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MÉDITATION VIII.

Le nom d'ève. — les robes DE PEAU.

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Parmi les traits d'histoire qui nous sont conservés dans les pages des livres saints, il en est peu de plus touchans que la maladie et la guérison miraculeuse du pieux Ézéchias, roi de Judas. Il venait d'être délivré par la puissance de l'Éternel de la main du fier et belliqueux Sanchérib, dont le discours orgueilleux de Rabsaké lui avait fait craindre toute la fureur. Heureux et reconnaissant de voir que le Dieu d'Israël avait exaucé son ardente prière, il s'était rassis sur le trône de ses pères un instant ébranlé. Mais une autre épreuve l'attendait « En ce temps-là Ézéchias fut malade à la mort, et Ésaïe le prophète, fils d'Amots, vint vers lui et lui dit : Dispose de ta maison, car tu t'en vas mourir et tu

ne vivras plus. Alors Ézéchias tourna son visage contre la muraille et fit sa prière à l'Éternel et dit : Souviens - toi maintenant, je te prie, ô Éternel! comment j'ai marché devant toi en vérité et en intégrité, et comment j'ai fait ce qui t'était agréable. Et Ézéchias pleura abondamment ». Il pleure, incertain si sa prière sera entendue; son cœur se fond de tristesse et d'angoisse; car le salut de tout le peuple de Dieu, qu'il a arraché à l'idolâtrie et qui est menacé d'une guerre d'extermination, semble dépendre de sa vie, et il se voit enlever à la fleur de ses jours. Que ne puis-je vous rendre l'esprit de cette touchante et pieuse élégie par laquelle il exhale sa douleur! « Je disais: au midi de mes jours mes jours sont tranchés ! Déjà il me faut en<< trer aux portes de la mort; le reste de mes an«nées m'est refusé. Je ne contemplerai plus Jé

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hova, Jéhova sur la terre des vivans. Je ne verrai « plus aucun des hommes, aucun des habitans de « la terre. Le temps de ma vie est passé; il a été << transporté loin de moi comme une cabane de «berger. Mes jours sont tranchés le matin comme « le fil du tisserand, et avant le soir tu m'as enlevé. << Mes os sont brisés comme par la force du lion. « Je soupire comme l'hirondelle. Je gémis comme « la colombe. Mon il défaillant s'élève encore à « toi, Jéhova! Jéhova! délivre mon âme! - Mais « que dirai-je encore? Il l'a dit, il l'a fait ! Je pas<< serai dans l'amertume de mon âme le temps qui << me sera laissé ».

Cependant celui qui avait été, de par l'Éternel, un messager de mort, se présente encore à Ézéchias, et, messager de bonnes nouvelles, il annonce la délivrance. La voix d'Ésaïe s'est encore fait entendre: « Ainsi a dit l'Éternel, le Dieu de David ton père : J'ai exaucé ta prière; j'ai vu tes larmes, voici, je vais ajouter quinze années à ta vie, et je délivrerai de la main des Assyriens et toi et cette ville ».

A ces mots Ézéchias ressaisit sa lyre; mais qu'ils sont différens ses accords! « Seigneur! ta Parole << est la vie même. Tu m'as relevé, tu m'as fait re« vivre. Tu as changé en paix la grande amertume « de mon cœur. Tu as ouvert tes bras, tu as em« brassé mon âme, afin qu'elle ne tombât pas dans « l'abîme, parce que tu as jeté arrière de toi tous « mes péchés. Le sépulcre ne te célèbre pas; la << mort ne proclame point ta louange; ceux qui descendent dans l'abîme n'éprouvent plus ta fidé«lité; mais celui qui vit, celui qui vit te célébrera «< comme je le fais aujourd'hui. Le père annoncera à ses enfans ta vérité. L'Éternel est ma déli« vrance! Que mes cantiques retentissent donc << dans la maison de l'Éternel tous les jours de ma

« vie1».

Il peut vous sembler, mes frères, que ces douces pensées, que ces actions de grâces pour une déli

(1) Esaïe, ch. 38.

vrance signalée dans laquelle l'Éternel déploya toute sa bonté, ne sont guère en harmonie avec le sujet de nos méditations, puisque nous avons à contempler le premier homme courbé sous le poids de cette condamnation qui a fait le sujet de notre dernier discours. - Cependant c'est la situation même de l'homme déchu qui nous a rappelé le souvenir d'Ézéchias; non qu'Adam se soit humilié comme lui, ait prié comme lui et ait vu comme lui la délivrance de l'Éternel; mais c'est que, sous le poids même de la condamnation qui tombe justement sur lui, il est néanmoins encore un monument de la miséricorde et de la longanimité du Seigneur; comme Ézéchias il voit se prolonger une vie dont il devait s'attendre à voir tarir la source sous les coups de la malédiction du Très-Haut; comme Ézéchias il devrait entonner une hymne de reconnaissance et d'amour. Il reste, il est vrai, condamné avec toute sa race. La terre est maudite à cause de lui; il en mangera les fruits avec douleur et à la sueur de son front tous les jours de sa vie. Il partagera avec sa compagne les souffrances et l'amertume d'une vie que le péché a empoisonnée. Mais est-ce là tout ce à quoi il devait s'attendre lorsque, après son crime, il fuyait honteux et tremblant à la voix de l'Éternel? Non, sans doute. La sanction de l'ordre qu'il a violé était : Au jour que tu en mangeras tu mourras de mort. Or ce jour, ce jour terrible est arrivé. Adam souffre, il est vrai, l'exécution de la sentence dans la

séparation de son âme d'avec Dieu, ce qui est la mort spirituelle. Il porte, il est vrai, dans son corps le germe de dissolution qui plus tard produira en lui les maladies et la mort. Mais encore est-ce tout ce qu'Adam avait à redouter de la juste colère de l'Éternel? Puisqu'il a péché, puisqu'il est déchu, puisqu'il a manqué le but de son être, trompé le dessein que Dieu avait en le créant, ne devait-il pas s'attendre à ce que cette mort, gage terrible du péché, le frapperait aussitôt; qu'un Dieu offensé le ferait rentrer dans le néant d'où il l'avait tiré, ou que plutôt, le bannissant pour jamais de sa présence, il le dévouerait sans délai aux misères éternelles de ces êtres qui « sont retenus dans des chaînes d'obscurité et réservés pour le jour grand et terrible du juste jugement de Dieu? Au lieu de cela qu'éprouve-t-il? Il voit d'abord un Dieu lent à la colère qui lui adresse les questions les plus propres à réveiller dans sa conscience le sentiment clair et douloureux de son péché, et à susciter dans son cœur la repentance qui est le chemin de la vie, un Dieu qui condescend à lui donner les motifs de sa sentence. Et que lui annonce cette sentence? Une mort immédiate? la destruction? le néant? Non! « La terre sera maudite à cause de toi... » Cette terre n'ouvre donc pas sa bouche pour l'engloutir! « Tu mangeras l'herbe des champs; tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage... » Il y a donc encore du temps, un sursis pour le coupable! Sa compagne doit « en

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