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& fes jeûnes de fléchir la colere célefte. Nuit & MARS 28. jour il s'offroit à Dieu comme une victime prête à recevoir les coups de fa juftice, afin d'obtenir la ceffation d'un fléau qu'il jugeoit être le châtiment de ses péchés.

Son amour pour la juftice le portoit à punir le crime avec févérité, fur - tout dans fes Officiers. Il fit de fages réglements pour réprimer la licence effrénée des gens de guerre. On ne peut dire avec quelle facilité il pardonnoit les injures qui lui étoient perfonnelles. Deux affaffins fubornés par Frédégonde, ayant voulu lui ôter la vie, il fe contenta d'en emprifonner un; il épargna l'autre parce qu'il s'étoit réfugié dans l'Eglife. Ce bon Prince mourut le 28 Mars 593, dans la foixantehuitieme année de fon âge, & la trente-deuxieme de fon regne. Il fut enterré dans l'Eglife de faint Marcel, qu'il avoit fondée à Châlons-fur-Saone. Saint Grégoire de Tours dit qu'il fut témoin oculaire de plufieurs miracles opérés par l'interceffion du faint Roi. Les Calviniftes profanerent fes facrés offements dans le feizieme fiecle; il ne refte plus que fon crâne, qui eft renfermé dans une châffe d'argent. Saint Gontran eft nommé dans le Martyrologe Romain.

Voyez faint Grégoire de Tours, Frédégaire & Baillet.

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S. JONAS, S. BARACHISE,
OU BRICHIESUS,

ET LEURS COMPAGNONS, MARTYRS.
Tiré de leurs Actes finceres, écrits en Chaldaïque,
& publiés en original par M. Etienne Affé-
mani, Act. Martyr. Orient. T. 1. p. 211. Ces
Actes font l'Ouvrage d'un témoin oculaire
nommé faïe, qui étoit d'une famille confidé-
rable d'Arménie, & qui fervoit en qualité d'Offi-
cier dans les troupes du Roi Sapor. Métaphrafte
a donné auffi les Actes de nos faints Martyrs;
mais il s'y trouve beaucoup d'interpolations.

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L s'éleva une cruelle perfécution contre les Chrétiens de Perfe, dans la dix-huitieme année MARS 29. du regne de Sapor (a). Ce n'étoit par-tout que ruiffeaux de fang, que ruines d'Eglifes & de Monafteres. Jonas & Barachife, tous deux freres, de la ville de Beth-Afa, ayant appris que plufieurs Fideles devoient être exécutés à Hubaham, y coururent auffi- tôt dans le deffein de les fervir & de les encourager. Neuf d'entre eux reçurent la couronne du martyre (b).

(4) Ruinart & Tillemont prétendent que Sapor ne perfécuta point les Chrétiens avant la quarantieme année de fon regne. Mais M. Affémani prouve, Præf. gen.& Append. p. 214. par les Ac-1

tes de nos faints Martyrs & par
d'autres monuments, qu'il y eut
une perfécution dans la dix-hui-
tieme année du regne de ce
Prince.

(b) Leurs noms étoient Zébi

Immédiatement après l'exécution de ces neuf MARS 29. Chrétiens, Jonas & Barachise, qui les avoient exhortés à mourir plutôt que de renoncer à leur Foi, furent arrêtés & conduits devant le Juge. Celui-ci leur fit les plus vives inftances pour les porter à obéir au Roi des Rois, c'eft-à-dire au Roi de Perfe, & à adorer le foleil, la lune, le feu & l'eau. « Il eft plus jufte, répondirent » les Saints, d'obéir au Roi immortel du ciel & » de la terre, qu'à un Prince fujet à la mort ». Les Mages, irrités d'entendre donner à leur Roi le titre de mortel, furent d'avis qu'on féparât les deux Confeffeurs. Ils firent donc renfermer Barachise dans une prifon étroite & obfcure. Pour Jonas, ils le retinrent avec eux, dans l'espérance qu'ils lui perfuaderoient enfin de facrifier. Mais tous leurs efforts furent inutiles. Alors le Prince des Mages ordonna qu'on couchât le Martyr fur le ventre, qu'on lui mît un pieu fur le nombril, & qu'on le frappât rudement avec des verges & des bâtons pleins de nœuds; ce qui fut exécuté fur le champ. Jonas ne ceffa de prier pendant tout le temps de fon fupplice. « Dieu de »notre pere Abraham, s'écrioit-il, je vous rends » graces; faites, je vous en conjure, que je puiffe » vous offrir un holocaufte agréable à vos yeux. » Je n'ai demandé qu'une chofe au Seigneur, je » la rechercherai uniquement (1). Je renonce au » culte du foleil, de la lune, du feu & de l'eau. » Je crois au Pere, au Fils, au Saint Efprit, & »ne reconnois point d'autre Divinité ». On le jetta enfuite dans un étang glacé, après lui avoir attaché une corde au pied.

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nas, Lazare, Maruthas, Narsès, | Scembaïtas.
Elie, Maharès, Habibus, Sabas, I (1) Pf. XXVI. i

Barachise ayant été conduit fur le foir devant les Mages, on lui dit que fon frere avoit facrifié. MARS 29. « Il n'en eft rien, répondit-il; je le connois trop » pour le juger capable de rendre les honneurs

divins à de viles créatures », Il s'étendit enfuite fur la puiffance infinie du vrai Dieu, & la peignit avec tant de force & d'éloquence, que les Mages eux-mêmes en furent étonnés. «< Ne per» mettons pas, fe difoient-ils l'un à l'autre, qu'il » parle en public. Il feroit à craindre que ces » difcours ne gagnaffent ceux de notre Religion ». Il fut donc réfolu entr'eux que Barachise ne feroit plus interrogé que la nuit. Ils ordonnerent en même temps qu'on lui appliquât fur chaque bras des lames de fer toutes rouges. «Par la fortune du » Roi, lui dirent-ils, fi vous faites tomber une » de ces lames, vous renoncez à la Foi des Chré» tiens. Je ne crains point votre feu, répliqua » tranquillement le Martyr; je ne fecouerai point » les inftruments de mon fupplice. Je vous prie » feulement de me faire fouffrir fans délai toutes » les tortures que vous me préparez. On eft plein » de courage, quand on combat pour Dieu ». Cette conftance irrita les Mages de plus en plus. Ils ordonnerent aux bourreaux de verfer du plomb fondu dans les narines & dans les yeux du Saint. On le ramena enfuite en prison, où il fut pendu par un pied.

Le lendemain, on tira Jonas de l'étang. Lorfqu'il fut devant les Mages, ils lui dirent : « Com» ment vous trouvez-vous ? Sans doute que la nuit » derniere vous a été très-douloureufe. Non » répondit Jonas; depuis que je fuis au monde, » je n'ai jamais goûté de délices auffi pures que » cette nuit. Le fouvenir des fouffrances de Jefus-Chrift a été pour moi une fource de confo

29.

»lation ineffable. LES MAGES. Votre compagnon MARS » a renoncé. JONAS. Oui, je fais qu'il a renoncé » depuis long-temps au Démon & à fes Anges. » LES MAGES. Prenez garde de périr. JONAS. Si » vous êtes fages, comme vous vous en flattez, » dites-moi s'il ne vaut pas mieux femer le » bled, que de le laiffer en tas dans un grenier, » fous prétexte de le préferver des pluies & des » orages. Or cette vie eft comme une femence » que l'on jette fur la terre: elle produira dans » le monde à venir, où Jefus-Chrift la renou» vellera dans une gloire immortelle. LES MAGES. » Vos Livres ont trompé bien du monde. JONAS. » Il eft vrai qu'ils ont détaché un grand nombre » de perfonnes des plaifirs terreftres. » Lorfqu'un Chrétien au milieu des fouffrances » brûle du feu de cet amour puisé dans le fou

venir de la Paffion de fon Sauveur, il oublie » les richeffes, les honneurs & tous les biens de » cette vie paffagere. Il ne foupire qu'après la » vue du véritable Roi, dont l'empire est éternel » & dont la puiffance embraffe tous les fiecles ».

Lorfque le Martyr eut ceffé de parler, on lui coupa les doigts des mains & des pieds, auffi bien que la langue; on lui arracha encore la peau de la tête, après quoi on le mit dans un vase rempli de poix bouillante. Mais la poix s'échappa tout-à-coup du vafe, fans avoir endommagé le ferviteur de Dieu. On l'étendit enfuite fous une preffe de bois, où on le ferra avec la derniere barbarie. Enfin fon corps fut fcié par morceaux & jetté dans une citerne defféchée que l'on fit garder, de peur que les Chrétiens n'enlevaffent les Reliques du Saint.

Les Juges reprirent Barachife, & l'exhorterent à avoir pitié de fon corps. Sa réponse fut que

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