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XXVIII. JOUR DE MAR S.

SAINT PRISQUE,

S. MALCH ET S. ALEXANDRE,
MARTYRS A CÉSARÉE EN PALESTINE.
Voyez Eufebe, Hift. 1. 7. c. 12. p. 262.
L'AN 260.

CES trois illuftres Chrétiens menoient une vie ➡➡
fainte & retirée à la campagne, près de Céfarée MARS 28.
en Palestine. Le feu de la perfécution s'étant allu-
mé fous Valérien, ils penfoient fouvent aux glo-
rieux triomphes des Martyrs, & s'accufoient fe-
crétement de lâcheté, de ce que femblables à
des foldats fans cœur, ils n'avoient pas la force
de fuivre leurs compagnons au combat. « Quoi!
»fe difoient-ils l'un à l'autre, différerons-nous tou-
»jours d'entrer par la porte du ciel qui nous eft
» ouverte ? Serons-nous affez lâches que de refu
» fer de fouffrir pour le nom de Jefus - Chrift
» qui a fauvé nos ames par l'effufion de fon fang?
» Nos freres nous invitent à marcher fur leurs
> traces; nous entendons intérieurement la voix.
» de leur fang qui nous appelle au combat, ou
» plutôt à la victoire. Il eft temps de nous rendre ».

Pleins de la noble ardeur dont ils étoient tranfportés, ils vont à Céfarée par une infpiration particuliere de Dieu, fe préfentent d'eux-mêmes au Gouverneur, & lui déclarent qu'ils font Chrétiens. Cette généreufe démarche, qui frappa tout le monde d'admiration, fit entrer le Juge en fureur. Il donna des ordres pour qu'on

-

appliquât les Martyrs à divers genres de tortures; MARS 28. après quoi il les condamna à être dévorés par les bêtes. Ces trois Saints font nommés en ce jour dans le Martyrologe Romain.

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Si Dieu n'exige pas que nous lui faffions le facrifice de notre vie, il exige du moins que nous tendions à la perfection de notre état. Mais en vain aurions-nous le défir de la perfection, fi nous n'avions foin de le nourrir & de le fortifier continuellement. C'eft de ce foin que dépendent tous nos progrès dans les voies du falut. C'est-là comme la pierre de touche avec laquelle on diftingue le difciple fervent du difciple tiede. Que de Chrétiens s'abufent fur cet article important! Comment les croirions-nous zélés pour la perfection de leur état, tandis qu'ils font froids dans la priere, dominés par l'amour propre, livrés à leurs penchants, amateurs de la diffipation & de tout ce qui les empêche d'être des hommes vraiment fpirituels? On trouve fans doute des difficultés dans l'exercice de la priere & dans la pratique de la mortification. Mais, felon la remarque de fainte Thérefe, ces difficultés font plus d'à demivaincues, quand on eft déterminé à ne fe point laiffer déconcerter par les obftacles. Le courage & la patience ne manquent jamais de couronner dans les Saints, ce qu'une généreufe résolution y avoit commencé.

MARS 28.

LE MÊME JOUR.

SAINT SIXTE ou XIXTE III,

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SIXTE étoit Prêtre de l'Eglife Romaine, lorsque le Pape Zozime condamna, en 418, les erreurs, des Pélagiens. Ces Hérétiques ayant publié fauffement en Afrique que Sixte étoit pour eux, le Saint fut le premier qui leur dit publiquement anathême, après la fentence que le Souverain. Pontife eut rendue contre eux. La même année, faint Auguftin lui écrivit deux lettres pour le féliciter de fon zele à défendre la doctrine catholique. Il loue dans la premiere le Traité que Sixte avoit compofé en faveur de la grace de Jesus-Chrift attaquée par les Pélagiens (a).

Sixte fuccéda au Pape faint Célestin en 432. A peine fut-il placé fur la Chaire de faint Pierre, qu'il écrivit à Neftorius, pour l'engager à recevoir les décifions du Concile d'Ephese qui avoit condamné fes erreurs l'année précédente. Mais cet Héréfiarque ne voulut jamais fe foumettre. Sixte eut la confolation de réconcilier les Orientaux & faint Cyrille. Il donna de grandes louanges à l'humilité & aux difpofitions pacifiques du Patriarche d'Alexandrie. La primauté du Pape eft clairement établie dans fes lettres aux Évêques d'Orient. Il y eft dit que le fouverain Pontife eft

(a) Le P. Garnier, trompé | lument deftituée de preuves. Si par les calomnies des Pélagiens, le changement dont il eft ici a cru que faint Sixte avoit d'a- queftion eût été réel, doit - on bord favorisé ces Hérétiques, préfumer que l'Histoire l'eût mais qu'il changea depuis de fen- paffé fous filence. timent. Cette opinion eft abfol

MARS 28.

chargé du foin de toutes les Eglifes du monde (1), & que l'on ne peut fans crime abandonner la Foi de l'Eglife Apoftolique & Romaine, où S. Pierre ne ceffe d'enfeigner par fes fucceffeurs ce qu'il avoit appris de Jesus-Christ (2).

Baffus, d'une des meilleures maisons de Rome, ofa noircir la réputation du Saint par une horrible calomnie. Cette affaire ayant été examinée, le coupable fut condamné par l'Empereur, & privé de la Communion par une affemblée d'Évêques. Sixte, à l'exemple du Sauveur, pardonna à fon ennemi. Il le vifita en perfonne, & lui fournit tous les fecours dont il avoit befoin. Il lui adminiftra lui-même le faint Viatique dans fa derniere maladie, & prit foin de fa fépulture.

Julien d'Éclane, fameux Pélagien, mettant tout en œuvre pour être rétabli fur fon Siége, & pour rentrer dans la communion de l'Eglife, employoit mille artifices pour faire croire qu'il étoit converti; mais le faint Pontife ne donna point dans le piége. Il réfufa conftamment à Julien une grace qu'il ne méritoit point. Saint Sixte mourut le 28 Mars 440, après avoir fiégé près de huit ans.

Voyez les Lettres du Saint, le Pontifical d'Anaftafe, avec les notes de Bianchini, &c.

SAINT GONTRAN,

ROI DE BOURGOGNE.

+593

GONTRA
CONTRAN, né l'an 525, étoit fils de Clo-
taire I, & petit-fils de Clovis I & de fainte Clo-

(1) Ep. 1. ad Epifc. Orient.

P. 1236. Ep. Decret. T. 1.

(2) Ep. 6. ad Joan. Antioch.

contra Nefter.

tilde. Il fut couronné en 561, Roi d'Orléans & de Bourgogne. Si par une fuite de la barbarie de MARS 28. ces temps groffiers, il commit quelques crimes, il les effaça depuis par les larmes d'une fincere pénitence. Il fut obligé de prendre les armes contre fes deux freres (a), & contre les Lombards. L'ufage qu'il fit des victoires remportées par fes troupes que commandoit le brave Mommol, prouva qu'il n'avoit que des inclinations pacifiques. Après la mort de fes freres, il fe déclara ouvertement le protecteur de leurs enfants qui furent expofés plus d'une fois au danger de perdre la vie. Toute fon ambition fe bornoit à rendre fes fujets heureux; & c'étoit pour cela qu'il puifoit dans la Religion les vrais principes du gouvernement. Il étoit bien éloigné de penser comme ces hommes profanes, qui s'imaginent que les loix de la politique ne peuvent s'allier avec les maximes de l'Evangile il penfoit au contraire qu'un Etat n'eft jamais plus floriffant, que quand la Religion eft le mobile de la conduite de ceux qui gouvernent. Auffi fon regne fut-il accompagné d'une profpérité conftante dans la paix & dans la guerre.

Le vertueux Prince eut toujours beaucoup de vénération pour les Evêques, qu'il regardoit comme fes peres, qu'il honoroit & confultoit comme fes maîtres. Il fonda avec une magnificence vraiment royale un grand nombre d'Eglifes & de Monafteres. Son immenfe charité pour les malheureux éclata fur tout dans un temps de pefte & de famine. Non content d'avoir donné les ordres les plus précis pour que les malades ne manquaffent de rien, il tâchoit par fes prieres

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(4) Charibert, Roi de Paris, & Sigebert, Roi d'Auftrafie,

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