marquisats, de la loi qu'il s'était faite de ne pas donner plus d'un comté à une même personne. Ainsi, un même Marquis fut Comte de plusieurs cantons; et c'est uniquement en ce sens qu'il fut plus considérable que tout autre comte, et qu'on le nommait parfois Comte-Marquis, c'est-à-dire, Comte chargé de la défense de la frontière nommée alors Marche. Les Comtes de Flandres et de Barcelonne étaient indifféremment appelés Comtes ou Marquis.

Nos historiens et nos jurisconsultes ne sont point d'accord sur la prééminence du titre de Marquis sur celui de Comte.

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