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le carme à son ordinaire. Vos livres et les faits l'ont ébranlé; et l'on dit qu'à l'exception de l'amour pur, sur lequel il explique M. de Cambrai à sa mode, il convient que le système de ce prélat est mauvais en tout. On ne sait ce que cela veut dire, et je n'y ajoute aucune foi. Le cardinal de Bouillon et les jésuites n'ont rien oublié à son égard je le sais de science certaine.

Le Quietismus redivivus est demandé de tout le monde, et fort desiré. Ne perdez pas de temps, je vous en prie après cela on pourra attendre la décision du Saint-Siége. Nous souhaitons recevoir bientôt votre Relation en françois et en latin, et votre Réponse aux Lettres de M. de Cambrai. Il en paroît ici une cinquième de ce prélat; il a des traducteurs diligents.

Demain l'archevêque de Chieti et le sacriste parleront à leur ordinaire. Le cardinal de Bouillon fait semblant de presser; mais sous main il travaille à tirer tout en longueur. On verra bientôt comme on s'y prendra pour les autres propositions. Les dispositions sont les mêmes par rapport aux cardinaux. Le cardinal Panciatici,

dissimuler ses desseins au roi, à qui il voudroit faire croire qu'il est indifférent pour la personne et la doctrine de M. de Cambrai, et néanmoins qu'il presse le jugement. Il ne tiendroit qu'à lui que l'affaire finît dans un mois; mais ce n'est pas ce qu'il demande. Je continue à craindre M. de Barrières.

Sur la bonté que vous avez eue de me marquer de tirer sur vous quelque somme, dans le besoin et la nécessité où je suis, je tire aujourd'hui une lettre de change de neuf cent vingt livres, dont je vous envoie la copie. Je tire de petites sommes, et vous serai à charge le moins qu'il me sera possible.

Cette lettre vous sera rendue par M. de Paris; je la mets sous son adresse, et la donne à Lantivaux, qui la lui remettra en main propre. Rome, ce 10 juin 1698.

LETTRE CCLXXVI.

DE BOSSUET A M. DE LA BROUE.

je pense, ira bien. Le cardinal Nerli est un peu Sur les réponses faites à M. de Cambrai ; le renvoi de ses

revenu des terribles préventions que lui avoient données le cardinal de Bouillon et les jésuites. Je fais de mon mieux pour engager le cardinal Altieri à se trouver aux congrégations qui se tiennent devant Sa Sainteté ; il me l'a promis. Le pauvre cardinal d'Aguirre est quasi hors d'état de s'appliquer ; cela est fâcheux. Le cardinal Casanate a été très incommodé ces jours passés; mais il se porte mieux : nous perdrions tout en le perdant; c'est l'ame de toutes les opérations. Faites, si vous le jugez à propos, écrire le père Mabillon au cardinal Colloredo, sur la protection qu'il donne ici à M. de Cambrai, ou au moins sur le bruit qui en court. Il est trop uni avec Fabroni pour en douter: du reste, je fais tout ce que je puis pour l'éclairer et le détromper. Je crois Fabroni exclu d'être assesseur: j'ai été obligé de dire au Pape qu'il étoit partie dans cette affaire; cela ne lui a pas servi.

Le cardinal de Bouillon fut obligé de convenir hier avec moi, que les mezzo termine n'étoient plus de saison, et feroient plus de mal que de bien. Ce qu'il y a de plaisant, c'est que c'est son unique vue à présent; et nous savons, monseigneur Giori et moi, qu'il a fait insinuer au Pape et aux cardinaux qu'il savoit un moyen admirable d'ajuster les choses; qu'il ne vouloit s'expliquer que quand il en seroit requis. Cependant on répand qu'il seroit dangereux de traiter M. de Cambrai à la rigueur; qu'étant désespéré, il pourroit faire un parti considérable. ou te l'attention du cardinal de Bouillon est de

créatures; et les personnes qu'on avoit épargnées.

J'ai reçu votre lettre du 29 mai. Vous avez Cambrai, et ma réponse vous a été envoyée. En vu que j'ai répondu à quatre lettres de M. de même temps il en a paru une de M. l'archevêque de Paris, qui a eu ici un grand effet, Cela, M. l'abbé de Beaumont, etc., a désolé le parti. joint avec ce qui s'est passé à Versailles sur Nous avons tous répondu de M. l'abbé Catelan : on a aussi sauvé M. de Fleury. Je ne sais encore ce qu'on fera sur la place principale: vous savez les vues que j'ai eues, faits; je persiste, et rien ne me pourroit faire les pas que j'ai plus de plaisir. Cent fois le jour je vous souhaite ici pour nous seconder dans une affaire qui demande tant d'attention et de lumières, qu'on ne doit rien desirer davantage que d'y être aidé.

Paris, ce 15 juin 1698.

LETTRE CLXXVII.

DE BOSSUET A SON NEVEU.

Sur la manière dont il a parlé au nonce; sa Relation du quiétisme, l'authenticité des pièces qu'elle contient ; et sur deux propositions omises parmi celles qu'on jugeoit condamnables.

Sur votre lettre du 27 mai, je dis hier à M. le nonce tout ce qu'il falloit pour lui faire connoître ce que vous m'écrivez au sujet du Pape

et des cardinaux, et l'engager à écrire une lettre conforme à ce que vous m'avez mandé.

Mon frère a toujours la goutte; et après beaucoup de douleurs, il en est réduit à une foiblesse importune: mais le fond de sa santé est indiqué par le bon visage : du reste, sa bonne hu

Vous pouvez tirer sur moi, en deux fois, jusqu'à douze cents livres : j'ai donné des ordres pour cela. Je suppose que vous aiderez M. Phelippeaux, s'il a quelque besoin. On ne vous laissera manquer de rien, persuadé que l'on est de votre sagesse : il nous tarde bien à tous de vous revoir.

Il me tarde de savoir si vous avez reçu le Mystici in tuto. Je vais reprendre le Quietismus Vous recevrez, par cet ordinaire, cinquante redivivus, qui sera court et tranchant. M. de exemplaires des premières feuilles de ma Rela- | Cambrai fait imprimer en Flandre et à Liége tion *, qui en comprennent la moitié, et toutes des écrits de ses émissaires, qui ne font que les lettres de M. de Cambrai, avec son mémoire mal répéter ce qu'il dit. Il a pour lui les gazetà madame de Maintenon, qui y est inséré de tes et les journaux de Hollande, à qui un jémot à mot. Il n'y a point de plus grande authen-suite envoie des mémoires nous le savons à ticité que d'imprimer ces pièces ici à la face de n'en point douter. toute la cour. On voit bien qu'on n'oseroit le faire, si l'on n'étoit assuré de deux choses: l'une, de ne pouvoir être contredit; l'autre, que le roi et madame de Maintenon le trouvent bon. En effet tout leur a été communiqué, et j'ai ré-meur ne s'altère jamais. ponse positive qu'on agrée cette publication. Au surplus, M. le nonce a vu entre les mains de M. de Chartres le mémoire entier, de la main de M. de Cambrai. Il m'a dit qu'il en avoit écrit à M. le cardinal Spada, et qu'il l'avoit assuré qu'autant qu'il en pouvoit juger par l'inspection, c'étoit le propre caractère de M. de Cambrai. On lui fera voir encore une fois ce mémoire en original; mais il n'y a rien à ajouter à l'authenticité de l'impression, où l'on dit publiquement, et sans crainte d'être démenti, que ce mémoire est transcrit de mot à mot, et sans y changer ou ajouter une seule parole: c'est ce que vous verrez dans les feuilles qu'on vous envoie. L'ordinaire prochain, vous recevrez la continuation de la Relation, où seront mes réflexions sur ces faits, qui donnent une nouvelle force à ce mémoire. M. de Paris vous instruira sur ce qui regarde le reste des faits, et je ne puis que m'en rapporter à lui. Je n'ai pu le voir depuis mon arrivée, qui fut avant-hier; je le verrai ce matin. J'irai ce soir coucher à Versailles.

Le bruit est ici public qu'on a rayé les appointements de M. de Cambrai, comme on a fait bien certainement ceux des subalternes qui ont été renvoyés. Si cela n'est pas encore fait, on peut compter que cela sera, et que M. de Cambrai ne verra jamais la cour. La cabale est humiliée jusqu'à la désolation, depuis l'expulsion des quatre hommes remerciés; et les jésuites, qui disoient hautement que c'étoit leur affaire, n'osent plus dire mot.

J'ai instruit monseigneur le Dauphin des faits. Il est aussi éloigné de la nouvelle cabale que le roi, outre que naturellement il n'a point d'autre volonté que la sienne; et en ce cas particulier, son sentiment y est conforme. Ainsi vous voyez que ce qu'on vante du crédit du père de La Chaise sur son esprit, sera en cette occasion fort inutile. Nous attendrons le père Dez en patience.

* Elle se trouve au tome viii.

Je suis étonné qu'on omette, parmi les propositions condamnables, les deux dont vous parlez; la première: Ce qui n'est pas charité est cupidité, où l'auteur admet une charité qui n'est pas la théologale; et la seconde: L'amour de pure concupiscence, quoique sacrilége, est une disposition à la justice. Ces deux propositions ne peuvent être excusées par nulles tergiversations.

A Paris, 16 juin 1698.

LETTRE CCLXXVIII.

DE M. DE NOAILLES, ARCHEVÊQUE DE PARIS,
A L'ABBÉ BOSSUET.

Sur les bons effets de la Réponse de ce prélat; l'authenti-
cité de toutes les pièces qu'on envoyoit à Rome; et sur
la nécessité de presser le jugement.

Je ne pus vous écrire par le dernier courrier, monsieur; et je priai le Père procureur général des minimes de vous faire mes compliments: je n'ai pas toujours le temps de faire ce que je voudrois.

Vous devez avoir reçu depuis quelques jours ma Réponse à M. de Cambrai, manuscrite et imprimée : vous l'aurez dans peu en latin. Elle a fait un si bon effet en ce pays, que j'espère fort qu'elle en fera aussi beaucoup dans celui où vous êtes.

Vous avez très bien fait de montrer la lettre dont M. de Meaux vous a envoyé la copie : l'original est où vous savez; c'est moi qui l'ai rendu : tout ce qui y est n'est que trop vrai. M. le cardinal de Bouillon a pu faire l'étonné; mais je

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Rome retentissent du bon effet que cette lecture a produit: cela a été trouvé ici fort bon et fort à propos. Vous allez présentement recevoir la suite de ma Relation : elle authentiquera tout, et l'on verra bien que je n'écris pas sans aveu. M. de Chartres envoie aussi par cet ordinaire sa Lettre pastorale, qui sera d'un grand poids: il vous en fera part. Le surplus des faits vous sera mandé par M. de Paris. Je fais mettre en latin ma Relation: je la ferai traduire aussi en italien, si l'on peut trouver une plume assez élégante.

suis sûr qu'il ne l'a point été : il sait la liaison; I madame de Maintenon. Toutes les lettres de et s'il n'étoit intéressé dans la cause de M. de Cambrai par les engagements qu'il a pris avec les jésuites et avec lui, il en parleroit plus fortement que nous. Vous avez pu l'assurer que M. le nonce a vu l'original: on lui communique tous ceux des pièces qu'on vous envoie, et on le fera toujours avec plus de soin. M. de Meaux la met par extrait dans sa Relation, qu'il vous enverra au plus tôt. La disgrace des quatre hommes que le roi a ôtés de la maison de messeigneurs les princes ses petits-enfants fera bien voir que le zèle de Sa Majesté ne s'est point ralenti, et qu'elle craint toujours autant que jamais que la mauvaise doctrine ne se répande. Je m'attends bien que vous ferez valoir cet événement le plus que vous pourrez. Nous aurons donc bientôt le père Dez : il a du mérite, et la coadjutorerie qu'on lui donne, dans le public, du père de La Chaise, achève de lui attirer de la considération; ainsi je ne suis pas surpris qu'il en ait cu à Rome. Cependant elle n'a pu lui faire passer son livre, et je sais qu'il en est fort mortifié : il le sera bien encore, quand il verra ici qu'on le croit tout-àfait dans les intérêts de M. de Cambrai. Il aura beau dire, il ne nous persuadera pas du contraire, ni sur lui, ni sur ses frères.

Ce n'est pas un grand malheur pour nous que la mort de Bernini, car il étoit fort gagné; mais c'en seroit un fort grand, si Fabroni ou Casoni avoient sa place: ils ne nous seroient bons ni l'un ni l'autre. Faites tous vos efforts pour l'empêcher. M. Giori y fera bien tout ce qu'il pourra: il en parle et en écrit vigoureusement.

Si on ne va pas plus vite dans les congrégations, nous ne serons pas si tôt hors d'affaire. Il ne faut pas étrangler; mais il faut presser, quand ce ne seroit que pour empêcher les longs discours du père Alfaro : je ne comprends pas comment on les souffre. J'espère toujours beaucoup de la force de la vérité, et de la continuation de vos soins. Je suis toujours à vous, monsieur, avec les sentiments que vous savez. A Versailles, 16 juin 1698.

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M. le nonce m'a assuré qu'il avoit écrit sur le mémoire de M. de Cambrai; qu'il lui paroissoit être de la main de ce prélat. Le principal est qu'on connoisse deux choses: l'une, que le roi est implacable sur M. de Cambrai : ce qu'il a fait dans la maison des princes en est la preuve, Assurez-vous qu'il n'y a point de retour: ce que nous imprimons ici aux yeux de la cour en est une confirmation. Quoi qu'il arrive, et quand même on molliroit à Rome, ce qui ne paroît pas être possible, on n'en agira pas ici moins fortement: car le roi voit bien de quelle conséquence il est pour la religion et pour l'état d'étouffer dans sa naissance une cabale de fanatiques, capable de tout, et qui en est venue à une insolence qui a étonné ici tout le monde. L'autre chose qu'on peut tenir pour assurée, c'est le parfait concert des évêques avec le roi, pour couper la racine d'une dévotion qui tend manifestement à la ruine de la religion.

On n'a garde de nommer en rien le cardinal Casanate, dont le nom est à ménager en tout et partout.

Des deux concurrents que vous nommez pour la place d'assesseur, on ne sait ici lequel est plus digne d'être exclu.

Quant au chapeau, le cardinal de Bouillon le voudroit plutôt pour M. de Chartres que pour M. de Paris, et plutôt pour M. de Paris que pour moi.

Je pense et repense à ce que vous m'avez mandé sur la vue de M. de Paris: cela est fort délicat.

Vous trouverez des ouvertures pour répondre à toutes les objections, dans le commencement du Schola in tuto: il y en aura d'autres dans le Quietismus redivivus. Je ne vois rien de meilleur que de poser pour principe qu'il faut joindre les deux motifs de l'amour de Dieu in praxi, et de donner quelque mot fort pour dé crier les chimères des suppositions impossibles. Je roule cela dans mon esprit, et ne sais encore que dire.

1

Pour la place vacante d'assesseur, j'entends | nuation de vos soins et des efforts de la cabale: vanter M. Nucci à M. le cardinal d'Estrées.

Vous avez très bien fait de commencer par M. le cardinal de Bouillon, à montrer l'écrit de M. de Cambrai.

J'ai fait connoître à M. le nonce qu'une décision ambiguë ou foible ne seroit ni de l'honneur du Saint-Siége, ni du goût du roi et du royaume, ni d'aucun effet ; et que la cabale, qu'il faut étouffer, ne feroit que s'en moquer et devenir plus insolente: il le voit aussi bien que moi.

Une des choses, pour la doctrine, des plus importantes, est d'observer que le désintéressement que met l'école dans la charité n'a rien de commun avec l'amour désintéressé de M. de Cambrai, qui consiste dans un cinquième degré au-dessus de la charité justifiante, laquelle, dans son système, fait le quatrième : mais je crois qu'il n'y a plus rien de considérable à dire là-dessus.

Je ne sais si je vous ai dit que l'effet de nos deux lettres, de M. de Paris et de moi, en réponse à celles de M. de Cambrai, a été prodigieux: celle de M. de Paris a fait et fait revenir une infinité de gens. S'il plaît à Dieu de donner sa bénédiction à ma Relation, elle achèvera de confondre M. de Cambrai.

J'embrasse M. Phelippeaux. Il sera bien aise d'apprendre que M. Obin étant mort, j'ai donné sa prébende à M. Moreri, qui est utile au diocèse dans l'Hôtel-Dieu, et un homme qui paroît

sûr.

Mon frère est tenu long-temps par la goutte: j'admire sa tranquillité et sa bonne humeur.

j'espère qu'elle succombera à la fin.

J'ai bien de la joie que vous soyez content de ma réponse à M. de Cambrai : elle a parfaitement bien réussi en ce pays. Vous en avez eu plus promptement que je ne croyois des exemplaires imprimés : les imprimeurs ont cru, avec raison, y gagner, et se sont pressés d'y travailler. Je vous l'enverrai en latin le plus tôt que je pourrai.

Vous aurez dans peu la Relation de M. de Meaux, et l'ouvrage de M. de Chartres: on y verra des faits importants, qui feront connoître la vérité à tous ceux qui ne seront pas ou ne voudront pas être aveugles. Une autre fois je vous en dirai davantage: je ne veux pas perdre ce courrier; ainsi je ne puis que vous assurer, monsieur, que je suis toujours à vous avec les sentiments que vous savez.

Paris, 24 juin 1698.

LETTRE CCLXXXI.

DE L'ABBÉ PHELIPPEAUX A BOSSUET. Sur la conduite du roi à l'égard de M. de Cambrai; la manière dont les consulteurs avoient voté dans les dernières congrégations; les moyens à prendre pour abréger; et l'affaire de M. de Saint-Pons avec les récollets.

pièces, et plus persuasives, que la nouvelle de la On ne pouvoit nous envoyer de meilleures disgrace des parents et des amis de M. de Cambrai, et que celle qu'on reçut hier par un courrier extraordinaire, que le Roi lui avoit ôté la Je vous prie, en rendant à M. le cardinal de charge et la pension de précepteur. Cela seul Bouillon la lettre que je lui écris sur le mariage grand et réel; et ses partisans n'oseront plus pupourra convaincre cette cour que le mal est de mademoiselle de Château-Thierry avec M. le grand et réel; et ses partisans n'oseront plus puprince de Guimené, de le bien assurer de la sin-blier l'indifférence du roi pour la condamnation cère continuation de mes respects, malgré le ou justification du livre. quiétisme.

A Paris, le 23 juin 1698.

LETTRE CCLXXX.

DE M. DE NOAILLES, ARCHEVÊQUE DE PARIS,
A L'ABBÉ BOSSUET.

Sur les bons effets de sa Réponse à M. de Cambrai; la Re-
lation de M. de Meaux, et l'ouvrage de M. de Chartres.

Vous n'aurez qu'un mot de moi aujourd'hui,
monsieur, car je viens de faire une course de
visites. J'en arrivai hier au soir, et n'ai pu écrire
que dans ce moment où le courrier va partir.

J'ai reçu votre lettre du 3; j'y vois la conti

Mercredi dernier, Granelli et Massoulié votèrent devant les cardinaux. Jeudi, les six examinateurs qui avoient voté parlèrent devant le Pape sur la seconde proposition. Hier lundi, le carme, le maître du sacré palais et le sacriste votèrent devant les cardinaux. Le dernier parla près de deux heures: ils ne font que répéter ce qu'ils avoient dit dans les premières congrégations, tenues en présence des cardinaux Noris et Ferrari. On n'a encore rien réglé sur les instances qu'on a faites pour prendre des moyens sûrs d'abréger. Si on continue sur ce pied, nous ne sommes pas au bout.

Le sacriste a assemblé chez lui ceux de son parti, et leur a dit qu'il ne falloit s'attacher qu'à cette seule chose, qui est que l'amour pur ren

Rome, ce 24 juin 1698,

ferme virtuellement l'exercice de l'espérance: voyez qu'on apporte à Rome toutes les contespar-là ils abandonnent toutes les solutions de tations de France. Ne pourroit-on pas condaml'auteur. Le sacriste fait parade d'une éruditionner ces livres sur les lieux? Je suis avec un probatavique; beaucoup de citations qui ne font fond respect, etc. rien à la question: sa manière de parler et son assurance sont néanmoins capables d'en imposer aux ignorants. Demain, Chieti parlera, et sera court; car il est levis armaturæ. Le Pape est si mécontent de lui, qu'il est résolu de le renvoyer dans son diocèse. On croit qu'il n'est pas trop content du sacriste, l'ayant refusé pour examinateur à l'abbé de Montgaillard, qui l'a

voit demandé.

Je vis hier une personne en qui le Pape prend confiance, et, qui doit lui proposer les moyens d'abréger. Il lui a fait connoître la cabale: mais sa facilité et son incertitude font qu'il ne peut prendre de fortes résolutions. Sur ce que le Pape lui dit qu'on ne cessoit d'écrire, il lui représenta qu'il avoit été nécessaire que vous écrivissiez, pour éclaircir la vérité et empêcher

le cours de l'erreur.

LETTRE CCLXXXII.

DE L'ABBÉ BOssuet a son oNCLE.

Sur le projet qu'il avoit proposé pour abréger les discussions, et l'expédient présenté par le cardinal Noris, sur un conseil secret qu'on desiroit faire établir par le Pape; et les sentiments du Saint-Père touchant les écrits publiés par les trois évèques.

neur de m'écrire de Meaux, du 2 de ce mois. J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honment arrivé dans la maison des princes; et par J'ai su par M. l'archevêque de Paris le changement arrivé dans la maison des princes; et par ordinaire, qui a apporté le paquet de M. le les lettres du 9, venues par un courrier extraM. de Chanterac a distribué ces jours-ci deux étoit ôtée à M. de Cambrai, et sa place de précardinal de Bouillon, j'ai appris que la pension lettres imprimées à Liége, avec la permission d'Eyben, censeur des livres. La première est cepteur remplie par M. l'abbé Fleury. Vous intitulée Autre lettre d'un théologien de Lousavez ce que je vous mandois sur tout cela par vain à un docteur de Sorbonne, au sujet de mes précédentes. Le roi est sage, et d'une mol'addition de M. de Paris à son Instruction dération qui m'a fait tout comprendre ; mais il pastorale. La seconde est intitulée Lettre d'un n'y avoit plus moyen de soutenir le parti qu'on ecclésiastique de Flandre à un de ses amis de sembloit avoir pris d'attendre ce qui viendroit ecclésiastique de Flandre à un de ses amis de de cette cour-ci, après les expériences qu'on a Paris, où l'on démontre l'injustice des accusa-faites. La mortification et l'abattement du cartions que fait M. l'évêque de Meaux contre M. l'archevêque de Cambrai, dans son livre qui à pour titre : DIVERS ÉCRITS. L'une et l'autre porte sa réfutation avec elle: ce sont des solutions contraires à celles de l'archevêque. La première est courte, la seconde contient cent soixante-trois pages.

On a nommé des examinateurs pour le livre de M. de Saint-Pons. L'abbé de Montgaillard a obtenu l'exclusion de Damascène, et a fait prier Cambolas de s'exclure lui-même sur des procès entre la famille de ce père et la sienne. Le gé néral de la Minerve, qui avoit accepté, a refusé: on croit que c'est l'effet d'un voyage à sa maison de campagne avec Cambolas, M. le cardinal de Bouillon et Charonnier. Le Pape a nommé en leurs places Miro, Latenal et le commissaire du saint-office, avec les pères Bianchi, jacobin, et

Borelli.

M. de Saint-Pons a fait accuser à l'index un livre d'un récollet, imprimé à Narbonne, où l'auteur soutient que le corps et le sang de la Vierge sont dans l'eucharistie en propre espèce et substantiellement; et qu'll les y faut adorer comme le corps et le sang de Jésus-Christ. Vous

dinal de Bouillon sont extrêmes. Les jésuites cardinal veut faire croire tout ce qui n'est pas. ont pris leur parti, et ne démordront pas le Le projet que j'ai proposé au cardinal Spada **, pour abréger le rapport des qualificateurs, qui cause toute la longueur, n'a pas encore été accepté. Le lendemain de la proposition que j'en fis, je l'envoyai par écrit à ce cardinal, qui le tion des cardinaux. J'en ai donné copie au carporta au Pape : on en doit parler à la congrégadinal Casanate: j'en ai parlé hier au cardinal de Bouillon, qui m'a paru ne le pas désapprouver. On en avoit proposé un, ces jours passés, qui ne fut pas approuvé de la congrégation: c'étoit de faire parler un des examinateurs de chaque côté pour cinq, et qu'ils convinssent d'un seul vou de chaque côté; mais cela n'a pas paru à propos, pour ne pas donner lieu de croire au public qu'on supposât des partis formés, et la

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