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OEUVRES

COMPLÈTES

DE BOSSUET.

TOME XII.

IMPRIMERIE D'ADOLPHE ÉVERAT ET CS, Rue du Cadran, no 16.

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STADT

BIBLIOTHEK IN ZURICH.

LETTRES

SUR

L'AFFAIRE DU QUIÉTISME.

L'écrit suivant, que Bossuet composa dans le cours de la contestation sur le quiétisme, étant très propre à don

ner d'abord une idée générale de l'affaire, et à rendre aussi plus utile la lecture des lettres qui la concernent, nous nous sommes déterminés à le placer en tête, en

forme d'avertissement. Il fut envoyé à Rome en 1697.

DE QUIETISMO IN GALLIIS REFUTATO.

De his quæ à me per totum ferè quinquennium in refutando apud nos quietismo gesta sint, multa sparguntur in vulgus ; et ea quidem ab adversariis, non studio veritatis, sed aulicis artibus tribui multi me monent: his aulam, his urbem, his provincias, his Romam ipsam caput orbis oppleri rumoribus : et hic quidem, ubi res notæ sint, liquidò confutari; Romanis autem longè positis faciliùs obrepi: periculumque esse ne ea quæ in meum nomen centum occultis divulgentur oribus, in causam transferantur : his occurri posse simplici narratione rerum ; ac si conticescam, non jam modestiæ, sed inertiæ imputandum. Hæc igitur summa gestorum est.

DE LA RÉFUTATION DU QUIÉTISME EN FRANCE. On répand dans le public bien des discours sur ce que j'ai fait pendant l'espace de près de cinq années pour combattre le quiétisme; et beaucoup de personnes m'avertissent que mes adversaires attribuent mes efforts, non au zèle pour la vérité, mais à une politique toute mondaine. La cour, ajoute-t-on, la ville, les provinces, Rome même, la capitale de l'univers, sont remplies de tous ces bruits, qui se détruisent d'eux-mêmes ici, où les choses sont connues; mais que les Romains, dans un si grand éloignement, écouteroient avec plus de facilité : en sorte qu'il est à craindre que les mauvais propos, que cent bouches débitent en secret contre moi, ne retombent sur la cause que je soutiens. Or, observe-t-on, un simple exposé des faits suffit pour prévenir les suites de ces complots; et si je me taisois, on imputeroit avec raison mon silence, non à modestie, mais à une lâche insensibilité. Voici donc en abrégé le récit de ce qui s'est passé.

12.

Quinque ferè anni sunt, ex quo vir illustrissimus, summâque dignitate præditus, à Meldensi episcopo postulabat ut Guyoniæ libros, doctrinam, totumque, ut vocant, orandi ac supplicandi genus examinare vellet : id illam flagitare, atque omnino in ejus antistitis potestate se futuram polliceri. Recusare Meldensis: ille urgere, ac pro amicitiæ jure reposcere ut rem aggrederetur; Deo id gratum futurum; pertinere denique ad obsequium veritatis, nec integrum episcopo suum officium denegare, cùm ei ultro omnia deferrentur.

His victus episcopus dat manus: afferuntur cum aliquot libellis editis manuscripti, grandes feminæ commentarii in Scripturas, ingens quoque scriptum de vitâ suâ, quod jussu directoris elaboratum videbatur. Hæc omnia gesta esse auctore Fenelono, jam tum principum studiis præposito, et ipse fatebatur. Viri amicissimi

Il y a près de cinq ans qu'un homme très illustre*, décoré d'une grande dignité, pria l'évêque de Meaux d'examiner les livres de la dame Guyon, sa doctrine, et toute sa manière, comme l'on dit, de faire l'oraison. Il ajouta que cette dame le demandoit elle-même, et promettoit de s'abandonner entièrement à la disposition de cet évêque. Le prélat refusant, ce seigneur le pressa de consentir, et le sollicita par tous les droits de l'amitié d'entreprendre cet examen. Il ajoutoit, pour l'y déterminer, que ce travail seroit agréable à Dieu; qu'enfin c'étoit un service qu'il devoit à la vérité, et qu'un évêque n'étoit pas maître de dénier son ministère, lorsque de plein gré tout étoit soumis à son jugement.

L'évêque de Meaux, déterminé par ces considérations, se rendit à ce qu'on desiroit de lui. On lul apporta, en conséquence, avec quelques livres imprimés, plusieurs manuscrits, de longs commentaires de la dame Guyon sur l'Écriture, un grand ouvrage concernant sa vie, qui paroissoit avoir été com posé par l'ordre de son directeur **. C'étoit l'abbé de Fénelon, dès-lors instituteur des princes, qui portoit à toutes ces démarches, et il l'avouoit lui-même. Le prélat, excité par les

Le duc de Chevreuse. Le P. La Combe.

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