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CHAPITRE XXVIII.

DE DIVERS AUTRES ORDRES DE CHEVALERIE.

La plupart des Ordres de chevalerie qui vont suivre étant mentionnés dans les écrivains qui ont spécialement traité de cette matière, j'ai cru ne pouvoir me dispenser de les rapporter ici, en avertissant le lecteur que ce n'est que comme mémoire simplement, et non comme autorité historique, parce que le sentiment des historiens les plus accrédités est qu'il n'y eut point. d'Ordre de chevalerie établi en France, d'une manière régulière, avant le douzième siècle.

L'Ordre de la SAINTE-AMPOULE, dit aussi de SAINTREMY, fut, dit-on, fondé, en 476, par le Roi Clovis, après la bataille de Tolbiac, et lorsqu'il se fit baptiser à Reims par l'Évêque Saint Remy. Des écrivains et un public judicieux révoqueront en doute cette fondation; mais ce qu'il y a de certain, c'est que, bien postérieurement, les quatre Barons, vassaux et feudataires de l'abbaye de Saint-Remy de Reims, qui étaient les Seigneurs de Terrier, de Belestre, de Sonastre et de Louvercy, avaient le privilége de tenir les bâtons du dais sous lequel on portait la Sainte-Ampoule, au sacre de nos Rois. Ils étaient revêtus d'un manteau de taffetas noir, sur le côté duquel était brodée une plaque représentant une

croix coupée d'or, émaillée d'argent, garnie aux quatre angles d'une fleur de lys d'or, et chargée d'une colombe, tenant au bec la Sainte-Ampoule, reçue par une main. Au revers, on voyait l'image de Saint Remy, avec ses vêtemens pontificaux, tenant de la main droite la SainteAmpoule et de la gauche sa crosse; ils portaient la même croix en sautoir, suspendue à leur col par un ruban noir. Quelques auteurs critiques ont réfuté ce fait, parce que, dans un cérémonial ancien, ils ont vu que le dais avait été porté par des religieux de l'abbaye de Saint-Remy, et non par ces quatre Barons. Mais en se reportant au dictionnaire des Gaules du célèbre abbé Expilly et à trois autres écrivains qui ne sont pas moins estimés, Piganiol de la Force, Guyot et Paillot, ils verront qu'en 1722, au sacre de Louis XV, « ce dais était « porté par les sieurs de Romaine, de Godart, de << Sainte-Catherine et Clignet, Chevaliers de la SainteAmpoule, vêtus de satin blanc et d'un manteau de « soie noire; » et qu'en 1775, au sacre de Louis XVI, la Sainte-Ampoule fut apportée de Saint-Remy en procession, par Dom de Bar, Prieur de cette abbaye, << en chape d'étoffe d'or, et monté sur un cheval blanc « de l'écurie du Roi, que deux maîtres palefreniers de « la grande écurie conduisaient par les rênes: il était << couvert d'un petit harnais d'étoffe d'argent, très-ri«< chement brodé. Ce religieux était sous un dais de pareille étoffe, qui était porté par MM. du Bois « d'Escordal, Seigneur de Terrier; Dessair, Seigneur de << Saunastre; le Comte d'Anger, Seigneur de Belestre; et << Gastineau, Seigneur de Louvercy; Barons, dits Che«valiers de la Sainte-Ampoule, vêtus de satin blanc,

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<«< d'un manteau de soie noire, et d'une écharpe de « velours blanc, garnie de franges d'argent, avec la <«< croix de chevalier passée au cou, et attachée à un << ruban noir. » Paillot ajoute que ces quatre Seigneurs feudataires se qualifiaient de Barons-Chevaliers de la Sainte-Ampoule.

ORDRE DU CHIEN ET DU COQ, institué en 500 par Lisois de Montmorency, pour donner un signe aux Chevaliers qui l'accompagnèrent aux États-Généraux assemblés à Orléans. Ils firent serment de fidélité à Dieu et au Prince. La devise de cet Ordre était Vigiles.

ORDRE DE LA GENETTE. On dit que Charles Martel ayant défait les Sarrasins, en 732, près de Tours, trouva dans la tente d'Abderame, leur général, plusieurs belles fourrures de genette (1); qu'il en distribua seize à autant d'officiers de son armée qui s'étaient distingués dans le combat, et qu'en même temps il institua, en commémoration de sa victoire, l'Ordre de la Genette, dont il les fit Chevaliers que le collier de cet Ordre était d'or, à trois chaînons entrelacés de roses, et qu'au bout des chaînons pendait une genette d'or sur une terrasse émaillée de fleurs.

ORDRE DE LA COURONNE, dit aussi de la Frize, fondé en 802, par Charlemagne, pour récompenser les services militaires. Sa devise était : Coronabitur legitimè

certans.

ORDRE DU LION. Enguerrand de Coucy ayant tué un lion qui faisait de grands ravages dans une forêt,

(1) Espèce de fouine de la grandeur des chats, et dont le poil est brun et d'une odeur très-agréable.

institua cet Ordre pour perpétuer le souvenir de cette

action.

ORDRE DE L'ÉTOILE. L'an 1022, selon le P.. Honoré de Sainte-Marie, le Roi Robert institua l'Ordre des Chevaliers de l'Étoile, en l'honneur de la Ste.-Vierge, qu'il avait prise pour la protectrice de son royaume." Cet Ordre était composé de trente Chevaliers, en comptant le Roi qui en était le chef et le souverain Grand-Maître. Le collier des Chevaliers était d'or à trois chaînes entrelacées de roses d'or émaillées alternativement de blanc et de rouge, et à l'extrémité pendait une étoile d'or à cinq raies. C'est l'Ordre dont il est question ci-devant, page 344, et de l'existence duquel on n'a pas, au reste, de preuves bien certaines.

ORDRE DU SAINT-ESPRIT DE MONTPELLIER, fondé en 1198, par Guy, quatrième fils de Guillaume, Comte de Montpellier. Cet Ordre était hospitalier et destiné au soulagement des malades et des pauvres; des divisions intestines nuisirent beaucoup à son accroissement. Il se maintint, cependant; car j'ai sous les yeux un diplôme de Chevalier de grâce, délivré au sieur JeanAndré Lalouette, le 20 juillet 1793, par messire Charles Hue, des anciens Barons de Courson, s'intitulant sous-vicaire général dudit Ordre, et sous le bon plaisir du Roi de France. Il est dit, dans le protocole de ce diplôme, que cet Ordre a été fondé par SainteMarthe, hotesse de Jésus-Christ (c'est reprendre les choses d'un peu haut). Ledit acte est contresigné par M. Colas de Senneville, secrétaire. La signature de M. Hue de Courson est peut-être unique dans son genre; les lettres ont au-delà de trois pouces et demi

de hauteur, et sa souscription remplit toute la largeur du diplôme, qui est de vingt-huit pouces.

ORDRE DE LA MILICE DE JÉSUS-CHRIST, établi par Saint Dominique, dans le nord de l'Italie et dans le midi de la France, pour conserver les droits de l'Église, et employer les armes à la défense de la religion. Cet Ordre a peu survécu à son fondateur.

faire la

Ordre de la Foi de Jésus-ChrisT, institué pendant la croisade de 1222 pour de la religion catholique.

guerre aux ennemis

ORDRE DE LA PAIX. Ameneus, Archevêque d'Auch, et quelques Seigneurs gascons, fondèrent cet Ordre en 1229, pour réprimer les violences des Albigeois et des brigands nommés routiers; il fut aboli en 1260.

ORDRE DE LA COSSE DE GENET. Ce fut Saint-Louis qui institua, en 1234, cet Ordre en l'honneur de son mariage avec Marguerite, fille de Bérenger, Comte de Provence. On dit qu'il fit son fils Chevalier.

Le nombre des Chevaliers de cet Ordre était peu considérable; ils avaient pour devise: Exaltat humiles.

ORDRE DU NAVIRE ET DE LA COQUILLE DE MER. Ce fut encore Saint-Louis qui l'institua en 1269, en mémoire de l'expédition périlleuse qu'il fit sur mer pour le soulagement des chrétiens. Cet Ordre survécut peu à son fondateur.

ORDRE DE NOTRE-DAME-DE-CHARDON OU DE BOURBON. Louis II, Duc de Bourbon, donna, le 1er de l'an 1369, aux gentilshommes réunis à Moulins, l'Ordre de l'Écu d'or, et l'année suivante il changea ce nom en celui de Notre-Dame-de-Chardon. Les Chevaliers devaient être nobles et avoir donné des

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