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nos passions, comme les autres mots sont les expressions de nos idées. C'est une sorte de langage primitif: les enfants ont des interjections avant qu'ils connaissent l'usage des autres mots, et les animaux eux-mêmes ont dans leurs cris quelque chose que l'on pourrait appeler des interjections.

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On peut distinguer d'après leur origine trois espèces d'interjections 1° Celles qui sont naturelles, c'est-à-dire, qui sont le produit spontané de nos sensations, et qui probablement sont aussi anciennes que l'homme: oh! ah! ouf! aïe! etc. 2° Celles qui sont usuelles, comme dame! gare! C'est l'usage qui les a introduites et qui nous a habitués à les employer comme les interjections naturelles pour exprimer nos sensations. 3° Les autres interjections sont des substantifs que l'on emploie d'une manière figurée et auxquels on a fait jouer le rôle d'interjections: ciel! grand Dieu! etc.

Par la passion qu'elles expriment les interjections peuvent se distinguer en interjections qui expriment: la douleur, la joie, la crainte, l'aversion et le mépris ou le dégoût, la dérision, l'admiration, la surprise, etc. Il y en a qui servent à eдcourager, comme allons! courage! Il y en a qui avertissen1. comme gare! tout beau! D'autres servent à appeler, comm2 holà! hé! et il y en a qui imposent silence chut! paix! Voici la liste des interjections:

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Ô! oh! ho! Il ne faut pas confondre ces trois interjections. Ô est proprement un vocatif: que deviendrez-vous, ô homme! si Dieu vous abandonne? Et parce que ô! est un simple vocatif il s'emploie facilement pour exprimer tous les sentiments. Il exprime l'admiration: ô Platon! ô philosophe sublime! La joie: ô bonheur! ô délire! je vous revois. La douleur: "O vanité! ô néant! ô mortels ignorants de leurs destinées!" La colère, le désespoir: "Ô rage! O désespoir! Ô vieillesse ennemie!" L'effroi: "O nuit désastreuse! nuit effroyable!" Le désir: ô que n'êtes-vous auprès de moi!-Oh! est proprement une interjection de surprise: oh! oh! vous voilà; je ne vous attendais plus. Oh! sert aussi pour l'admiration : oh! que c'est beau! Cette interjection sert encore à donner plus de force à notre parole: oh! pour cela je ne le ferai pas. -Ho! s'emploie principalement pour appeler: ho! venez donc ici. En second lieu ho! exprime l'étonnement: ho! ho! que dites-vous là? Ho! qu'est-ce que c'est que ça ?

Ah! ha! M. Littré distingue comme suit ces deux interjections: "Si l'on éprouve un sentiment de joie, de douleur, une émotion vive, on l'exprime en proférant le son prolongé ah! et c'est l'h qui, placée après ce son, peint cette durée. Un homme, plongé dans ses réflexions, marche sans regarder devant lui; il trouve quelque chose qui l'arrête, un fossé par exemple; il fait un mouvement et dans sa surprise il s'écrie: ha!"

Eh! hé!-Ces deux interjections se prononcent l'une comme l'autre absolument, et leur différence d'orthographe n'est fondée sur rien. Par conséquent, on peut toujours écrire eh ou

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hé, et les employer l'un pour l'autre. Ils servent à appeler et à exprimer un sentiment de surprise, de douleur, etc.: eh! venez donc! Hé! m'entendez-vous? Eh! qu'avez-vous, que vous me faites la mine? Eh! qui n'a pleuré la mort du président Lincoln?

[Je mets ici deux extraits qui pourront être donnés aux élèves comme exercices de traduction. Le professeur fera bien d'appeler constamment l'attention de sa classe sur les questions de grammaire que les devoirs fourniront l'occasion d'examiner et de discuter.]

THE LADY OF LYONS;

OR,

LOVE AND PRIDE.

ACT I.

SCENE 1.-A room in the house of M. DESCHAPPELLES, at Lyons. PAULINE reclining on a sofa; MARIAN, her maid, fanning her. Flowers and notes on a table beside the sofa. MADAME DESCHAPPELLES seated at a table. The gardens are seen from the open windows. MME. DESCHAP. Marian, put that rose a little more to the left(MARIAN alters the position of a rose in PAULINE's hair)—Ah, so!— that improves the hair,-the tournure, the je ne sais quoi! You are certainly very handsome, child!-quite my style;-I don't wonder that you make such a sensation!-old, young, rich, and poor, do homage to the beauty of Lyons! Ah, we live again in our children,— especially when they have our eyes and complexion!

PAULINE (languidly). Dear mother, you spoil your Pauline! (aside) I wish I knew who sent me these flowers!

MME. DESCHAP. No, child! If I praise you, it is only to inspire you with a proper ambition. You are born to make a great marriage. Beauty is valuable or worthless according as you invest the property to the best advantage. Marian, go and order the carriage! (Exit MARIAN.)

PAULINE. Who can it be that sends me, every day, these beautiful flowers?-how sweet they are!

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Enter SERVANT.

SERVANT. Monsieur Beauseant, madam.

MME. DESCHAP. Let him enter. Pauline, this is another offer!-I know it is! Your father should engage an additional clerk to keep the account book of your conquests.

Enter BEAUSEANT.

BEAU. Ah, ladies, how fortunate I am to find you at home! (aside) How lovely she looks!—It is a great sacrifice I make in marrying into a family in trade! --they will be eternally grateful! (aloud) Madam, you will permit me a word with your charming daughter. (approaches PAULINE, who rises disdainfully) Mademoiselle, I have ventured to wait upon you, in a hope that you must long since have divined. Last night, when you outshone all the beauty of Lyons, you completed your conquest over me! You know that my fortune is not exceeded by any estate in the province-you know that but for the Revolution, which has defrauded me of my titles, I should be noble. May I, then, trust that you may not reject my alliance? I offer my hand and heart.

you

PAULINE (aside). He has the air of a man who confers a favor! (aloud) Sir, you are very condescending-I thank you humbly; but, being duly sensible of my own demerits, you must allow me to decline the honor you propose. (Curtsies, and turns away.)

BEAU. Decline! impossible!-you are not serious! Madame, suffer me to appeal to you. I am a suitor for your daughter's hand-the settlements shall be worthy her beauty and my station. May I wait on M. Deschappelles?

MME. DESCHAP. M. Deschappelles never interferes in the domestic arrangements, you are very obliging. If you were still a marquis, or if my daughter were intended to marry a commoner, -why, perhaps, we might give you the preference.

BEAU. A commoner!-we are all commoners in France now.

MME. DESCHAP. In France, yes; but there is a nobility still left in the other countries in Europe. We are quite aware of your good qualities, and don't doubt that you will find some lady more suitable to your pretensions. We shall be always happy to see you as an acquaintance, M. Beauseant! My dear child, the carriage will be here presently. (Goes to PAULINE.)

BEAU. Say no more, madam !-say no more! (aside) Refused! and by a merchant's daughter!—refused ! It will be all over Lyons

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