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daient de grands fiefs, eurent des Barons de même origine que ceux des Rois, qui aidaient les Seigneurs à tenir leurs plaids. Ils érigèrent à cet effet des terres en baronnies, et créèrent des Barons qui relevèrent d'eux immédiatement.

Il y eut alors deux sortes de Barons, les Barons du royaume, qui étaient les Hauts-Barons, relevant immédiatement du Roi; et les Barons de provinces, qui relevaient des Seigneurs qui les avaient institués et investis. Mais lorsque les érections nouvelles avaient lieu, les cours souveraines, dans la vérification des lettres, ne manquaient pas d'ajouter : « Sans préjudice au rang, << aux honneurs, droits, prééminence des anciens Ba« rons du ressort. » Ce qui fit que, depuis le quinzième siècle, l'importance des Barons diminua insensiblement, et qu'on n'exigea plus qu'une baronnie fût formée de cinq châtellenies, mais la plupart de deux ou trois seulement. L'édit de Henri III, du 17 août 1579, porte qu'une baronnie doit se composer de trois châtellenies, qui seront unies et incorporées ensemble, pour être tenues en un seul hommage du Roi. La Roque, dans son Traité de la Noblesse, dit que la baronnie devait se composer de trois châtellenies pour le moins, ou de quatre fiefs de haubert.

On a vu que, dans le Dauphiné et en Bretagne, les anciens Barons avaient conservé leurs prérogatives sur les nouveaux Comtes, Marquis et Vicomtes; et le Parlement de Bretagne, dans l'enregistrement des lettres du nouveau Marquisat d'Espinay, déclare, par un arrêt du 18 février 1575, que c'était sans préjudice des rang, honneurs, droits et prééminence du baron de Vitré. Les

Barons dans les pays d'État, qui avaient droit d'entrée et de délibération dans l'assemblée des États, jouissaient, dans les provinces, de la plus haute considération. En Bretagne, dit Wulson de la Colombière, « le titre de Baron est avantageux en ce que lui seul donne rang, séance et droit de présider et d'assister dans l'ordre de la noblesse, aux États-Généraux de ladite province.

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Ce ne fut que vers le quatorzième siècle qu'on commença à regarder les Barons comme des Seigneurs féodaux, inférieurs en dignité aux Ducs et aux Comtes; et, dans la suite, ce titre devint si commun, que ceux qui l'obtinrent eurent beaucoup de peine à prendre rang après les Gentilshommes des anciennes familles, qui, quoique non titrées, ne voulurent pas leur céder le pas, et les forcèrent à marcher à leur suite. Ils avaient néanmoins la prééminence sur les Châtelains, les bannerets, les chevaliers et écuyers. Il semble même que le roi Louis VII, mécontent des Barons, ait eu intention de multiplier ce titre, en permettant aux bourgeois de la ville de Bourges de s'en décorer, par une Charte donnée à Lorris, en 1145, sans cependant leur en accorder toutes les prérogatives, parce qu'ils n'étaient ni Gentilshommes, ni Seigneurs de fiefs. Il n'y eut véritablement à Bourges que ceux qui, à raison de leurs terres et de leur naissance, purent jouir de ce titre, qui le prirent sérieusement.

Charles-le-Mauvais, roi de Navarre, comte d'Évreux, et seigneur de Cherbourg, créa Barons, en 1366, les bourgeois de cette dernière ville; et de là vint le proverbe de Pair-à-Baron. Ces sortes d'institution ne tendaient qu'à élever la bourgeoisie à une Pairie qui lui

devenait propre et personnelle, c'est-à-dire, qui rendait les bourgeois Pairs ou Barons entre eux, mais sans les élever au rang des Pairs ou Barons gentilshommes. Les seules prérogatives qui en résultaient pour les bourgeois était, entre autres, de ne pas être tenus de répondre en justice, dans certains cas, hors de l'enceinte des murs de leurs villes. Les bourgeois d'Orléans avaient également obtenu cette qualification.

Dans le clergé, il y avait des Évêques, des Abbés et des Prieurs qui étaient Barons; soit qu'anciennement les Rois leur aient accordé ce titre, soit qu'ils possédassent par leurs libéralités des baronnies, ou qu'ils les tinssent en fief de la couronne.

La couronne de Baron est un cercle d'or émaillé, et formant une espèce de bracelet, autour duquel on pose six rangs de perles, chaque rang composé de trois perles rangées en bande, et appliquées sur le cercle même, mais ne surmontant pas sur la surface du cercle. Les Barons avaient droit de haute justice, et droit de ville close, avec la garde des clefs.

CHAPITRE X.

DES SIRES.

Ce titre dérive du mot latin herus (hère) (1), qui signifie maître. Budée en parlant au Roi François Ier, le titre de hère. Ménage prétend que Sire vient de Senior, dont on a fait seigneur, puis sire; d'autres le font dériver du mot hébreu sar, qui signifie une personne distinguée. Pasquier ajoute que les anciens Francs donnaient ce même titre à Dieu, et le nommaient biau sire Diex. Quelques auteurs disent encore que ce mot vient du gaulois seir, qui veut dire soleil, et Ducange trouve son origine dans le mot ser, qui dans la basse latinité signifie Dominus (Seigneur). Il est fait mention dans le roman de la Rose, de Jean Chopinel, lequel parlant des amours de Thibaut, roi de Navarre, comte de Champagne et de Brie, l'appelle grand Sire.

Les grands Seigneurs de fiefs prenaient ce titre dans les onzième, douzième, treizième et quatorzième siè

(1) Ce mot s'est conservé jusqu'à nous, pauvre hère, pauvre

sire.

1.

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cles, et il semblait leur être réservé particulièrement; il passa même en proverbe, pour exprimer leur importance et le rang élevé qu'ils tenaient dans l'État, tout le monde connaît celui des Barons de Coucy:

Je ne suis Roi ni Prince aussi,
Je suis le Sire de Coucy.

Les Hauts-Barons de France qui relevaient immédiatement de la couronne, l'adoptèrent pour se distinguer des Barons inférieurs qui relevaient de Duchés, Comtés ou Seigneuries diverses ; c'est pourquoi nous voyons dans l'histoire de l'ancienne monarchie, des Sires de Bourbon, de Coucy, de Courtenay, de Montmorency, de Beaujeu, de Craon, de Granville, de Créqui, de Joinville, de Pons, et, un peu plus tard, les Sires de Renty, les Sires de Croy, les Sires de Ferrières, etc. etc.

Dans la suite, on fit de Sire le mot de Messire, qu'on appliqua aux Chevaliers et aux autres gentilshommes du royaume

Le titre de Sire s'attachait, non-seulement à la personne, mais encore au fief, à la Seigneurie, et on appelait Sirerie la terre du Seigneur qui avait le titre de Sire. Lequel titre, en fait de Seigneurie, surpassait celui de Seigneur.

Depuis le seizième siècle, le titre de Sire fut exclusivement réservé pour nos Rois, et pour les divers souverains, soit en leur parlant, soit en leur écrivant.

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